Terre 7734 - Jérusalem - Mont Sion

Depuis plusieurs minutes, Jeremiah et Neralu échangeaient les coups dans un affrontement acharné. Le vampire avait beau le couper, le trancher ou l’éviscérer, le démon métamorphe enchaînait les transformations pour contrer le gel envahissant du vampire. Quant au vampire, bien que décontenancé par les formes diverses et variées qu’adoptait son adversaire, il parvenait à esquiver la majeure partie des attaques. Il s’assurait que celles qui portaient n’étaient pas en vain. Chaque contact dans un sens comme dans l’autre entre les deux opposants se caractérisait par un gel rapide de la zone de contact.
Mais au bout de quelques minutes, aussi proche d’une bouche des Enfers, Jeremiah semblait commencer à peiner ... ce que ne manqua pas de remarquer le démon.

« - Tu t’épuises, dents longues ? Quelle connerie de venir affronter un démon sur le seuil de son terrain de jeu ! » fit-il avec arrogance.

Mais Jeremiah ne répondit pas et ne réagit pas immédiatement. Ce ne fut que lorsqu’il se mit à sourire que Neralu compris que quelque chose n’allait pas. Ses pieds ... ou du moins les appendices locomoteurs en cours d’utilisation semblait adhérer de plus en plus au sol.

« - Qu’est-ce que c’est que cette merde ? » jura le démon.

« - Vous autres démons ne savaient que détruire et ne laisser que des cendres derrière vous. C’est dans votre nature ».

Autour d’eux les nuées de cendres qu’ils soulevaient à chacun de leurs pas semblèrent s’immobiliser.

« - Vous pensez qu’une fois réduit en cendres, il n’y a plus rien. Mais c’est faux, les cendres c’est encore quelque chose. Quelque chose que je peux geler et donc manipuler ».

Les cendres se mirent à scintiller avant de virevolter de plus en plus vite autour d’eux telles des paillettes prises dans un violent ouragan. Ces "paillettes" devinrent rapidement aussi tranchantes que des rasoirs qui entaillèrent superficiellement la peau de Neralu.

« - Ah ! Ha ha ! Ha ha ha ha ! Et c’est tout ? Tu comptes me tuer à coups d’estafilades insignifiantes ? »

« - J’ai remarqué que tu faisais changer à grande vitesse les parties de ton corps que mon froid imprégnait afin de les réchauffer ... Comment comptes-tu faire lorsque l’intégralité de ton corps sera pris par mon gel ? »

Neralu cessa de rire et encore moins de sourire. Il compris avec stupeur où voulait en venir le vampire. Déjà il sentait son corps se raidir. Il posa les yeux sur son corps qui peu à peu blanchissait.

« - Non ! NON ! Tu ne m’auras pas ainsi ! »

Neralu commença alors à changer entièrement de forme à plusieurs reprises afin de réchauffer l’intégralité de son corps. Mais plus il changeait, plus la transformation suivante était lente et plus il paniquait. Inconsciemment, il s’étirait vers le ciel comme pour échapper à l’ouragan givrant jusqu’à ce qu’il cesse de s’étirer.

« - Je ne suis pas quelqu’un de sadique, mettons fin à ce combat au plus vite » fit le vampire en tendant une main vers lui.

De sa paume rayonna une glace scintillante qui s’aggloméra en une boule avant d’être propulsée sous la forme d’un rayon. Celui-ci frappa Neralu là où Jeremiah estimait qu’était encore sa poitrine. Le rayon le transperça brièvement avant de se figer et de prendre l’aspect d’un pieu de glace. Finissant de le geler de l’intérieur, le vampire ferma son poing et la glace se brisa en mille morceaux. C’en était fini de Neralu.

Tandis que Reinhardt avait un genou au sol, Nero observa la fin de son frère sans broncher.

« - Tu vois ton frère se faire tuer et tu ne réagis pas ? »

« - Pourquoi le ferais-je ? S’il est mort c’est qu’il était faible, cela laisse plus de place aux forts ! » répondit froidement Nero en se retournant vers Reinhardt.

Il décocha alors un puissant coup de poing à Reinhardt qui l’envoya valdinguer à quelques mètres plus loin.

« - Hé ... hé hé ! Ça t’affecte quand même, malgré tout ».

« - Neralu a toujours été faible et sa mort m’importe peu. Ce qui me contrarie c’est l’idée que tuer l’un des fils de Nergal soit aussi aisé. D’autres penseront que je le suis aussi, et cela je ne puis l’accepter. Je vais devoir faire un exemple ! » fit Nero en s’avançant, menaçant, vers Reinhardt.

