Deadwood - 14 Novembre - Début de soirée
A l’intérieur du stade, c’était un véritable massacre. Les cannibales et autres zombies s’attaquaient aux civils à portée et grossissaient ainsi leurs rangs au fil des minutes qui s’écoulaient. Des râles d’enragés se mêlaient aux cris de terreur des civils qui tentaient d’échapper à tout prix à cet enfer. Ceux qui parvinrent à échapper aux griffes des monstres vinrent s’agglutiner derrière les portes de sorties mais se retrouvèrent acculés à elles. Celles-ci avaient toutes étaient cadenassées par les militaires lorsqu’ils s’étaient repliés à l’extérieur ; la folie les gagnant, ils se mirent à tambouriner comme des malades contre les portes, se pressant, se poussant les uns contre les autres jusqu’à piétiner les plus faibles d’entre eux. C’était chacun pour soi. Il n’y avait plus aucune cohésion entre les amis ou les mêmes membres d’une famille. Une peur primale les avait tous gagnés et faisait ressurgir leur plus primitif instinct, celui de survie.
A l’arrière du stade, le groupe de Terry tambourinait aussi contre les portes de la sortie de secours que les militaires venaient de condamner sous leurs yeux. Ils appelaient les militaires à leur venir en aide mais rien n’y faisait. Parmi les rangs de la troupe armée, il n’y avait aucune bleusaille. Il s’agissait tous de soldats expérimentés qui obéissaient à n’importe quel ordre, les yeux fermés. Rien ne les ferait fléchir. Cela, Cooper l’avait parfaitement compris.
« - Poussez-vous de là ! » dit-il en pointant son pistolet vers les portes de secours.
« - Vous êtes fous ? Vous allez attiré ces monstres ici ! » rétorqua Andréa.
« - Vous préférez attendre qu’ils nous trouvent d’eux-mêmes ? DÉGAGEZ ! » lui ordonna-t-il.
Face au regard déterminé de Cooper, Andréa céda et s’écarta de devant les portes. Cooper visa et tira là où il pensait que les chaînes se trouvaient. Le bruit de la détonation retentit dans les couloirs du stade mais le chaos qui régnait au sein du stade semblait l’avoir étouffé. Le bruit métallique de la balle contre les chaînes indiqua que Cooper avait bien estimé leur emplacement. Tous se pressèrent alors contre les portes mais se rendirent compte que cela n’avait pas été suffisant.
« - Écartez-vous à nouveau, je vais recommencer ! » dit Cooper.
Alors que tous s’étaient écartés et que Cooper allait à nouveau tirer dessus, une détonation précéda son tir. Une balle traversa les portes et vint blesser Cooper à l’épaule droite. L’un des militaires l’avaient pris de court pour l’empêcher d’ouvrir les portes.
En effet, les militaires avaient beau avoir fuit le stade et l’avoir condamné, ils n’avaient pas déserté ses alentours. Les hommes de l’escadron focalisaient toute leur attention sur les portes qu’ils avaient scellées pour s’assurer que personne ne fuit l’édifice et ne propage davantage l’épidémie. Ainsi concentrés, ils ne virent pas la horde de créatures cannibales approcher du stade.
Tandis que les derniers rayons de soleil éclairaient le stade, la horde posait le pied sur le parking. A leur tête se trouvait toujours le marshal. Celui-ci tendit alors le bras vers le bâtiment et le pointa de l’index.
« - STAAAA-AAAADE ! » dit-il d’une voix rauque.
Parmi la horde, la grande majorité des créatures avait conservé leur vivacité du temps où ils étaient encore humains. Ils s’élancèrent alors comme des dératés à travers le parking en poussant des cris d’affamés et autres grognements. A cause du carnage qui s’orchestrait à l’intérieur du stade, les militaires ne comprirent que tardivement que ces nouveaux cris provenaient du parking. Lorsqu’ils se retournèrent, une vision d’horreur s’offrit à eux. Ils perdirent ainsi quelques précieuses secondes avant de réagir et de tirer dans le tas. Malgré quelques heureux tirs, la horde avançait à vive allure vers eux, aussi inexorable qu’une vague qui se précipite vers une plage. Rien ne semblait pouvoir les arrêter. Leur nombre était bien trop important.
