Roman en ligne
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

 

 Chapitre 137 : Mémoire Oubliée : l’Histoire d’une vie, partie 1

Aller en bas 
AuteurMessage
Jezekiel
Admin
Jezekiel


Messages : 1800
Date d'inscription : 11/03/2012
Localisation : Poitiers, Vienne, France

Chapitre 137 : Mémoire Oubliée : l’Histoire d’une vie, partie 1 Empty
10032013
MessageChapitre 137 : Mémoire Oubliée : l’Histoire d’une vie, partie 1

Terre 531 – An de Grâce 1218

La ville d’Ouges était un petit hameau où presque tout le monde se connaissait. Ainsi nul n’ignorait que la famille Lefort attendait un heureux événement qui allait pérenniser leur nom. Le couple était de condition très modeste. La femme était couturière tandis que le père travaillait à la ferme voisine auprès du bétail.
Le soir venu, Gérard rentra auprès de sa femme. Il ouvrit la porte et vit sa femme tout en rondeurs en train de préparer leur souper.

« - Que nous prépares-tu de bon, Lucette ? »

« - Une bonne soupe aux lardons ! Rien de tel par ce froid mordant ! Ton labeur s’est bien passé ? » lui demanda Lucette en se retournant , le sourire aux lèvres.

« - Oooh ! Ben tu sais comment sont ces satanées bêtes ! Toutes aussi têtues les unes que les autres ! »

Gérard défit ses bretelles et prit place à la table, attendant d’être servi tel le roi qu’il était en son petit royaume. Le repas se déroula comme à l’habitude : dans les rires et la bonne humeur jusqu’à l’arrivée du frometon. Alors qu’elle se découpait une épaisse tranche de pain, Lucette sentit un liquide chaud lui couler sur les chevilles.

« - Bon sang ! V’là que je perds les eaux ! Va vite chercher la sage-femme ! »

Ni une, ni deux, Gérard se releva et sortit de la maison en vitesse. Il courut dans la grand rue en direction de la maison de la sage-femme. Derrière lui ses bretelles flottaient telles les queues du malin.
L’eau fut chauffée et l’enfant naquit au beau milieu de la nuit. Au moment où il poussa son premier cri, les flammes des bougies chancelèrent sans que personne n’y prêta vraiment attention.

« - Comment allez-vous l’appeler ? » demanda la sage-femme.

« - Ce sera Jeremiah comme grand’pa ! » répondit Gérard avec un large sourire.

A cette heure, il était certainement l’homme le plus heureux du monde … Malheureusement cela n’allait pas durer.

Les années qui suivirent firent connaître à Gérard une déchéance tant sociale que physique. L’homme semblait affecté par un curieux mal qui le poussait à manger de plus en plus, engloutissant les finances du foyer, le poussant à voler de la nourriture jusqu’à l’irréparable lorsque son employeur le surprit en train de débiter en tranches une bête qu’il lui avait tuée. Il fut battu et renvoyé. Rapidement la famille Lefort fut mise en marge de la société, reclus tels des pestiférés.
Un peu moins de cinq ans après la naissance de Jeremiah, en 1223, Gérard mourut d’obésité de part les excès alimentaires qu’il n’avait cessés de faire durant ces dernières années. Il laissa derrière lui son enfant et sa femme démunis et accablés de dettes.
N’ayant presque plus de quoi se sustenter, Lucette se priva à l’extrême pour permettre à son fils d’avoir tout de même un peu de pain. Mais elle ne put tenir bien longtemps ce supplice. Si bien qu’au début de l’année 1224, en plein hiver, Lucette mourut de faim laissant Jeremiah orphelin.

Néanmoins le jeune garçon fut recueilli par des voisins. Ces derniers avaient toujours considéré la famille Lefort comme des amis mais ils ne pouvaient pas non plus trop s’exposer avec eux sous peine d’être considérés comme eux. Ainsi ils cachèrent Jeremiah le plus possible tout en lui procurant le gîte et le couvert. Les premiers mois du moins car rapidement leur propre enfant, Léon, se lia si fort d’amitié avec Jeremiah qu’on finit par les prendre pour des frères. Après un début de vie pour le moins pénible, Jeremiah commençait enfin à connaître l’amour et la chaleur d’un foyer.

Mais encore une fois, le sort sembla s’acharner sur lui et surtout sur ceux qui l’entouraient. Au début de l’année 1225, lors d’un beau jour d’hiver, Jeremiah et Léon sortirent de la maison pour s’amuser. Ils se rendirent au lac gelé derrière leur maison comme ils avaient pris l’habitude de le faire depuis quelques jours. Leur activité favorite consistait en un défi stupide, comme souvent avec les enfants. C’était celui qui s’aventurerait le plus loin sur le lac. Sauf que cette fois, leur petit jeu tourna au drame lorsque la glace céda sous le poids de Léon. A l’époque on ne savait pas aussi bien nager que maintenant et le petit garçon se noya sous les yeux impuissants de Jeremiah.
Bien qu’il ne fût point fautif de ce drame, Jeremiah fut repoussé. Tandis que le père se noyait dans l’alcoolisme, la mère le corrigeait pour tout et rien, déversant sa peine sur lui. En moins d’une année le père de famille succomba des suites d’un coma éthylique. Quant à la mère de Léon, noyée dans son chagrin, elle ne prit plus la peine de se nourrir et finit par mourir d’une déshydratation extrême.

