Terre 6354 - Unicorps, Colombie, Annexe de Bogota - Plonge

Après la victime recouverte d’une armure intégrale faite d’ongles, ils durent faire face à un militaire dont le corps avait été transpercé de toutes parts par son propre squelette dont la matière osseuse semblait être devenue incontrôlable. Changeant le calibre de son arme, Westwood s’occupa d’achever son collègue. Sa promptitude à les achever ne devait pas passer pour de l’insensibilité. Au contraire, il les achevait promptement pour mettre fin à leur calvaire le plus vite possible. Il n’oubliait pas qu’ils étaient des victimes, cela ne servait à rien de les faire souffrir plus que de mesure ... ce qui ne serait sûrement pas le cas s’il trouvait un moyen de confronter Jéricho.
De son côté, Stephen restait imperturbable, presque détaché de toutes émotions humaines.

C’est alors qu’un commis de cuisine se releva plus loin dans la pièce. Il était comme possédé, sa tête n’avait pas suivi sa relève avec le même tonus ; il semblait subir le mouvement. A peine debout, il plaça ses mains sur son ventre. Il écarta les pans de sa chemise blanche et découvrit un ventre qui grossissait à vue d’œil et qui le faisait manifestement souffrir étant donné les petits cris qu’il poussait. Tandis que les deux hommes s’attendaient à voir l’abdomen du commis exploser, il fut comme dissous, rongé par une nuée indescriptible. Partout sur son corps sa peau était rongée. De la mousse commença à sortir de la bouche du jeune homme. En quelques secondes tout son corps fut englouti sous cette nuée grouillante.

Se reprenant, Westwood tira à plusieurs reprises sur la monstruosité. Mais ses tirs ne semblaient pas avoir d’effet.

« - Bordel ! C’est quoi cette merde ? » jura-t-il.

« - Ce Jéricho a démultiplié le nombres de bactéries présentes dans son organisme » dit alors Stephen.

« - Des bactéries ? » fit pensivement Westwood.

Qu’avait-il dans son arsenal restreint pour combattre des bactéries ? Il n’avait pas de détergent sur lui ... mais il devait forcément y en avoir dans cette salle. Il regarda à droite et à gauche pour en trouver un bidon lorsqu’il vit Stephen avancer d’un pas. Il l’observa et vit que ses yeux rayonnaient d’orange.

« - Lauoho o Pele ! »^{[Note 1]} prononça-t-il calmement alors que la créature commençait à s’étirer vers eux.

De fins filaments rougeoyants apparurent de nulle part et vinrent enserrer la créature microbienne. Au contact de ces filaments, la créature s’embrasa instantanément. En quelques secondes, les filaments, pareils à des cheveux, consumèrent entièrement la créature, n’en laissant pas même des cendres.
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Bureaux

Après avoir complètement désagrégé la Copper Maiden sous les yeux de Giaz, Wade reprit sa marche rapide vers le fond du couloir où il avait vu disparaître un tentacule muni d’un œil.
Arrivé au fond, il vit qu’un escalier menait à l’étage supérieur. Sans hésiter, Wade gravit les marches pour arriver dans un couloir en tous points similaires avec celui de l’étage en-dessous. Mais ce qui retint son attention fut ce fameux tentacule qui se retourna vers Wade et se rétracta à nouveau à l’autre extrémité du couloir pour le fuir ... ou l’attirer dans un piège. Wade en avait conscience mais il ne semblait plus craindre une telle possibilité.

Alors qu’il traversait l’étage, il fut soudainement frappé par un rayon d’énergie verte qui le propulsa vers un bureau à sa droite. Ne lui laissant pas le temps de se rétablir, deux puissants bras aux reflets métalliques l’immobilisèrent. Wade eut beau essayer de se dégager, la créature le tenait fermement. C’est alors que Wade vit l’entité qui lui avait tiré dessus. De part son corps fluet, on pouvait deviner aisément qu’il s’agissait autrefois d’une femme. Son corps irradiait de la même énergie qui l’avait frappé. Elle s’approchait lentement de lui, les mains en avant. Plus elle s’approchait de lui, plus Wade sentait une chaleur envahir tout son être comme un feu ... un feu nucléaire qui commençait à faire bouillir la chair qui lui restait.

Comprenant la nature de cette énergie, il ne désirait pas perdre les vestiges de son humanité. Passant tant bien que mal ses mains dans le dos, il se saisit de ses faux et les déploya ... mais ses lames se heurtèrent au cou massif du golgoth qui le maintenait sans parvenir à l’entailler. De quel métal était-il donc fait ? Et pourquoi il ne semblait pas ressentir la radioactivité à laquelle il était immanquablement soumis également ?