Les militaires à l’arrière du stade entendirent dans leurs radios des ordres contradictoires. Certains ordonnaient de se disperser, tandis que d’autres incitaient à tenir bon et de ne rien lâcher. Le tout mêlé à des cris de terreurs et de douleurs. Les cinq hommes s’interrogèrent tous du regard.
Dans le bus, Brewster devinait que la horde avait atteint le stade. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se répande autour du bâtiment. Depuis qu’il avait vu la horde, il n’avait cessé de tirer sur ses entraves dans de grands coups secs. Raillé par Summers dans un premier temps, il fut rapidement imité par Roberts. lorsque Summers comprit pourquoi ses deux futurs co-détenus agissaient de la sorte, il s’y mit également.
Tandis que les ultimes soldats devant le stade rendaient leur dernier souffle, un petit détachement de la horde contournait le bâtiment. Il était mené par le marshal qui cherchait manifestement le bus pénitentiaire. En les voyant arriver, les cinq soldats se mirent à leur tirer dessus. Immédiatement les créatures s’élancèrent sur eux.
« - OH PUTAIN ! C’EST PAS VRAI ?? ILS SONT LA !!! ILS SONT LA !! » s’écria Summers qui s’agitait dans tous les sens.
Soudain, Brewster parvint à arracher la pièce de métal qui maintenait ses entraves attachées au plancher du bus. Sans dire un mot, il se leva et se dirigea vers l’avant du bus.
« - Oh putain ! T’es trop fort ! Vas-y ! Viens faire pareil ici ! » dit Summers sur un ton hystérique tandis que Roberts se concentrait sur ses propres entraves.
« - OH ! HEEEYYY ! LE BOUCHER ! VIENS ICIII ! » cria Summers s’agitant sur son siège comme une puce.
A l’avant du bus, Brewster se saisit du fusil à pompe laissé par Cooper et Jeffries ainsi que des clefs du bus et du double du jeu de clefs déverrouillant les entraves des prisonniers. Tandis que le trousseau de clefs du bus était plutôt léger, celui des entraves était particulièrement fourni et lourd. Après quoi il jeta un coup d’œil à l’extérieur et vit que les soldats, malgré leur vaillance, allaient être submergés par les zombies dans les secondes qui allaient suivre. C’est alors que le marshal et une demi douzaine de zombies vinrent s’agglutiner sur les portes louvoyantes. Brewster leur jeta un coup d’œil presque détaché et repartit vers le fond du bus pénitentiaire.
« - Oh putain ! Ouais ! Vas-y mon grand ! Détache-moi et je serais ton jouet à vie » dit Summers euphorique.
Alors que le colosse avançait vers le fond du bus, il dépassa Roberts, toujours en train de s’acharner sur ses entraves.
« - Yo ! Brewster ! Aide-moi s’il te plait ! » lui demanda alors Roberts.
Bien qu’ayant conscience de l’urgence de la situation, Roberts semblait conserver son calme. Brewster regarda Roberts droit dans les yeux. Il semblait se demander s’il allait regretter ou non de lui venir en aide. Imperturbable, Roberts ne sourcilla pas. Brewster pointa alors le fusil à pompe vers le visage de Roberts avant de le baisser lentement vers le plancher. Il pressa sur la gâchette et fit sauter l’attache métallique. Tandis que Roberts se levait, Brewster se remit à avancer vers le fond du bus alors que les zombies se faisaient plus violents à l’avant et commençaient à briser le verre des portes.
« - HEY ! Et moi ? ET MOI ? » fit Summers.