Ayant survécu à deux drames familiaux, il n’en fallut pas plus au village entier pour appeler Jeremiah "l’enfant du démon". Ainsi, à la fin de l’année 1225, alors que les champs commençaient à nouveau à blanchir, Jeremiah fut placé à l’hôpital des orphelins de Dijon à quelques kilomètres de là. Il n’avait alors que 7 ans.
Précoce pour son âge, il dut commencer à travailler pour son entretien, alors que cela ne concernait que les enfants âgés au minimum de 8 ans. Bien qu’il était particulièrement obéissant, sa "réputation" l’avait suivi, ainsi il subissait les brimades de ses petits camarades quand ce n’était pas les prêtres qui l’accusaient du moindre méfait et le sanctionnaient à coups de triques lors de pénitences longues et douloureuses.

Jeremiah ne supporta pas longtemps ce traitement et décida de fuir l’hôpital pour tenter sa chance seul dans les rues. Seul, il ne le sera pas longtemps lorsqu’au début de l’année 1226 il rejoignit un petit groupe de vagabonds juvéniles mal aimés et rejetés de tous, tout comme lui.
Vivant principalement de petits vols et recels, Jeremiah se fit vite remarquer de par son habileté manuelle au fil des semaines. Au bout de quelques mois il ne se concentra plus que sur le vol des plus riches, ceux qui semblaient le provoquer en tenant attachée à leur ceinture une bourse bien pleine. C’est ainsi qu’en plein été 1226, Jeremiah vit arriver une nouvelle proie. C’était la première fois qu’il voyait un homme avec un tel charisme et une telle aura. Pour la première fois, Jeremiah tenta d’en savoir plus sur sa prochaine cible, comme attiré par elle d’une étrange manière. Il prêta donc l’oreille aux rumeurs et autres racontars qui ne manquaient pas de fuser une fois l’homme passé. Ainsi il entendit dire de lui qu’il était chevalier, que c’était même un croisé qui avait participé à la cinquième croisade. Alors que la sixième croisade battait son plein, les gens de Dijon se demandaient pourquoi il était parmi eux au lieu de combattre les infidèles de Jérusalem. Jérusalem, c’était la première fois qu’il entendait le nom de cette ville et étrangement elle semblait faire écho en lui pour une raison qu’il ne connaissait pas. N’y prêtant guère attention, Jeremiah décida qu’il en savait assez sur cet homme et qu’il représenterait son plus beau défi à ce jour.
C’est ainsi que la semaine d’après, lorsque le chevalier réapparut au marché suivant, Jeremiah décida de se jeter à l’eau. Il le suivit discrètement sur quelques mètres et passa à l’action. Il accéléra le pas pour le rattraper et glissa sa main sous la cape du chevalier. Malheureusement pour lui, l’homme s’en rendit compte et le saisit par le poignet.

« - Qu’avons-nous là ? Un petit voleur en herbe ? »

« - Lâchez-moi ! »

« - Oh la ! Je suis sûr que tu ne veux pas d’esclandre, n’est-ce pas ? Nous savons fort bien tous les deux ce que l’on fait aux voleurs quand ils sont pris sur le fait … on leur tranche la main droite. Est-ce ce que tu souhaites ? » lui demanda-t-il en plaçant sa main droite sur le pommeau de son épée.

A ces mots, Jeremiah cessa de se débattre.

« - Quel malheur de voir une personne si jeune voler. Où sont tes parents ? »

« - Ils sont morts ! »

« - Et personne ne t’a recueilli ? »

« - Si, mais ils sont morts aussi ! »

« - Tu sembles être né sous une mauvaise étoile, petit ! As-tu déjà tenté ta chance à l’hôpital des orphelins ? »

Jeremiah baissa la tête et fit signe que oui.

« - Je vois. J’en ai pas entendu que du bien » dit le chevalier en le relâchant.

« - Je me nomme Charles d’Erébard ! Je possède un modeste domaine à la sortie de la ville. Viens me rendre visite quand la faim se fera trop pressante, tu seras le bienvenu ! »

Sur ce, le chevalier s’éloigna, laissant derrière lui un Jeremiah bien indécis quant à l’attitude à adopter.
Méfiant, Jeremiah mit plusieurs jours avant que ses pas ne le mènent vers le domaine d’Erébard. Les premières fois, il se contenta uniquement de regarder le petit manoir et ses alentours avec le jardinier qui s’occupait du jardin.
Près de deux semaines après l’invitation, Jeremiah franchit le pas et alla frapper à la porte du manoir alors que le jour déclinait. Un majordome d’une quarantaine d’année vint lui ouvrir. L’homme était souriant et pas aussi étriqué que l’on pouvait s’attendre d’un homme tenant un tel poste.