De son côté, Giaz vit une créature gazeuse se dresser sur son chemin. Wade avait dépassé le bureau qui lui servait de tanière sans la remarquer. La créature était composée d’un gaz jaune pâle et le reptiloïde se demandait bien comment il allait pouvoir l’affronter lorsqu’il fut en proie à une violente toux. Regardant le sol, il vit des gouttes de sang, son sang. Il comprit alors que c’était dû au gaz dont était composée la créature.
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Salle de vie commune

Profitant de son agilité et de sa petite taille, Blanche vint à bout du mastodonte sans trop de difficultés en lui plantant une machette dans la tête et l’autre dans le cœur.

Alors que Blanche savourait sa victoire, une jeune femme se présenta à eux. Rapidement, elle se mit à saigner du nez, des oreilles, de la bouche et des yeux avant de saigner par tous les pores de sa peau. Jeremiah et Blanche observèrent la scène non sans une certaine colère de voir des êtres humains ainsi torturés avant leur mort. Complètement exsangue, la jeune femme tomba au sol, décédée. Quelques secondes s’écoulèrent durant lesquelles rien ne bougea. Puis le sang s’anima et forma lentement un golem de sang aux formes vaguement féminines. La créature se déplaça alors particulièrement lentement vers eux.

« - C’est une plaisanterie ? » fit Blanche.

Jeremiah tira sa fille à lui en la saisissant par le poignet. Soudain, la créature attaqua en formant des vrilles de sang et les projetant sur le binôme avec une célérité extrême. Mais c’était sans compter sur le vampire qui ne s’était pas laissé berner par sa lenteur simulée. Le vampire, utilisant son hématokinésie, dévia les vrilles et les retourna tout aussi rapidement contre le golem lui-même. La créature ne souffrit pas de sa propre attaque et reprit sa lente avance.

Dès qu’il comprit à quoi ils avaient affaire, Jeremiah avait pensé à une solution des plus simples pour en finir rapidement. Restant prudent et ne voulant pas avoir un quelconque problème suite à l’ingestion de ce sang animé, finalement, il opta pour une autre solution qui ferait parfaitement l’affaire également.

Tendant la main vers le golem, Jeremiah le força à prendre une forme sphérique. Bien sûr le golem ne manqua pas de se débattre mais c’était chose futile face au vampire. Une fois la sphère formée, le regard de Jeremiah devint vitreux et la sphère sanglante se cristallisa en un instant tout en tombant lourdement au sol. La sphère ainsi complètement gelée, le vampire l’enferma dans une cosse de glace opaque qui permettra de maintenir le golem à une température largement en dessous de zéro.

C’est alors que Blanche renifla l’air ambiant et fit une moue particulièrement expressive.

« - Qu’est-ce qui pue comme ça ? On dirait des œufs pourris ! »
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Dortoirs

Baigné dans un nuage jaune toxique, le Giaz du Mastercorps voyait son cerveau être trituré par la projection mentale de Jéricho. En parallèle Sandora avait maille à partir avec le colosse métallique et la créature émettant des flashs de lumières aveuglants.

Complètement déboussolée, la sirène était mise à mal par les coups de bélier du colosse. Le duo infernal ne lui laissait pas de répit et comptait bien la tuer. La jeune femme n’avait jamais autant ressenti cette sensation de mort imminente que lors de son combat contre Füller. L’odieux golem l’avait également maltraitée de la sorte ... même s’il n’avait pas eu besoin d’artifices pour l’amener aux portes de la mort. Comment allait-elle éviter de mourir cette fois ? Cela allait se jouer à très peu de choses ; il ne lui faudrait que quelques secondes pour localiser la créature de lumière et l’anéantir pour pouvoir esquiver les ruades du colosse ... mais ils étaient trop synchrones. Déjà elle entendait les lourds pas du colosse se rapprocher d’elle quand soudain une décharge électrique semblable à la foudre se fit entendre ; les pas du colosse cessèrent. La seconde suivante, un jet d’eau aspergeait Sandora, forçant sa transformation. Gagnant un surplus de vitalité, Sandora, bien que surprise, profita du silence relatif de la pièce pour localiser à la façon des chauve-souris la créature de lumière. Sans perdre une seconde de plus, la sirène poussa un cri surpuissant qui désintégra tout sur son passage, jusqu’à la créature de lumière.

