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 Chapitre 431 - l'Agriogourouno, part 2 : Burak Özkan

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Jezekiel
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Jezekiel


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Chapitre 431 - l'Agriogourouno, part 2 : Burak Özkan Empty
31012019
MessageChapitre 431 - l'Agriogourouno, part 2 : Burak Özkan

Terre 531 - An 1219 - Ville d’Antioche

Le premier choc fut de comprendre qui avait attaqué le villageois dont le cadavre gisait dans cette demeure. Les marques de morsures laissées sur les avant-bras et les jambes étaient suffisamment singulières. Elles ressemblaient à trois X de tailles différentes et dont les centres coïncidaient. Bien que ce soit la première fois qu’il en observait de pareilles, le vampire savait quelle dentition pouvait laisser ce genre de marques ... les Fils de Judas.
Une telle abomination avait de nouveau eut lieu ... et en une ville fortifiée et gardée par des Croisés en plus. Comment avait-il été possible de reproduire ces horreurs à l’insu de tous ?
En tous cas, Jeremiah se doutait que ces poupées de paille n’étaient pas étrangères à cette affaire. Il saisit celle présente dans cette maison et ressortit.

Il restait encore trois bonnes heures de totale obscurité, après quoi, les vampires qu’il pourchassait devraient rester cloitrés à un quelconque endroit. Jeremiah comptait localiser cette cachette d’ici là et se servir de l’astre dont il pensait être le seul à être immunisé.

Le vampire se mit à déambuler dans la ville. L’odeur du sang se mêlait trop à la puanteur inhérente de la ville pour parvenir dorénavant à isoler une véritable piste. C’est alors qu’il entendit la voix d’un homme quelque peu éméché. Il était tard pour qu’un soulard ne sorte que maintenant de sa taverne attitrée ... à moins que ce soulard n’en soit le patron. L’homme était sorti par la porte arrière de la taverne pour se soulager.

..oO( S’ils font tous de même, pas étonnant que leur ville pue autant !) pensa le vampire.

Il attendit patiemment que le tavernier finisse d’uriner ... ce qui prit plusieurs minutes ; signe qui trahissait la quantité d’alcool qu’il avait dû ingurgiter. Une fois qu’il eut fini et reculotté, le vampire lui tomba sur le dos et le plaqua contre le mur de la maison d’en face.

« - Il n’est pas sage de boire autant ! » lui dit-il.

« - Hey ben quoi ? Pourquoi que les Croisés seraient les seuls à boire à l’œil ? Qui ... Euh ... T’y ... Euh ... Mi ! Do Ré Mi Fa Sol La Si DOOOooooOOO ! Non ! SI ! Voilà, SI ! Si j’dois fermer ...autant donner un coup de main ! »

L’haleine du tavernier était pestilentielle. Avait-il vomi également ou était-ce son haleine habituelle ? Peu importe, il n’était pas là pour son hygiène. Jeremiah plaça la poupée de paille sous les yeux du tavernier. Celui-ci la regarda en louchant.

« - Oooooh ! La belle demoiselle. Puis-je voir sous vos jupons ? »

Cela suffisait ! A ce rythme le soleil se lèverait qu’il n’en aurait toujours rien tiré. Jeremiah décida d’être plus direct. Il retourna vivement le tavernier, le plaqua le dos contre la maison et ouvrit suffisamment la bouche pour dévoiler ses canines.

« - Écoute-moi bien ! Je ne suis pas venu à toi pour te taper la discussion ! Cette poupée ! En as-tu vu d’autres ? » dit le vampire sur un ton menaçant tout en lui mettant à nouveau sous le nez la poupée.

Le tavernier déglutit. Il avait toute son attention.

« - O-oui ! »

« - D’où viennent-elles ? »

L’homme fronça les sourcils comme si se concentrer lui était difficile.

« - De ... L’église St Pierre ! C’est l’une des sœurs ... qui les fabriquent pour ... les enfants pauvres » dit-il difficilement.