« - Bonjour ! Vous devez être Jeremiah ! Mon maître sera ravi de votre visite, entrez ! »

Le garçon, approchant de sa neuvième année, fut étonné d’un tel accueil et qu’on lui ouvre la porte en grand avec autant d’entrain. Il pénétra dans le manoir avec méfiance et timidité.

« - Veuillez me suivre ! » dit le majordome en ouvrant la marche.

Jeremiah nota que l’homme fit un geste de la main à un autre serviteur en tendant deux doigts au détour d’un angle. Puis il l’amena dans la salle à manger. La pièce était à dimensions humaines. Un plafond à peu près à trois mètres avec un unique lustre qui pendait au-dessus d’une table de chêne massif pouvant accueillir une dizaine de convives. A l’extrémité de la table se tenait assis le maître de ces lieux, Charles d’Erébard. L’homme se leva immédiatement à sa vue.

« - Tu en auras mis du temps ! Je commençais à croire que je te faisais peur ! » dit-il en souriant.

« - Moi ? Peur ? Pfff ! » répondit Jeremiah mimant une fausse vexation.

Erébard sourit de plus belle et l’invita à venir s’asseoir à ses côtés.
Jeremiah nota alors la cheminée qui s’ouvrait dans le mur derrière lui. Au-dessus de la cheminée se tenait le blason de la famille Erébard : un écu à fond noir avec une sorte d’oiseau gris qui semblait voler à la rencontre de celui qui l’observait. Charles nota l’intérêt du garçon pour son blason.

« - Connais-tu cet oiseau ? » lui demanda-t-il.

Jeremiah fit signe de la tête que non.

« - Il s’agit d’un Hibou Grand Duc ! C’est un rapace qui chasse de nuit. Ses proies ne s’aperçoivent de sa présence qu’une fois qu’il a ses serres sur elles ».

Jeremiah fut intrigué et hautement intéressé par cet animal dont il ignorait l’existence jusque- là. Néanmoins, cela lui rappela comment le chevalier l’avait pris la main dans le sac lorsqu’il avait essayé de le voler. Dans son jeune esprit il se dit que Charles était digne de son blason familial et qu’il valait mieux rester vigilant. Ainsi lorsque le majordome lui apporta une soupe, Jeremiah l’avala tout en étant sur le qui-vive. Particulièrement riche, Jeremiah eut le ventre plein avec cet unique plat … alors que le serviteur apportait déjà une volaille en guise de plat de résistance. Jeremiah observa alors Charles en dévorer une partie. Malgré les nombreuses invitations du chevalier à piocher sur la carcasse du volatile, Jeremiah n’en fit rien. Habitué à ne pas manger grand-chose, la soupe l’avait rassasié.
A la fin du repas, Charles lui demanda s’il savait où dormir. Devinant l’invitation à rester dormir qui allait suivre, Jeremiah lui répondit qu’il avait un petit refuge où dormir au chaud … même si ce n’était pas vrai.

Quelques jours plus tard, Jeremiah décida de retenter l’expérience auprès de Charles d’Erébard. Petit à petit, Jeremiah en apprenait de plus en plus sur le chevalier. Il apprit à le respecter, puis, de fil en aiguille, un lien indéfinissable naquit entre eux et ils passèrent de plus en plus de temps ensemble. D’abord comme deux amis puis tels un père et un fils. Jeremiah finit par s’installer définitivement au manoir et c’est ainsi qu’en 1228, il fut inscrit sur les registres que le chevalier Charles d’Erébard avait comme héritier un fils prénommé Jeremiah … d’Erébard.

________________________

La semaine prochaine on reprend le cours normal de l'histoire avec le premier chapitre d'un nouvel arc au nom mystérieux.
Rendez-vous donc au Chapitre 138 : Vers un partenariat ?
Revenir en haut Aller en bas
https://babel.forumgratuit.org
Partager cet article sur : reddit

Chapitre 137 : Mémoire Oubliée : l’Histoire d’une vie, partie 1 :: Commentaires

Eh bien, Jeremiah a vraiment eu un début de vie merdique, le pauvre =/
Et le style de ce chapitre a-t-il été plaisant ?

Il tranche assez avec le style habituel d'action non-stop ^^'
Oui, il a été plutôt agréable à lire. C'est pas plus mal de changer de style de temps en temps, surtout que les Mémoires Oubliées t'en donnent l'occasion Smile
 

Chapitre 137 : Mémoire Oubliée : l’Histoire d’une vie, partie 1

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Chapitre 163 - Mémoire Oubliée : l'Histoire d'une Vie, partie 2
» Chapitre 79 - Mémoire oubliée : l’Initiation
» Chapitre 100 : Mémoire Oubliée : l'Echange
» Chapitre 63 - Mémoire oubliée : Faux semblants
» Chapitre 192 - Mémoire Oubliée : Tout feu, tout flamme

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Babel :: Livre II - Mondes de Babel :: Mémoires oubliées, Part II-
Sauter vers: