Terre 593 - Future Chine - Fengdu - Année 1275

Tandis que la future Chine voyait son royaume être réunifié sous l’empire mongol, près de deux siècles après la précédente, une nouvelle guerre sainte se déroulait dans le plus grand secret. Le premier acte de cette guerre ignoble allait s’achever sur une autre montagne, une montagne également considérée comme une porte menant aux Enfers. Mais cette fois, l’enjeu était différent. Les chevaliers s’étaient déjà engouffrés dans le puits sans fond vers l’Hadès. Ne résidait à ses abords qu’un unique chevalier, le chevalier d’or de la Balance dénommé Ceartas.
En son temps, Absalom avait finalement trouvé un digne successeur qui lui-même avait transmis le flambeau pour en arriver à Ceartas. Chacun de ces successeurs comprenait à quel point c’était un honneur d’hériter de l’armure de la Balance et en signe de respect, le successeur direct à Absalom choisit de porter le même masque que son maître. Ce signe de respect se mua en tradition au fil des générations.
Le but de Ceartas était d’empêcher les trois juges de retourner en Enfer et permettre aux siens d’atteindre le dieu moribond et d’en finir avec cette sale guerre.

Les trois juges approchèrent de la position de Ceartas avec calme et assurance. De son côté le chevalier de la balance était prêt à combattre. Il ne doutait pas et ne semblait pas redouter le combat dantesque qui allait avoir lieu.

« - Tu t’es perdu, jeune homme ? » lança Éaque, narquois.

En guise de réponse, Ceartas se munit des deux nunchakus de son armure et les plaça sous ses aisselles.

« - Et qu’est-ce que tu comptes faire seul face à trois juges, espèce d’idiot ? » lui demanda Rhadamanthe.

Mais Ceartas ne répondit pas, concentré et sur le qui-vive.

« - Cela suffit ! Les autres déchets de son engeance sont en train de progresser en Enfer pour atteindre notre Seigneur ! Je vais rapidement mettre un terme à cette mascarade ! Cosmic Marionnetion ! » proclama Minos.

Réactif, Ceartas détruisit tous les fils de cosmos venant à son encontre à l’aide de ses nunchakus. Ce fut quelques instants d’une danse meurtrière qui s’effectuèrent sous les yeux des trois juges. Pas un seul fil de cosmos ne l’atteignit, pas même celui qui avait mis à terre Absalom plus de deux siècles auparavant.

Une fois la menace écartée, Ceartas lança ses nunchakus avec vigueur sur les trois juges, les forçant à s’écarter les uns des autres. Ayant reporté leur attention sur les deux armes, ils furent stupéfaits de les voir revenir dans les mains de Ceartas ... qui s’était élancé sur eux. Rengainant ses armes, il prit l’un de ses triple rod pour éloigner un peu plus les juges. Puis une fois assez éloignés, il se saisit de son autre triple rod et commença à jouer des deux armes avec une habileté hors norme, jouant sur leur aspect et les faisant alterner entre forme relâchée et forme contractée sous forme de bâton.

Complètement dépassés par un tel virtuose, les coups commencèrent à faire mouche ... et avec chacun d’entre eux des parties de surplis volaient en éclats.

Au bout d’un moment, les juges se reprirent et prirent la mesure de ses coups. Ceartas s’en aperçut et les laissa approcher de lui. Les trois juges se jetèrent sur lui ensemble. Au dernier moment, Ceartas fit reprendre à ses triple rod leur forme contractée. Il les pointa sur les abdomens de Rhadamanthe et Minos pour les bloquer dans un premier temps ... avant d’utiliser une puissance musculaire hors norme pour les repousser tous les deux tout en propulsant et lâchant ses armes.
Quant à Éaque, il parvient à lui enserrer le cou entre ses mains. Souriant, le juge commença à le soulever du sol. Ceartas porta ses mains sur les poignets d’Éaque.

« - Retire donc ta muselière et montre nous ton visage, chien, avant que je ne te tue ! » cracha Éaque, sûr de sa prise.

Se sachant en grand danger, Ceartas joua le tout pour le tout. Il lâcha l’un des poignets du juge pour se saisir de l’un de ses tridents et le lui enfoncer dans le ventre. Déjà en piteux état, le surplis n’offrit aucune résistance et les pointes du trident ressortirent dans le dos du juge.