L’église St Pierre ... Pourquoi la piste menant à Özkan passait-elle toujours par des sites religieux ? Jeremiah laissa le tavernier ivre pour monter sur le toit le plus proche. Là il décela sans mal l’église avec ses flèches et son clocher. Il redescendit dans la rue de l’autre côté de la maison et se faufila à vive allure jusqu’à avoir l’église en vue.
Là, un aspect de l’église qu’il n’avait pas vu du toit de la maison lui apparut. Des draps avaient été tendus comme des bannières sur lesquels était peinte une croix à quatre branches se finissant chacune par deux pointes. Jeremiah la reconnue de suite, c’était l’ordre des Hospitaliers. Bien qu’ordre religieux au départ, il présentait depuis près d’un demi-siècle de véritables médecins et chirurgiens en son sein. L’église St Pierre avait donc été transformée en hôpital, terme qui n’apparaîtrait que plus tardivement.

Ce lieu concentrait les effluves nauséabondes de la ville, un peu comme si toutes partaient de ce point précis de la ville pour se répandre dans ses rues. La mort s’y faisait sentir. Le vampire se dit que s’il avait les capacités de Wade, il verrait sûrement des dizaines d’esprit hanter les alentours. L’église était particulièrement sinistre, encore plus de nuit. En tendant l’oreille, on pouvait distinguer ce qui semblait être les gémissements des malades amenés en ce lieu pour y mourir et rarement y guérir. En vérité, ce que le vampire décelait n’était pas des gémissements mais des cris étouffés par les pierres de l’édifice.

Alors que Jeremiah observait l’église, il vit deux silhouettes sortir d’une ruelle et se diriger droit vers l’édifice. Sans réfléchir, Jeremiah se rapprocha d’eux et les suivit. Il fut rapidement assez proche d’eux pour les entendre. Il s’agissait d’une femme et d’un homme déguisés en moines ... mais vampires de leur état à n’en pas douter.

« - ... est avancée ! »

« - Le Père Özkan est ici ? Je ne l’ai pas vu à mon arrivée » demanda la femme.

« - Il était accaparé par les préparatifs. L’enfant que vous avez amené permet de le faire ce soir ».

« - J’espère que c’est bien d’elle dont le père a besoin sinon je la dévore. Elle n’a cessé de me mordre tout le long du trajet ».

« - Le livre que vous avez dérobé l’a fortement intéressé également ».

« - Craint-il ... »

La femme s’interrompit et se retourna sans dire un mot ni bouger durant plusieurs secondes.

« - Qu’y a-t-il ? » finit par demander l’homme.

La femme conserva le silence encore quelques secondes.

« - Mon imagination sûrement, poursuivons ! »

La vampire avait les sens aiguisés. Bien que furtif, elle avait décelé un instant que Jeremiah les suivait. En revanche, le vampire qui l’accompagnait ne semblait pas avoir les mêmes talents. Pire, il semblait bien faible pour un vampire ... comme s’il n’avait jamais eu à chasser et combattre pour se nourrir.
Par la suite, Jeremiah mit plus de distance afin de ne pas être détecté à nouveau. Il les vit entrer par une porte dissimulée dans une absidiole. Jeremiah attendit presque une minute avant de s’approcher à son tour de la porte secrète. Il enfonça dans le mur une petite pierre semblant faire partie du liant. La porte s’ouvrit sur un escalier en colimaçon très resserré sur son axe. Il ne fallait pas être bien épais pour passer par là.

Après avoir descendu l’escalier sur plus de cinq mètres, une lumière éclairait les dernières marches. C’était une lumière dansante et chaude, une lumière prodiguée par des centaines de chandelles. Alors que Jeremiah s’attendait à voir un sous-sol similaire à celui de l’église St-Martin de Fénay, ce qu’il vit l’étonna. Le sous-sol était immense et ressemblait à une cathédrale souterraine. La pièce était emplie de moines en bure ... ou plutôt de vampires en bure. Ils étaient tous en rangs comme attendant le début d’une quelconque messe noire. Parmi ces rangs, impossible de distinguer les deux vampires qu’il avait suivis. Leur nombre était impressionnant mais Jeremiah n’avait pas peur. Il avait jadis combattu une armée de vampires aguerris, alors ce n’était pas un conclave de vampires rachitiques qui allait l’effrayer.

