Terre 41120877
Également violemment expulsé de la Terre 1960, Jeremiah fut néanmoins celui qui se rétablit le mieux grâce à sa télékinésie. Bien qu’il fut rapide, il vit, impuissant, la brèche dimensionnelle qui l’avait amené ici se refermer. Il prit alors connaissance de la planète où il avait atterri. Il lévitait au-dessus d’une forêt verdoyante et le ciel était pur. A la recherche d’une quelconque trace de civilisation, tout ce qu’il vit fut colonne de fumée non loin de là. Le vampire s’y rendit et découvrit les ruines fumantes de ce qui était il y a encore peu une bâtisse médiévale en brique avec un toit de chaume. Jeremiah posa le pied à terre et s’avança vers les ruines pour s’enquérir d’éventuelles victimes et peut-être glaner quelques informations sur la dimension dans laquelle il se trouvait.
Comme il s’y attendait, il découvrit que le feu avait fait des victimes. Il trouva les restes d’un homme et de ce qui semblait être un chat. En voyant le chaudron dans l’âtre, Jeremiah se demanda s’ils ne s’étaient pas fait surprendre par un feu accidentel provoqué par une braise qui aurait bondi sur une matière inflammable. Quoi qu’il en soit, cela n’allait pas lui servir à grand chose. Hormis les deux cadavres et le chaudron, rien n’avait résisté au feu et le vampire n’en apprit donc pas plus sur cette dimension. Il sortit de la maison. C’est alors qu’il fut confronté à une vision peu ordinaire. Il était encerclé par une centaine de minuscules créatures d’une quinzaine de centimètres de haut. Elles avaient la peau bleue et n’étaient habillées que d’un pantalon et d’un bonnet phrygien tous deux blancs.
« - Bonjour ... ? » fit Jeremiah, la surprise passée.
« - Tu m’étonnes que c’est un bon jour ! On a enfin fait brûler ces deux saloperies ! » répliqua l’une des créatures qui avait un air renfrogné.
« - Grognon ! Ce n’est pas à toi de parler à cet inconnu ! » le rappela à l’ordre une autre de ces créatures.
C’est alors que la foule de ces créatures s’écarta pour laisser passer l’un d’entre eux. Du premier coup d’œil il était différent des autres. Bien sûr il portait une barbe mais il était également habillé de rouge.
« - Qu’est-ce qu’un géant vient schtroumpfer ici ? » dit-il sans autre forme de politesse.
« - Schtroumpfer ? » répéta Jeremiah, ne comprenant pas ce terme.
« - L’intellect des géants a l’air d’être schtroumpfement peu développé, vénérable Grand Schtroumpf » vint lui dire l’une des créatures portant des lunettes.
« - Tu as schtroumpfement raison, Schtroumpf à lunettes ! Schtroumpfons-le hors de notre contrée ou faisons le schtroumpfer comme Gargamel ! » déclara alors le Grand Schtroumpf.
« - SUPER ! » déclara alors la première de ces créatures à avoir pris la parole.
Jeremiah eut tout juste le temps de comprendre ce qui se passait que ce dernier schtroumpf bondit jusqu’à son visage et lui porta un puissant uppercut qui fit reculer Jeremiah de quelques pas ; alors qu’il chutait vers le sol, le schtroumpf grognon retomba de tout son poids sur l’un des pieds de Jeremiah pour le blesser. L’effet escompté réussit et le vampire souleva son pied de douleur. C’est alors que tous les autres schtroumpfs vinrent harceler son autre pied avec des piques d’une trentaine de centimètres. Ainsi blessé aux deux pieds, Jeremiah tomba à la renverse dans les ruines de la maison. Il croisa alors le regard vide du cadavre humain. Manifestement, c’était ces petites saloperies qui avaient incendié la maison avec ses occupants à l’intérieur. Il était hors de question qu’il subisse le même sort. Alors qu’il sentait plusieurs de ces créatures lui monter dessus, Jeremiah provoqua une vague télékinésique qui repoussa la moindre de ces créatures à plusieurs mètres de lui. Il se redressa sans mal et fit face à la horde de schtroumpfs. Il vit alors plusieurs d’entre eux sortir des bois brandissant des torches.
« - QU’ON AMÈNE LE CANON A SCHTROUMPF ! » cria alors le Schtroumpf à lunettes.
« - CELA SUFFIT ! » répondit Jeremiah.