Regagnant peu à peu sa vue, elle aperçue le colosse tétanisé, le corps parcouru d’étincelles électriques. Elle tourna alors la tête et vit que le jet d’eau provenait du robinet défoncé d’un évier à proximité. Autour d’elle, elle ne vit personne d’autre. Même si le robinet pouvait n’être qu’une simple coïncidence du fait des ruades du colosse, l’électricité qui le paralysait encore maintenant ne pouvait être que le fait d’une tierce personne. Mais où était-elle donc ?

Sandora allait devoir remettre cette question à plus tard, le colosse recouvrait progressivement sa mobilité.
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Cuisines

Continuant à se brûler volontairement au brûlot des gazinières, la créature se transmutait peu à peu en brume violette, perdant toute consistance.

« - C’est quoi cette saloperie ? » fit Milla.

Frédéric la fit reculer derrière lui.

« - Je m’en occupe, maintiens cette porte fermée à tout prix ! » lui dit alors Frédéric.

Milla prit le relais, regarda par le hublot et vit soudainement surgir le cuistot enfermé à l’intérieur. Ou plutôt ce qu’il en restait. Il n’y avait face à elle guère plus qu’un squelette ensanglanté qui semblait hurler sous la vapeur qui l’entourait, ou plutôt qui émanait de ses propres chairs. Il griffait de ses doigts le hublot de la porte et tentait de pousser.
Bien que compatissante à son sort, elle comprit qu’elle ne pouvait le faire sortir. Elle poussa alors en retour.

Elle entendit alors Frédéric tousser. Ses yeux ruisselaient de larmes ; manifestement le gaz violet était irritant. Ses flammes ne semblaient pas capables de brûler ce fichu gaz.

C’est alors que Milla sentit une violente poussée sur la porte qui s’entrouvrit de quelques centimètres. Milla se transforma en lycanthrope et la referma immédiatement. Elle releva la tête et vit que le squelette était complètement décapé mais toujours debout à pousser contre la porte. Comment pouvait-il exercer une telle force ? C’est alors qu’elle vit comme une radiation autour du squelette. L’instant d’après, une nouvelle poussée se fit sentir sur la porte. La créature provoquait des déflagrations de chaleur. La chambre froide ainsi close jouait le rôle d’un autocuiseur ; la pression augmentait à chaque déflagration. Combien de temps allait-elle pouvoir tenir ? Milla l’ignorait mais elle devait tenir le temps que Frédéric se charge de la créature de gaz.

Ce dernier semblait cracher ses poumons, plié en deux, nimbé du gaz violet. Sa régénération accélérée lui épargnait d’être complètement intoxiqué mais il était pour le moment neutralisé. Ses flammes normales ou rouges n’avaient pas d’effets sur l’entité gazeuse ... ou du moins, Frédéric ne les poussait pas assez pour qu’elles le soient. Bien sûr avec sa flamme suppressive, il pourrait s’en débarrasser mais Milla était trop proche de lui. Le gaz autour de lui s’insinuait en lui avec insistance à chaque toussotement ou respiration. Soudain, Frédéric comprit ce qu’il devait faire. Il n’avait utilisé cette technique qu’une seule fois auparavant et il en était ressorti grandement affaibli mais c’était sa seule option pour s’en débarrasser sans mettre Milla en péril. Il prit alors de grandes inspirations, respirant le gaz à pleins poumons qui s’engouffra en lui à toute vitesse. Après quelques inspirations de ce genre, s’empêchant au possible de tousser, Frédéric bloqua sa respiration. Il augmenta ensuite sa température interne. Sa peau noircissait par endroits sous l’effet de sa combustion interne. En lui, il sentit que l’entité de gaz tentait maintenant de s’échapper de son corps. Il était sur la bonne voie. Dans un dernier effort, Frédéric déclencha ses flammes cannibales en lui. Se métamorphosant en lycanthrope, il poussa un hurlement de rage et de douleur mêlées. Un feu écarlate sortit alors de sa gueule. La seconde d’après, Frédéric s’immobilisa. Le gaz en lui avait été entièrement consumé. Il redevint humain avant de tomber dans les vapes.

« - FRÉDÉRIC !! » cria Milla alors que la créature dans le frigo enchainait les déflagrations.
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Note 1 : "Lauoho o Pele" signifie en tahitien "Cheveux de Pélé". C’est une formation volcanique issue d'une gouttelette de lave très fluide qui s'étire en de longs et fins filaments sous l'action du vent. A côté de ça, Pélé est également la déesse hawaïenne du feu.
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A suivre dans le chapitre 461 : Alma, part 4 : Molybdène