Terre 6354 - Siège de l’Unicorps - Centre commercial
Voyant Frédéric remettre sa rotule en place lui-même, la mime resta parfaitement impassible, ne laissant rien transparaître sur son visage. C’est alors qu’elle tendit son bras gauche vers Frédéric et le pointa de son index. En retour, Frédéric fut contraint de faire de même. Soudain, l’index de la mime se tordit sur lui-même avant que ses autres doigts ne fassent de même. Puis ce fut la main, le poignet et l’avant-bras jusqu’au coude. La torsion se poursuivit jusqu’à ce que les os de Frédéric se rompent. Ce dernier hurla et se tordit de douleur. Malgré la fulgurante douleur qui lui tiraillait tout le bras, Frédéric parvint à garder les yeux ouverts. Ses yeux se posèrent alors sur le cadavre de Lucas. Il comprenait ce qu’il avait bien pu ressentir avant qu’il ne succombe. Cela alimenta encore un peu plus sa colère. S’en servant comme d’un puissant moteur, il se retourna vers la mime et se redressa complètement, ignorant le supplice auquel était soumis son bras gauche.
Ne se délectant pleinement de la douleur de ses adversaires uniquement à partir du moment où ils perdaient toute volonté de se battre, la mime tendit cette fois son bras droit. En la voyant faire, Frédéric comprit de suite qu’elle réservait à son bras droit le même sort qu’à son gauche. Alors qu’il tendait contre son gré son bras droit devant lui, Frédéric résista à la manipulation de la mime. Il banda ses muscles de toutes ses forces et parvint à freiner la levée de son bras ... mais pas à l’arrêter complètement. Lentement, son index droit se tendit vers la mime. Il n’arrivait pas à l’empêcher d’agir sur son corps comme bon lui semblait.
Il le savait, privé de son deuxième bras, il ne pourrait plus la menacer sérieusement. Dès lors il serait complètement à sa merci. Néanmoins, il avait encore un atout dans sa manche qu’elle ignorait. Alors que son index était quasiment tendu, Frédéric cessa toute résistance et tendit brutalement tous ses doigts vers la mime tout en lui envoyant une boule de feu. Prise au dépourvu, la mime n’eut pas le temps d’esquiver la boule de feu qui lui arriva en plein visage. Sentant son visage brûler, la mime relâcha tout contrôle sur Frédéric pour porter ses mains sur sa face. Jusque-là parfaitement silencieuse, la mime commença à pousser des petits cris avant de se mettre à crier bruyamment. Soudain, elle sentit une autre sorte de douleur lorsque sa main droite fut brutalement écartée de son visage. Alors que les flammes se dissipaient, elle sentit une autre main que la sienne se poser sur sa joue. Péniblement, elle rouvrit son œil droit et vit avec frayeur, entre les griffes de la main droite de Frédéric, que ce dernier avait pris son avant-bras droit dans sa gueule.
Comme s’il attendait qu’elle s’en rende compte, Frédéric pressa alors encore plus sa main sur la joue de la mime tout en tirant sur son bras avec sa gueule. Sentant les muscles de son bras se tendre douloureusement, la mime recommença à pousser de petits cris mêlant douleur et terreur. Lorsque son épaule se déboîta sous la traction de Frédéric, la mime se mit à nouveau à hurler. Frédéric poursuivit son entreprise et finit par lui arracher littéralement le bras dans une grande gerbe de sang.
La moitié droite de son visage ensanglantée, Frédéric affichait un air des plus sinistres. Son regard était celui d’une bête assoiffée de sang. Il laissa alors le bras de la mime tomber lourdement au sol.
« - Un par un ... je te l’ai juré ! » dit-il alors dans un grognement.
Tandis que la mime reculait tout en se tenant l’épaule de sa main gauche, à laquelle elle avait redonné son apparence normale, son visage exprimait une terreur non simulée. Dans un geste désespéré, elle tendit sa main gauche vers lui, prête à lui tordre son bras gauche que plus encore. Mais à peine eut-elle le malheur de tendre son bras que sa main disparut en un grand claquement de dents dans la gueule de Frédéric.