« - Je ne sais quelle folie s’est emparée de cette dimension mais je ne me laisserai pas tuer ainsi ! » ajouta-t-il.
« - ON NE T’AS PAS DEMANDÉ TON SCHTROUMPF D’AVIS ! » répliqua le schtroumpf grognon en bondissant à nouveau vers son visage.
Mais cette fois Jeremiah ne fut pas pris par surprise. Il l’immobilisa par sa télékinésie, le suspendant en l’air, avant de le repousser avec une poussée télékinésique incroyablement violente. Le schtroumpf grognon éclata contre un tronc d’arbre. Sans attendre que ces schtroumpfs ne réagissent, Jeremiah s’entoura d’un tourbillon de particules givrantes qu’il agrandit rapidement pour frapper la horde de ces lilliputiens. Le paysage devint rapidement blanc et les ruines de la maison cessèrent de fumer. Son micro cataclysme climatique achevé, le vampire eut la stupeur de voir que seule une partie de la horde avait été congelée sur place. L’autre avait été protégée derrière un bouclier magique érigé par le Grand Schtroumpf.
« - Sais-tu pourquoi mes petits schtroumpfs m’appellent Grand Schtroumpf ? » demanda l’ancien.
« - C’est parce que je suis le seul à avoir la schtroumpfité de prendre la taille des géants de ton schtroumpf ! »
A ces mots le Grand Schtroumpf grandit à vue d’œil jusqu’à dépasser la taille de Jeremiah d’une bonne dizaine de centimètres.
« - On va voir si tu vas continuer à faire ton schtroumpf maintenant ! »
« - Tu viens de condamner ton peuple à la noyade ! » répondit sobrement Jeremiah.
Profitant que le Grand Schtroumpf ne comprenait pas ce qu’il venait de lui dire, Jeremiah se saisit de lui, le fit pivoter de 180° et l’égorgea d’une lame de glace créée à l’instant. Le sang que déversa le Grand Schtroumpf se répandit sur le sol tel un torrent bleu qui emporta les ultimes schtroumpfs lorsque le cadavre du Grand Schtroumpf tomba face contre terre.
Alors que les schtroumpfs tentaient d’échapper à la noyade dans le sang de leur chef, Jeremiah perçut le son d’un grand bris de verre. Il leva la tête et vit une anomalie dans le ciel. Sans hésiter il s’éleva et partit la rejoindre.
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Terre 35798
Durant d’interminables minutes, Sandora eut l’impression d’être ballotée comme un fétu de paille. Lorsque ce fut enfin fini, la jeune femme rouvrit les yeux et tout ce qu’elle vit fut du noir, un noir profond, abyssal. Non. Même dans les abysses elle avait la capacité de voir ce qu’il s’y passait de part sa nature de sirène. Là où elle se trouvait aujourd’hui était bien plus sombre que toute abysse qu’elle ait pu connaître. Sans aucun repère visuel et avec un corps meurtri à de multiples endroits, Sandora se releva avec la plus grande des difficultés.
« - Pourquoi te relèves-tu ? » lui demanda alors une voix inconnue.
« - Qui est là ? » demanda Sandora.
Mais personne ne lui répondit. Le silence absolu régnait à nouveau là où elle se trouvait, si bien qu’elle se mit à douter même d’avoir entendu une voix. Elle avança alors d’un pas. Puis d’un autre. Elle avançait à tâtons en plaçant ses mains devant elle.
« - Mais où va-t-elle ? » demanda alors une nouvelle voix.
Sandora s’immobilisa.
« - Où vas-tu ? »
« - Bonjour ! Excusez ma présence mais où suis-je ? »
« - Oui, excuses-toi ! »
« - Elle a raison de s’excuser, après tout elle a échoué hier ».
« - Elle échoue aujourd’hui ».
« - Mais surtout elle échouera demain ! »
« - Arrêtez ce petit jeu ! Vous ne savez rien de moi ! » répliqua Sandora.
« - Nous savons tout de toi petit poisson ».
« - Nous savons que tu as échoué à t’intégrer aux tiens ».
« - Ainsi qu’aux humains ! »
« - Sans oublier les Strikers ! »
« - Et tes nouveaux amis ! »
« - C’est FAUX ! » répondit Sandora.
