Terre 6354 - Siège de l’Unicorps - Extérieurs
Seul au milieu d’un paysage calciné, Frédéric avait la plus grande peine au monde à se calmer malgré le nom de Sandora qu’il se répétait comme un tantra. En provenance de plusieurs directions, des bruits d’âpres combats lui parvenaient et maintenaient son état d’énervement.
Là où il se trouvait n’était pas la seule place à avoir été atteinte par les combats. Partout où il s’était rendu depuis son retour du précédent univers portait des stigmates de combats et de destructions. Quoi que veuille le Mastercorps, ses membres étaient prêts à tout pour l’obtenir, quitte à tout détruire pour cela.
Non loin de là où il était, il entendait très clairement l’affrontement entre Hector et son double maléfique. Leur combat ne semblait être que détonations et explosions en série. Au loin, parmi le ciel de cendres, il apercevait des éclairs d’énergie ; certainement Stephen affrontant Seven. Des cris humains se faisaient également entendre ; Sûrement des civils en train d’endurer d’innommables sévices de la part des sadiques du Mastercorps. Peut-être y en avait-il qu’il pouvait encore sauver. Alors qu’il estimait la direction à prendre, il entendit une voix l’appeler.
« - FRÉDÉRIC ! RAMÈNE-TOI ! » criait Miles de la fenêtre brisée du 46ème étage.
Puis ce fut une autre voix qui l’interpella. Une voix beaucoup plus proche de lui. Il se retourna et fut face à une vision pervertie de Cochran. Il comprit en un clin d’œil pourquoi Lamborg, le double de Lambert au sein du Mastercorps, n’avait pas été trompé par le jeu de leur Cochran lorsqu’ils étaient arrivés chez eux. L’homme avait les cheveux longs, une barbe épaisse mais surtout un bras bionique rutilant. En dehors de cela il portait un treillis et une sorte de filet sur le dos imitant un quelconque feuillage. Son treillis était bardé en tous sens de sangles diverses et variées portant de petites sacoches. Du premier coup d’œil, Frédéric vit un étui pour un long coutelas, un holster et un fusil de chasse en bandoulière.
Outre son bras bionique, ce qui intrigua le plus Frédéric fut ce qu’il tenait à la main gauche : une chaine faisant office de laisse à un homme à quatre pattes ... Enfin si on pouvait l’appeler encore ainsi. Une prothèse bionique occultait l’intégralité de sa face. Elle ressemblait à une sorte d’énorme hublot rempli d’énergie orange. Il s’agissait là de Wormcell, le meilleur limier dont le Mastercorps disposait.
« - Bien que tu nous aies fait cavaler, je suis déçu de te trouver là, au beau milieu d’un terrain plat, presque en train de m’attendre. Lorsque je me suis lancé à ta poursuite, je m’étais attendu à une traque passionnante ... mais non ! »
« - Si tu ne veux pas que ta mort soit aussi vide de sens, barre-toi d’ici ! » répliqua Frédéric.
« - Ah ça non ! Maintenant que je t’ai trouvé, tu es à moi ! Tu vas rentrer avec moi comme nouveau trophée ».
« - Alors tu vas crever en essayant ! »
Soudain, Cochran leva son bras bionique et le dirigea vers Frédéric. La seconde d’après la prothèse projetait un filet d’énergie rose avec grande vélocité. Pourtant sur ses gardes, Frédéric ne put esquiver le filet. Ce dernier s’étendit et l’enveloppa intégralement tout en le serrant à l’extrême.
« - Je vais de déception en déception décidément ! Dire que Summers m’avait confié son meilleur limier pour que je puisse t’ajouter à ma collection. Tu vois, ce bon vieux Wormcell est capable de suivre les mouvements de n’importe qui de dimension en dimension. Finalement, j’aurais pu me contenter de Whitefreak, il aurait été amplement suffisant ».
Malgré l’intense douleur que lui procurait le filet, Frédéric comprit que ce Wormcell était celui à cause de qui le Mastercorps était arrivé jusqu’ici. Une fois qu’il aurait tué cette copie pervertie de Cochran, il devra en faire de même pour Wormcell. Mais avant tout, il devait se libérer de ce fichu filet.
« - Plus tu résisteras à mon filet synaptique, plus il te fera souffrir ! » lui dit alors Cochran avec un sourire.
« - Et si je te faisais souffrir, toi, maintenant ? » dit alors Miles dans le dos de Cochran.
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Paysage mental de Miles
Le paysage mental de Miles était inhabituellement sombre. On ne distinguait presque rien hormis une manifestation mentale ressemblant à un violent orage en préparation. Le tonnerre grondait et roulait haut au-dessus des têtes des entités présentes. Elles étaient réparties en deux groupes. Le premier, le plus important était constitué de Reinhardt, Desmond, Noc et Nwa.
« - Quelle petite nature, quand même ! » déclara ce dernier, brisant le silence qui s’était installé.
« - Ce n’est pas tous les jours qu’on append ce genre de nouvelles ! » répliqua Reinhardt.
« - Ça c’est sûr ! Découvrir qu’on renferme une puissance dévouée entièrement à la destruction, c’est comme découvrir qu’on a bouffé un bâton de dynamite et que ce qui pend de notre bouche n’est pas un morceau de réglisse mais la mèche » répondit Desmond.
« - Et alors ? Si tu étais un démon digne de ce nom, ça te réjouirais d’avoir une telle puissance à disposition ! » rétorqua Noc.
« - Je vais t’en foutre du "démon digne de ce nom", moi ! » s’emporta Desmond.
Mais Reinhardt s’interposa et empêcha Desmond de s’en prendre à Noc.
« - Le démonounet qui écoute un putain d’humain désincarné, quelle blague ! » lança Noc pour le provoquer un peu plus.