La mime écarquilla les yeux. Ce fut comme si son cerveau ne comprenait pas ce qui venait de se passer. L’amputation fut si rapide qu’elle ne ressentait pas encore la douleur. Frédéric cracha alors la main gauche de la mime à terre, comme on crache un glaviot.
« - Excuse ... j’avais parlé de membre ... On recommence ! »
Frédéric choppa alors le bras gauche de la mime dans sa gueule et plaça sa main droite derrière la tête de son ennemi. D’un mouvement des plus brutaux, il lui fracassa le visage contre le sol avant de la lâcher. La mime n’émettait plus de vrais cris maintenant que son visage était aussi abîmé. Elle tenta de se relever pour fuir le monstre qui en avait après elle ... mais ce dernier la frappa du pied un grand coup sur la hanche la plus relevée. Le son qui en résulta fut horrible et la mime se ré-étala au sol en criant.
« - Alors ? Qu’est-ce que ça fait de subir les coups de son adversaire alors qu’on n’est plus capable de se défendre ? »
Frédéric se pencha et saisit la mime par les cheveux. Il lui fit faire demi-tour comme s’il fut agi d’une serpillère et la força à regarder les civils qu’elle avait littéralement écharpés avant son arrivée.
« - pi ... tié ... » dit alors péniblement et faiblement la mime.
« - Pardon ? QU’EST-CE QUE TU AS DIS ?? TU OSES IMPLORER MA PITIÉ ? ONT-ILS EU LA TIENNE, EUX ?? NON !!! TU AS ÉTÉ IMPITOYABLE AVEC CES HOMMES, FEMMES ET ENFANTS ! TU N’AURAS DONC PAS LA MIENNE !! » hurla Frédéric.
« - Pour combattre un monstre, il est parfois nécessaire d’en devenir un soi-même » ajouta-t-il plus calmement.
Après quoi, il déchaîna sa rage sur la mime, ou du moins ce qu’il en restait, jusqu’à ce qu’il soit arrivé au résultat qu’il lui avait promis avant de commencer à se battre quelques minutes plus tôt. Les membres de la mime éparpillés aux quatre coins de l’étage de la galerie commerçante, Frédéric s’envola telle une furie en passant à travers la verrière tout en éructant sa rage non étanchée.
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Univers 9105 - Planète Janus 24 - Station d’épuration
A peine le groupe conclut-il qu’il fallait remonter plus en amont encore pour trouver la cause de pénurie d’eau, Samus les rejoignit. La chasseuse de prime en armure ne portait aucun stigmate de son combat contre les bull. Et pour cause, la jeune femme avait maintes fois affronté ce genre de créatures et savait pertinemment comment les affronter et les tuer.
La chasseuse et Isaac se mirent alors à scanner la station, édifiée comme un temple à la gloire de l’eau, aux rayons x. Nombreuses étaient les canalisations dissimulées sous le sol et derrière les murs. Mais celle qui retint leur attention fut celle au-dessus du plafond. De taille bien plus imposante que tout ce qu’ils avaient vu jusque-là, elle semblait alimenter toute la station. La radiographie permit également de révéler un escalier en colimaçon derrière une porte dérobée. L’empruntant, le groupe déboucha à l’air libre, sur le toit du temple. L’air ambiant y était vif. Un puissant vent venait leur mordre les chairs à découvert. Seul Jeremiah ne fut pas dérangé par ce changement drastique de température.
La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés à l’air libre, c’était pour gravir la tour menant à la chambre solaire. Néanmoins, ils n’avaient pas le souvenir que l’air y était si frais. En jetant un coup d’œil aux alentours, ils comprirent de suite à quoi c’était dû. A même pas trois cents mètres du temple, une gigantesque montagne parée d’un manteau immaculé les surplombait. S’il était encore besoin de démontrer que les Chozos vivaient en harmonie avec leur environnement, la proximité de cette montagne levait tout doute. En effet, les Chozos avaient édifié leur temple de façon à recevoir l’eau directement issue du glacier de la montagne via un sillon naturel. Du moins c’est ce que laissait penser la disposition du temple vis-à-vis de la montagne. Encore une fois, il n’y avait pas la moindre trace d’eau liquide. Uniquement sous forme de glace éparse.