« - Bienvenue parmi nous ! » dit alors une voix dans son dos.

Il ne l’avait pas entendu descendre les marches au-dessus de lui. Qui avait bien pu le prendre à revers ? Mais il n’eut pas le temps de se le demander qu’il reçut un puissant coup de pied dans les reins, lui faisant dévaler les dernières marches jusqu’au beau milieu de la cathédrale souterraine. Tous les vampires présents se retournèrent promptement vers lui. Puis ils levèrent la tête vers l’individu qui l’avait frappé. Celui-ci leur donna sûrement le signe de l’attaquer car de nombreux vampires se jetèrent sur lui avant qu’il n’ait pu réagir.

Jeremiah reçut de nombreux coups de pied, de poings et de griffes avant qu’il ne puisse réagir et tous les repousser d’une puissante poussée télékinésique. Les assaillants volèrent dans tous les sens, créant un périmètre de sécurité autour de Jeremiah. Les moines autour de lui restèrent à bonne portée, jaugeant le moment où le réattaquer. C’est alors que Jeremiah vit une imposante ombre se projeter sur lui. Il eut à peine le temps de se retourner pour voir un véritable colosse lui tomber dessus. La créature lui asséna de multiples coups aussi puissants que des coups de bélier sans lui donner l’opportunité de riposter. Ainsi pris par surprise et pilonné, juste avant de sombrer dans l’inconscience, Jeremiah se demanda si c’était cela que ressentaient les adversaires de Miles lorsqu’il leur tombait dessus.

Le vampire revint à lui près d’une heure plus tard. Son corps le faisait affreusement souffrir. Ses os ne s’étaient pas encore complètement ressoudés. Il avait l’impression d’avoir eu la tête passée dans un broyeur. Son œil droit était encore trop enflé pour voir quoi que ce soit. Son visage ne semblait être plus qu’une bouillie sanguinolente. Malgré cela, il comprit dans quelle situation il se trouvait. Il portait des chaînes aux poignets qui lui tendaient les bras, ne lui permettant presque aucun mouvement. Machinalement il tenta de tirer dessus mais la chaine ne céda pas. En revanche le cliquetis des maillons attira l’attention de son hôte.

« - Te voilà de retour parmi nous ? Bien ! Nous allons pouvoir faire connaissance ! » dit une voix grave.

Face à Jeremiah se tenait une silhouette imposante. Néanmoins, du peu qu’il en avait vu, ce n’était pas celui qui l’avait roué de coups.

« - Je me nomme Burak Özkan ; il parait que tu me cherches ! » fit-il avec un grand sourire.

L’homme avait le teint mat et portait une épaisse moustache noire. Du peu qu’il en voyait, il semblait d’origine turque.

« - Je te souhaite la bienvenue au sein de mon ordre noir ! »

« - Orf fef blanf » répondit difficilement Jeremiah.

« - Pardon ? Je n’ai pas bien compris ce que tu as dis ! »

« - ORF FEF BLANF »

« - Ah ! Je vois le soucis ! »

Özkan s’approcha de Jeremiah, mit ses mains sur sa mâchoire et la remit en place avec un son désagréable de remboitement.

« - Il faut admettre que je ne t’ai pas ménagé tout à l’heure ! » ajouta Özkan.

..oO( Quoi ? Non ! Ce n’était pas lui ! Qu’est-ce qu’il raconte ?) se dit Jeremiah.