« - En quoi est-ce faux ? »
« - T’ont-ils acceptée parmi eux ? »
« - OUI ! J’aime l’un d’entre eux et lui aussi m’aime ! »
« - En es-tu sûre ? »
« - Où est-il s’il t’aime tant que ça ? »
« - Nous avons été séparés ! »
« - Mais à combien de temps cela remonte-t-il ? »
« - Il y a juste quelques minutes ! »
« - Oh ? C’est ce que tu crois ? »
« - Qu’elle est bête ! »
« - Elle ne se rend donc pas compte ? »
« - Comment le pourrait-elle ? »
« - ARRÊTEZ ! Si vous avez quelque chose à me dire, dites-le ! »
« - Une minute ? Une heure ? Un jour ? Une semaine ? Un mois ? Le temps n’a plus d’importance ici ! »
« - Seul compte ce que tu as fais, ce que tu es et ce que tu feras ».
« - Et l’on peut dire que tu as tout raté ! »
« - Tu ES une ratée ! »
« - Non, c’est faux ! Pourquoi me faites-vous cela ? »
« - Parce que tu es une égoïste ! »
« - Elle ramène encore tout à sa petite personne, pfff ! »
« - Tu fais partie d’un plan bien plus grand que ton petit être ! »
« - Tu vas échouer ! »
« A quoi vais-je échouer ? »
« - A quoi peux-tu bien échouer ? »
« - A quoi tiens-tu ? »
« - Frédéric ... » répondit Sandora, pensive.
« - Frédéric ... » répéta l’une des voix désincarnée.
« - Frédéric ? »
« - Frédéric Vaubois ! »
« - L’hôte actuel de Guerre ! »
« - Oui, Guerre ! »
« - Tu vas échouer ! »
« - Tu te crois assez forte ? »
« - Elle se croit assez forte pour retenir son amour face aux tempêtes de la guerre ? »
« - Quelle naïve ! »
« - Quelle idiote ! »
« - Tu n’es pas assez forte pour te protéger toi-même et tu penses pouvoir protéger ton amour de ce qu’il a au plus profond de lui ? »
« - Tu n’es pas assez forte ! »
« - Tu vas échouer ! »
« - Tu vas mourir ! »
« - Et la guerre se répandra à travers les dimensions ! »
C’est alors qu’un bris de glace se fit entendre. L’instant d’après de la lumière se répandit pour la première fois depuis des éons dans cette dimension, dissipant les ombres qui tournoyaient autour de Sandora. Comprenant qu’il s’agissait d’une porte de sortie de cet enfer, Sandora se mit à avancer vers la brèche dimensionnelle d’un pas mal assuré.
« - Où vas-tu ? » dit alors l’une des voix.
« - Reste avec nous ! »
« - Reste et tu ne verras pas ton échec ! »
« - C’EST EN RESTANT ICI QUE J’ÉCHOUERAIS !! » cria Sandora avant de franchir la brèche.
La brèche franchie, elle disparut, replongeant cette dimension dans les ténèbres.
« - Elle a réussi là où nous avons échoué » dit l’une des voix.
« - Elle a plus de volonté ».
« - Mais elle est plus faible ! »
« - Et elle échouera quand même ! »
« - Alors elle reviendra vers nous ! »
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Terre 1960 - Océan Atlantique
Tandis que le ciel nuageux était éclairé par intermittence par d’étranges explosions lointaines, l’océan sous la cité de Columbia se mit comme à bouillir. De multiples bulles d’oxygène agitèrent la surface de l’océan durant plusieurs secondes. Surgirent alors des profondeurs de gigantesques sphères métalliques, des bathysphères. A peine la première d’entre elles fut-elle stabilisée que la porte sauta de ses gonds. C’était là l’œuvre de son occupant, un gigantesque apollon grec à la peau dorée. Il se dressa de tout son haut et prit une grande bouffée d’air en fermant les yeux. La créature qu’était devenue Atlas semblait apprécier cet air pur et ne sentant pas le refermé. Après quelques secondes, il rouvrit les yeux et vit le spectacle au-dessus de sa tête tandis que les portes des autres bathysphères autour de lui s’ouvraient à leur tour. C’est alors qu’une barge de Columbia en perdition chuta du ciel et vint amerrir en catastrophe non loin des bathysphères de Rapture. Même si le choc avait été violent, parmi les occupants de la barge, des fondateurs, certains se relevèrent doucement. C’est alors qu’une dizaine de silhouettes bondirent des bathysphères jusqu’à la barge. Celles-ci, des chrosômes plafonniers, écharpèrent les fondateurs survivants sans aucune once de pitié ; le massacre fini, les chrosômes s’immobilisèrent, attendant les ordres de leur maître.