« - Même si je la faisais fondre, je ne pense pas que cela suffirait à suffisamment alimenter le temple pour désactiver la serrure élémentale » fit Frédéric.
« - Je ne pense pas non plus » répondit Wade.
« - Et si tu faisais fondre une partie du glacier d’ici ? » fit Miles.
« - Négatif ! Cela produirait une avalanche incontrôlable. Les externalités issues de cette entreprise ne pourraient être que forcément négatives à l’atteinte de notre objectif » indiqua le drone.
« - J’adore parler avec toi ! » répliqua Miles.
« - D’après la carte que j’ai téléchargée, il existe une installation artificielle plus en amont, dans le Clice, qui semble être reliée au temple » intervint Samus.
« - Je me lance ? ... C’est quoi le Clice
[1] ? » demanda Miles.
« - C’est le nom de la région où se situe la dite installation, comme les cavernes Lavcore pour la station géothermale » répondit la chasseuse.
Le groupe se mit donc en mouvement vers la mystérieuse installation. Dans un premier temps, ils se contentèrent de remonter le sillon naturel par lequel, ils l’espéraient, l’eau s’écoulerait à nouveau. D’une randonnée pédestre tranquille, le trajet se transforma rapidement en trek puis en escalade. Du toit du temple, ils ne s’étaient pas rendu compte combien la pente du sillon s’accentuait de façon aussi abrupte. Rapidement, sans crier gare, Jeremiah souleva tout le monde par télékinésie et poursuivit leur ascension sans efforts. Alors qu’ils montaient rapidement, un son singulier se fit entendre. La première idée qu’il leur vint fut le son du tonnerre. Mais alors que le son se répétait encore et encore, de plus en plus vite, ils comprirent que ce n’était pas le tonnerre. Tous levèrent la tête et virent alors un énorme rocher débouler droit sur eux. Jeremiah parvint à dresser un bouclier télékinésique juste à temps. Mais le choc du rocher sur le bouclier se fit sentir par tout le monde. La plateforme télékinésique qui les maintenait en l’air perdit un peu d’altitude avant que le rocher ne poursuive sa cavalcade, en roulant sur le bouclier, vers l’aval de la montagne.
« - Par Toutatis ! V’là que le ciel nous tombe sur la tête ! » fit Miles, sur un ton amusé.
« - Étrange, tout de même, qu’un rocher "choisisse" pile ce moment pour tomber » fit Wade, suspicieux.
Frédéric se mit discrètement à humer l’air tandis que Jeremiah recommençait à les faire monter. Une légère odeur lui vint aux narines. Elle était extrêmement discrète, à un point qu’il aurait pu passer à côté sans la remarquer. Cette fragrance était indéniablement d’origine animale. Néanmoins, il lui était impossible de déterminer si le spécimen à l’origine de cette odeur était assez fort pour lancer un tel rocher sur eux. Si tel était le cas, il fallait qu’ils s’attendent à affronter une créature de la taille d’un énorme singe.
Bientôt ils arrivèrent en vue de l’embouchure d’une cavité naturelle creusée dans la paroi du glacier. Arrivés à sa hauteur, ce qu’ils virent était un gigantesque tunnel creusé dans la glace par un ancien écoulement d’eau. Mais quelque chose était étrange avec l’aspect de ce tunnel. Ses parois étaient étrangement lisses. En montagne, de tels écoulements d’eau sous la couche de glace ne sont pas aussi nets. Ils sont sinueux, tortueux et décrochent par moment des morceaux de glace. En aucun cas ils sont aussi propres et lisses ... à moins que l’eau qui s’y soit écoulé autrefois ne fusse pas à température ambiante.