« - Tu disais ? »

« - Où est Blanche ? »

« - Blanche ? C’est ainsi que tu l’as appelée ? Je l’aurais plutôt appelée Rouge pour ma part ... à cause du sang qu’elle va faire couler lorsqu’elle sera en âge ! »

Jeremiah lui lança un regard meurtrier, ce qui fit sourire Özkan. Ceci dit, celui-ci claqua des doigts. Un vampire apparut alors de derrière un rideau, portant Blanche dans ses bras. Le bébé semblait calme bien qu’éveillée. Pourquoi ne se débattait-elle pas ? Jeremiah regarda alors le vampire qui la portait. Quelle ne fut pas sa stupeur de reconnaître son propre visage sur sa tête.

« - Qu’est-ce que ... ? » échappa-t-il.

Özkan sortit alors de sous les pans de sa bure un livre, mais pas n’importe lequel. C’était celui où Jeremiah consignait toutes ses connaissances sur le vampirisme.

« - Comme tu l’as découvert, le vampirisme revêt bien des formes. Lucie ici présente est une Baobhan Sith, une vampire originaire d’Écosse douée, entre autres, de polymorphisme. Ta petite Blanche la prend pour toi. N’est-ce pas ironique ? »

« - Blanche ! »

Le bébé tourna la tête vers Jeremiah mais sans le reconnaître.

« - Alors ce n’est pas par un quelconque plaisir sadique que Lucie a revêtu ton apparence, cher Jeremiah. Vois-tu, ta petite Blanche avait le don pour énerver nos enfants lorsqu’elle ne voyait pas ta face réconfortante » fit Özkan, souriant.

« - Les fils de Judas ! »

« - Oui ... mais pas seulement ! On a aussi des Nekrstenici. Curieusement, Blanche les excite également lorsqu’elle n’est pas contente ».

Jeremiah fronça les sourcils. Une colère froide et sourde couvait en lui.

« - Qu’y a-t-il ? Tu sembles moins émotif tout d’un coup. Es-tu choqué ? »

« - Pourquoi ? »

« - Pourquoi quoi ? Pourquoi fait-on tout cela ? »

Jeremiah ne répondit pas, contenant sa rage autant qu’il le pouvait.

« - Ne sais-tu donc pas dans quelle époque nous vivons ? C’est la guerre ! Ces chiens de musulmans qui nous refusent notre terre sacrée ! Qui stigmatisent et pourchassent tous les chrétiens qu’ils croisent ! J’étais un chrétien d’Anatolie autrefois ... jusqu’à ce qu’une troupe kurde ne vienne brûler ma modeste église ».

« - Dommage que tu n’y sois pas alors ! » fit Jeremiah.

Özkan sourit un instant avant de le gifler avec force.

« - Toi plus que quiconque devrait me comprendre. Toi aussi tu étais chrétien autrefois. Ton écriture te trahit ; tu as appris à écrire dans un monastère de France. Tu devrais comprendre le sacrifice qui est le nôtre afin d’exterminer toute présence musulmane de Jérusalem ! »

« - Rien ne justifie de transformer des enfants en monstres ».

« - Toi tu vois des monstres, moi je vois des enfants à qui on épargne de mourir de faim ou de maladie. Des enfants qui aideront à reconquérir la ville sainte ! »

« - Tu es un fou ! Un monstre et un fou ! »

Özkan le gifla à nouveau.

« - Je ne suis pas fou ! J’ai tout sacrifié pour la sainte croisade, pour tous les chrétiens, comme tout le monde ici ! Et toi ? Qu’as-tu sacrifié ? »

« - Mon temps ! » fit le vampire dont le seul œil ouvert s’illumina d’une lumière bleue.
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A suivre dans le chapitre 432 - l'Agriogourouno, part 3 : Blanche !
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Chapitre 431 - l'Agriogourouno, part 2 : Burak Özkan :: Commentaires

Özkan est donc un fanatique chrétien. Intéressant pour un vampire. Voilà aussi la raison pour laquelle les lieux de cultes chrétiens étaient aussi présents dans ce sous-arc.
 

Chapitre 431 - l'Agriogourouno, part 2 : Burak Özkan

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