Celui-ci perdit toute force dans ses mains et relâcha Ceartas qui put remettre pied à terre. Mais il n’eut pas le temps de reprendre son souffle que déjà les deux autres juges se lançaient sur lui tels des fauves affamés. Tentant de retirer son trident, quelle ne fut pas la surprise de Ceartas en sentant Éaque le retenir avec une force inouïe étant donné sa blessure fatale. Éaque releva difficilement la tête. La bouche en sang, il se mit tout de même à sourire.

Ceartas n’était pas dupe, il comprit de suite l’intention du juge qui était de l’immobiliser ne serait-ce qu’un bref instant pour que ses deux comparses puissent le frapper de toute leur puissance.

« - GREATEST CAUTION ! GIGANTIC FEATHERS FLAP ! »

Réactif, Ceartas lâcha son arme et fit brûler son cosmos plus intensément au moment où le souffle des deux attaques se précipitait sur lui tel un fauve enragé. N’ayant pas le temps de prendre ses boucliers fermement, Ceartas croisa les bras devant lui pour se protéger un maximum derrière les boucliers fixés à ses avant-bras.

La déflagration dissipée, Ceartas se retrouva en piteux état. L’un des boucliers était fendu de toutes parts tandis que celui qui était devant avait éclaté. L’un de ces éclats avait profondément blessé le gold saint dont le visage portait une large et profonde entaille, lui balafrant le visage de bas en haut sur tout le côté gauche, fendant sa protection buccale et lui crevant l’œil.

Face à lui, les juges Rhadamanthe et Minos étaient essoufflés mais souriaient de voir l’état pitoyable de leur adversaire. Derrière lui, Éaque avançait plié en deux après avoir retiré le trident de ses entrailles.

« - Tu t’es grandement surestimé, déchet » lui cracha-t-il.

Les épaules de Ceartas s’affaissèrent, signe qu’il n’en pouvait plus. Il leva un bref instant son regard vers le ciel. Sa constellation brillait intensément ; ce n’était pas encore son heure. Se reprenant, il se redressa et se débarrassa de la partie supérieure de son armure jusqu’à la ceinture.

« - Voilà maintenant qu’il retire son armure, l’imbécile ! » fit Minos.

« - L’approche de sa mort doit l’avoir rendu fou » conclut Rhadamanthe.

Mais Éaque n’ajouta rien, ce qui surprit ses collègues. Non, le juge voyait apparaître quelque chose de tout à fait singulier sur le dos de Ceartas ; le tatouage élégant, presque calligraphié d’une balance apparaissait sur son dos à mesure que le gold saint faisait brûler son cosmos.

Déployant son cosmos à son extrême limite, Ceartas émit pour la première fois du combat un son ... non, un cri : « - SEKI SHIKI CORCUTOS YOBIDASHI ! »

Des volutes de cosmos sortirent du sol comme des fumerolles avant de prendre formes humaines ... pas des humains lambdas.

« - Qu’est-ce que c’est que cette technique ? » fit Minos.

« - Ce sont des défunts, son cosmos à attiré du Cocyte les cosmos des chevaliers qui s’y trouvaient ! » fit Rhadamanthe, affichant pour la première fois du combat un sentiment de crainte.

« - Du Cocyte ... ? Mais c’est impossible ! » rétorqua Minos, manifestement terrifié.

Les juges n’étaient pas pétrifiés par la vision de ces défunts mais devant la puissance du cosmos du gold saint capable d’aller puiser au plus bas des Enfers. Les manifestations de cosmos se tenaient aux côtés de Ceartas totalement immobiles, n’attendant qu’un signe de sa part pour passer à l’attaque. Ce signe fut particulièrement subtil. Un infime changement dans le cosmos de Ceartas leur suffit, la volonté de tuer.

Les manifestations de cosmos se jetèrent alors sur les juges en se consumant dans leur arcane ultime propre. Les juges tentèrent de répliquer avec leurs attaques les plus puissantes. Une explosion titanesque ébranla la montagne emportant, pulvérisant les trois juges en même temps.

La déflagration dissipée, ne restait plus sur le mont que le corps moribond de Ceartas. Alors que sa vue se brouillait par le sang qui dégoulinait dans son unique œil valide, il vit sa constellation être traversée par une étoile filante ; sa fin était proche. Il allait pouvoir se reposer.
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Note 1 : Ceartas de la Balance - Chevalier du XIIIème siècle, Son nom d’origine irlandaise signifie "Justice".
Seki Shiki Corcutos Yobidashi (Jap.) = Invocation des Esprits du Cocyte
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A suivre dans le chapitre 494 bis : Éducation !