Sans le regarder, le colosse lui jeta le lourd trousseau de clefs. Il tomba à plus d’un mètre à côté de Summers. Le message était clair : débrouille-toi ! Summers allongea le plus possible les jambes pour ramener le trousseau à lui. Lorsqu’il l’eut en mains, il comprit qu’il ne devait pas perdre de temps. Il se mit à tester toutes les clefs les unes après les autres mais sans aucune méthode. Roberts le vit faire sans réagir tandis que Brewster ouvrait la porte au fond du bus. il en descendit immédiatement, et la tendit ouverte pour Roberts. Ce dernier ne se fit pas prier.
« - Tu as conscience que cet abruti n’arrivera pas à se libérer ? » lui demanda Roberts tandis qu’il descendait du bus.
« - Oui ! » répondit sobrement Brewster en refermant la porte arrière du bus à clef tandis que les zombies envahissaient le bus par l’avant.
On entendit Summers hurler ... seulement quelques secondes avant que les vitres ne soient couvertes d’un épais rideau rouge. Déjà le marshal et quelques zombies se pressaient sur la porte arrière.
« - Et maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait ? » demanda Roberts entre deux rafales de fusils mitrailleurs.
Mais Brewster ne lui répondit pas. Il se contenta de se diriger vers les portes scellées du stade derrière lesquelles Terry et le reste du groupe s’acharnaient.
« - Écartez-vous ! » dit alors le géant.
Quelques secondes après, il faisait sauter le cadenas au fusil à pompe. Tous sortirent avec précipitation sans se rendre compte de qui les avait libérés.
« - Qui que vous soyez, merci ! » dit alors Andréa avant de se retourner.
Elle fut face à la colossale silhouette du boucher qui la dominait de plus de trois têtes. Le docteur et tous ceux qui l’accompagnaient furent tétanisés à la vue de cette carrure funeste.
« - De rien ! » répondit-il avant de commencer à s’éloigner en courant à petites foulées.
Personne ne bougea durant plusieurs secondes dans cette scène surréaliste. Cet homme, ce colosse que les médias de la région avaient dépeint comme un monstre au sang froid, un ogre assoiffé de sang au point de tuer sa propre au famille, venait de les sauver intentionnellement alors que le monde semblait basculer dans le chaos le plus total.
Voyant Roberts le suivre comme son ombre, cela fit réagir Terry. Il regarda autour de lui et vit les militaires qui les avaient enfermés être submergés peu à peu par les zombies parvenus à l’arrière du stade. Lorsqu’ils en auront fini avec les soldats, le prochain plat sur leur buffet ne serait autre que lui, Jessica et les autres membres de son groupe. Il ne fallait pas rester là.
« - FAUT BOUGER ! » cria-t-il en prenant Jessica par la main et la forçant à courir derrière lui.
Sa voix agit comme un déclencheur chez Andréa, Cooper et Jeffries. Tous se mirent à courir pour rattraper les deux criminels. Après quelques secondes, Terry parvint à rattraper le bûcheron.
« - Euh ... Vous savez où aller ? » demanda Terry, hésitant, à Brewster.
L’homme pointa son fusil droit devant lui, vers la forêt. Croyait-il que les arbres les protégeraient de la horde ? Soudain, une voix terrifiante se mit à crier dans leur dos.
« - COOPERRRRRRR !!! »
Sans s’arrêter, tous tournèrent la tête vers l’arrière et virent le marshal sortirent de l’arrière du bus. Ce dernier s’élança alors à la poursuite du groupe, accompagné d’une dizaine de zombies.
Accélérant le rythme de leur course, tous s’engouffrèrent sous le couvert végétal de la forêt. Terrifié à l’idée de se faire rattraper et dévorer vivant, Terry espérait sincèrement que Brewster savait où il les menait.
Lun 23 Mai - 21:01 par Shion