« - Une nouvelle chance s’offre à nous ! Au-dessus de nous, une nouvelle ville pleine de merveilles nous ouvre les bras. Allons nous en emparer ! »
A ces mots les chrosômes poussèrent des cris de joie et d’excitation.
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Columbia - Salle d’opérations
Tandis qu’il étranglait l’Elizabeth de Columbia à bout de bras, Wade ressentit une nouvelle fois une étrange sensation à son contact. Maintenant il en était sûr, quelque chose en elle interagissait avec quelque chose d’enfoui en lui. Quelque chose d’ancien, d’élémentaire mais et surtout caché aux tréfonds de son être bien plus profondément que là où se trouvait son hôte. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Wade se dit qu’il devrait le découvrir plus tard. Il rapprocha Elizabeth de son visage et fit disparaître ses globes oculaires.
« - Dis-moi où tu as envoyé mes compagnons où je te promets une mort aussi douloureuse qu’interminable ! » lui promit-il d’une voix sinistre.
Voyant qu’elle tentait de lui répondre mais qu’elle en était empêché par son étreinte trop puissante, Wade desserra quelque peu ses doigts pour lui permettre de parler.
« - Sssss ... Sale MONSTRE ! » dit-elle en lui plantant les doigts dans ses orbites.
Une fois ses doigts dans les orbites de Wade, Elizabeth tenta d’ouvrir une brèche dimensionnelle pour disperser le crâne de Wade aux quatre dimensions. Mais ce qui en résultat dépassa complètement les deux êtres et de loin. Wade se mit à hurler tandis que des fissures spatiales se répandaient à partir de son crâne et ce dans toute la pièce. Ses fissures finirent par faire éclater le tissu de la réalité en de multiples endroits, chacun donnant sur une dimension différente.
Tandis que Wade et l’Elizabeth de Columbia semblaient liés l’un à l’autre sans l’espoir de se séparer, l’Elizabeth de Rapture revint à elle. Elle se redressa et vit ce qui était en train de se passer.
« - Qu’as-tu fais Elizabeth ? » dit-elle en mettant sa main devant sa bouche, pétrifiée par la vision surnaturelle qu’elle avait sous les yeux.
Alors qu’elle ne savait comment réagir face à ces multiples singularités spatiales, une silhouette surgit de l’une d’elles. En un éclair elle trancha les poignets de l’Elizabeth de Columbia d’une lame scintillante. De nouvelles brèches apparurent. Parmi elles, on pouvait observer ce qui semblait être une banquise et dans une autre ce qui ressemblait aux Caraïbes. Mais avant que quiconque ne s’en aperçoive, une seconde silhouette, bien plus massive que la précédente, surgit d’une brèche où régnait la nuit. En un éclair elle porta un crochet si puissant au visage de l’Elizabeth de Columbia que sa mâchoire en fut arrachée. L’Elizabeth de Rapture n’eut pas le temps de s’en émouvoir que déjà une troisième silhouette surgit d’une brèche incandescente et incinéra les restes de l’Elizabeth de Columbia. Ceux qui venaient de la tuer n’étaient autre que Jeremiah, Miles et Frédéric.
Rapidement, les trois hommes furent rejoints par les derniers membres de leur groupe. Un vent glacial s’échappa par la brèche par laquelle Giaz arriva, transi de froid. Une grande quantité d’eau éclaboussa toute la salle lorsque Isaac arriva, détrempé. De son côté Cochran répandit du sable en arrivant. Quant à Sandora, elle s’évanouit dans les bras de Frédéric à peine la brèche franchie. Tous avaient réussi tant bien que mal à se retrouver dans cette pièce. Il ne restait plus que Wade à secourir, toujours figé et affichant une expression de douleur intense sur le visage tandis qu’il avait toujours les doigts d’Elizabeth plantés dans ses orbites. Jeremiah les en retira sans attendre. Il les congela et les brisa entre ses mains. A peine eut-il fait cela que le corps de Wade émit une déflagration d’énergie bleue. Cette vague d’énergie traversa tous ceux présents dans la pièce sans leur causer le moindre dommage. Elle disparut en s’engouffrant dans les différentes brèches ouvertes.
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A suivre dans le chapitre 282 - Shards of Dimensions, part 5 : Spread !
Dim 20 Déc - 12:08 par Shion