« - Désincarné c’est ce que tu es aussi ... et en partie grâce à moi, connard ! »
Tandis que les tensions grandissaient au sein de ce petit groupe, Nocturne et Miles s’étaient mis à l’écart. L’humeur de ce dernier était des plus maussades. Il semblait accablé par la nouvelle que Nocturne lui avait délivrée à peine quelques minutes auparavant. Quelques minutes ou quelques heures ? Le temps ne semblait plus s’écouler normalement depuis que Miles avait appris qu’il abritait au plus profond de son être un Cavalier de l’Apocalypse.
De l’époque où il venait il était devenu extrêmement difficile de se cultiver ; Les livres et toutes autres sources d’informations étant devenus un gadget dans un monde où le seul soucis de tout à chacun était de survivre une journée de plus. Néanmoins, les Cavaliers de l’Apocalypse avaient traversés les âges. C’était l’un des seuls extraits de la Bible à avoir survécu au temps. Ces entités destructrices, anéantissant toute vie et ravageant les terres où se posaient les sabots de leurs montures. L’un d’entre eux dormait au fin fond de son être.
Être rock’n'roll et aimer mettre un peu le boxon de temps en temps était une chose ... Oblitérer systématiquement tout ce qui l’entoure en était une autre.
C’est alors qu’une voix se fit entendre.
« - Miles ? Puis-je entrer, s’il te plait ? »
Miles releva la tête et reconnut la voix de Jeremiah.
« - Tu es déjà à l’intérieur ! » maugréa-t-il.
« - Certes mais c’est par respect pour toi. Je peux me retirer si tu le souhaites ».
Miles conserva le silence un instant.
« - Non, reste » finit-il par dire.
Jeremiah apparut alors à quelques pas de Miles. Il s’approcha de lui d’un pas mesuré. Une fois à ses côtés, il posa sa main sur l’épaule de son ami.
« - Laisse-moi t’aider, Miles » lui dit-il simplement.
« - Comme vous l’avez tous fait depuis si longtemps ? » répondit calmement Miles.
« - Comment cela ? »
« - Depuis combien de temps vous savez que j’ai cette saloperie en moi ? »
Jeremiah conserva le silence un instant en regardant Miles droit dans les yeux. Le dernier d’entre eux venait de perdre son innocence quant à la nature de ce qu’ils renfermaient tous les quatre.
« - Te concernant, nous n’en avons été sûrs que sur la Terre 2663 » admit le vampire.
« - C’est laquelle celle-là ? »
« - C’est la Terre d’Élaphe et des faunanthropes ».
Miles conserva le silence un instant. Il réfléchit aux événements qui s’étaient passés sur cette Terre parallèle.
« - Qu’est-ce qui vous a permis de ... » commença à dire Miles avant de s’arrêter.
Il tourna alors vivement la tête vers Nocturne.
« - Ce n’était pas toi, alors ? »
« - Non ... c’était le Cavalier » admit Nocturne.
« - Et toi ? Depuis combien de temps tu le sais ? »
« - Peu de temps après que mon essence ait été introduite en toi » répondit Nocturne, droit dans les yeux, ne regrettant pas son silence.
Depuis qu’ils avaient été liés, Nocturne avait compris qui sommeillait au plus profond de Miles. Ne pouvant permettre qu’une telle menace déferle sur le monde, il s’était évertué à le contenir tant bien que mal. C’était également la raison pour laquelle son cavalier s’était éveillé en dernier et pourquoi il avait si peu d’influence sur lui. Bien que grandissante, cette dernière était répartie entre les divers hôtes de son paysage mental et plus leur nombre était important, plus l’influence du cavalier était diluée. La plupart du temps, le Cavalier n’était rien de plus qu’un gros chien noir passant ses journées à dormir.
« - Ainsi tout le monde était au courant sauf moi ? Quel gros débile je peux faire ! » déclara finalement Miles.
« - C’est toujours ce que l’on a sous le nez que l’on ne voit pas ! » intervint alors Noc, s’étant rapproché du trio.
Derrière lui, les autres s’étaient également approchés en entendant leur discussion. Miles releva la tête.
« - Qu’est-ce qu’on fait ? » demanda Reinhardt.
« - Je ne sais pas ! On laisse le phazon prendre le contrôle du cavalier et on se tire sur la nouille en attendant ! Super programme, non ? » déclara Desmond.
« - T’as vu notre nombre ? Même avec l’autre albinos, on ne fait pas le poids » répliqua Nwa.
« - Hey, la lopette ! Tu te battais pour quoi exactement jusqu’à présent ? » lui lança Desmond.
« - Pour ne pas être absorbé par cette saloperie, déchet ! »
« - Hé mais t’es une lumière toi ! Tu crois qu’il va se passer quoi si le phazon prend le contrôle du Cavalier ? »
Soudain Miles se releva d’une traite.
« - Ça suffit ! » dit-il haut et fort.
« - Je ne sais pas si c’est à cause de cette petite pute de Moloch mais le Cavalier est en moi. C’est dorénavant ma responsabilité de l’empêcher de ravager le monde. Donc on y va et on leur botte le cul ! »
Personne ne dit mot durant plusieurs secondes. Jeremiah regarda Miles avec un petit sourire.
« - Et si on n’a pas envie d’y aller ? » demanda soudain Nwa.
« - Tu retournes en cage et tu pries le démon que tu veux pour qu’on réussisse » répliqua du tac au tac Miles.
« - Je demandais juste pour savoir ».
« - Ouais je me disais aussi ! » répliqua Desmond.
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A suivre dans le chapitre 341 - Conjuguer le verbe chasser
Jeu 23 Mar - 17:56 par Shion