Jeremiah les amena au bord du tunnel où tous descendirent. La cavité faisait au bas mot trois mètres de diamètres ce qui leur permit de s’y déplacer debout. Néanmoins, étant donné l’incurvation du sol, ils durent se déplacer en file indienne. Suivant le tunnel, ils s’enfoncèrent dans la montagne avant de déboucher sur une vaste cavité glaciaire. La scène qui s’offrit à eux était féérique, digne d’un film d’animation pour enfants. Le plafond était constellé de stalactites scintillant tandis qu’ils foulaient une neige poudreuse ressemblant à de la poussière de diamant. L’émerveillement passé, ils se rendirent compte qu’ils se trouvaient dans une sorte de bassin de rétention de forme carrée. Outre une ouverture aussi large que le tunnel dans lequel il donnait, le bassin voyait une conduite plus mince, et métallique, y arriver. D’après Isaac, la conduite provenait d’une pièce encore au-delà, là où se trouvait la mystérieuse installation repérée par Samus sur la carte. Dans la paroi rocheuse face au bassin, deux larges ouvertures avaient été taillées dans la roche. Ces ouvertures donnèrent effectivement sur un vaste espace. Au fond, une installation semblable à la station géothermale avait été installée par les Chozos en épousant les contours de la caverne. Mais ce qui était le plus dérangeant était l’obstacle qui les séparait de la station. Gisaient au beau milieu de la pièce les cadavres de deux gigantesques créatures s’étant entretuées.
La première était bipède avec une gueule énorme et le dos hérissé de pointes de glace.
[2] Elle semblait engluée dans une matière collante grisâtre. Elle portait sur son corps de nombreuses injures mais les plus graves, et sûrement celles qui lui avaient valu la mort, furent de multiples perforations dont une en pleine tête. L’objet qui lui avait infligé de telles blessures s’y trouvait encore. Il s’agissait d’un des appendices en forme d’aiguillon de l’autre créature.
Celle-ci faisait penser à une énorme et cauchemardesque crevette verte obèse. De même que son cavalier dans cette danse mortelle, son corps était parcouru de nombreuses injures mais la cause de sa mort était également flagrante. Sa tête avait été littéralement congelée.
Autour de ces deux cadavres gisaient moult autres corps qui semblaient insignifiants comparés au gigantisme des deux monstres. Il y avait là une dizaine de pirates de l’espace. Certains avaient les membres arrachés tandis que d’autres avaient été écrasés par des rochers sensiblement de leur taille. Ils comprirent alors l’origine des nombreuses injures constellant les cadavres des deux monstres. Mais qui avait bien pu les leur lancer ? Cela, Samus en avait cure. Elle se tenait sur ses gardes, le canon pointé vers le cadavre du monstre vert dont elle s’approchait avec précaution.
« - Qu’y a-t-il, Samus ? » lui demanda Frédéric.
Samus ne répondit pas de suite. Elle contourna le monstre vert et chargea son canon. Visant le ventre jaune du monstre, elle tira une puissante décharge d’énergie dessus qui l’éventra. Le monstre, bel et bien mort, ne sourcilla pas.
« - Il s’agissait de Draygon ! » finit-elle par dire.
[3]« - Le pirate de l’espace qui a secouru Mother Brain ? » demanda Jeremiah.
« - Tout à fait ! Et si lui est ici, alors Mother Brain aussi ! »
Tandis que Samus s’était quelque peu détendu, Frédéric était sur le qui-vive. En la voyant aussi tendue, il avait cherché une quelconque menace grâce à ses sens hyper développés. Son odorat avait alors détecté la même odeur animale qu’à l’extérieur, mais bien plus forte. Soit la créature à laquelle appartenait cette odeur était colossale, soit il y en avait bien plus d’une. Soudain, de nombreux cris graves et rauques emplirent la caverne.
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[1] : Note 1 : Tout comme les cavernes lavcore, le Clice est formé d'un amalgame de deux mots anglais : "Cliff" et "Ice"
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[2] : Apparence d'un Sheegoth adulte
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[3] : Apparence de Draygon
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A suivre dans le chapitre 326 : A deux doigts !
Mar 29 Nov - 11:02 par Shion