« - Ha ! Et tu crois que je vais te laisser me tuer peut-être ? »

Reinhardt bondit alors sur Nero et le frappa de toute sa vitesse et sa puissance possibles. Mais chaque fois qu’il levait la main sur Nero, elle se retrouvait comme un peu plus écorchée encore. Peu importe quelle fut la puissance avec laquelle il frappait, ou la vitesse avec laquelle il portait ses coups, le résultat était le même. Frapper Nero revenait à se blesser soi-même.

Reinhardt alternait les pouvoirs qu’il avait en sa possession, même ceux des démons les plus insignifiants. Tout était bon pour tenter de déstabiliser Nero ... mais des essences démoniaques, il n’en possédait qu’une douzaine. Comme le lui avait dit son adversaire, cela n’était rien comparé aux milliers d’essences que Nocturne détenait autrefois.

..oO( Maissss-il ne m’avait pas moi !) fit alors une voix insidieuse dans sa tête.

Reinhardt s’immobilisa alors.

« - Non ! Pas toi ! » s’écria Reinhardt.

..oO( Sssssi ! Il est temps !)

« - J’avais pris mes précautions ! »

« - L’ombre de la mort t’as t’elle fait sombrer dans la folie ? » demanda Nero.

« - FERME TA GUEULE, TOI ! C’est pas à toi que je parles ! »

..oO( Des précausssssions que tu as transsssgressssées pour le combattre lui. Regarde ta main !)

Reinhardt porta immédiatement son regard à sa main gauche. La tache s’était répandue et recouvrait dorénavant l’intégralité de sa main. En face de lui, Nero fut étonné par ce phénomène mais ne resta pas sans agir.

Immédiatement, il appliqua une force invisible et écrasante sur les épaules de Reinhardt qui fut écrasé contre le sol sur l’instant. La seconde d’après, Nero propulsait Reinhardt contre les ruines d’une bâtisse ... qu’il traversa. Puis le démon le ramena devant lui et le compressa une nouvelle fois contre le sol.

« - Je ne sais pas ce que tu prépares mais je ne vais certainement pas rester là à le découvrir ».

Via la matière noire, Nero manipulait la gravité et créait des anomalies surpuissantes et particulièrement localisées. Mais ce n’était pas le seul pouvoir en sa possession. Il était capable de créer un champ d’énergie noire qui téléportait instantanément tout ce qui entrait en contact avec lui à des milliards de kilomètres. Cela donnait l’impression d’être un champ désintégrateur ... et c’est ce que Reinhardt allait ressentir à l’instant.

Maintenant Reinhardt les pieds au sol via une singularité gravitationnelle, il le repoussait en sens inverse via un champ d’énergie noire. Reinhardt avait l’impression d’être piégé dans un geyser d’énergie qui le décapait parcelle par parcelle. La douleur physique était indicible et celle qu’il endurait à empêcher Pestilence de sortir semblait l’être tout autant.
Quitte à mourir, il ne le ferait pas en abandonnant son corps à un autre.

..oO( Sssssi tu ne me laisssssses pas les commandes, on va mourir tous les deux !)

« - JE T’EMPORTERAI AVEC MOI ALORS !!!! »

« - Ça, je ne le crois pas ! » répliqua Nero.

Mais Reinhardt ne l’entendait pas. Mis au supplice comme il l’était il ne pouvait plus entendre raison. Son corps était mis à vif et la seule chose qui le faisait tenir c’était de se focaliser sur Pestilence. Toute sa ténacité, toute sa volonté se concentrait sur le cavalier.

Alors que Nero s’appliquait à désintégrer méticuleusement son adversaire, son attention fut soudainement détournée. L’air venait subitement de se rafraichir. Instinctivement, il leva les yeux au ciel et vit des lames de glace fondre sur lui. Vif d’esprit, il se fondit précipitamment dans la matière noire pour esquiver le soudain assaut ... laissant Reinhardt retomber vers le sol ... avant d’être intercepté par les bras de Jeremiah.
Les yeux de Reinhardt avaient été endommagés et ne voyait pour ainsi dire plus rien. Pourtant, la froideur des bras qui le soutenaient était sans équivoque.

« - Jere ... miah ... ? »

« - Oui ! C’est moi ! Repose-toi, je prends le relais ! » fit le vampire en le déposant au sol délicatement.

« - Quelle présomption de ta part ! » rétorqua Nero en réapparaissant.

« - N’as tu pas fui brièvement ? »

« - Pur réflexe instinctif ».

« - Je dirais que c’était plutôt le premier geste intelligent depuis notre arrivée ici ».

« - Tu m’as pris par surprise une fois, cela ne se reproduira plus ! »

« - En es-tu si sûr ? » répliqua Jeremiah dont le regard s’était vitrifié.

Nero leva brièvement les yeux au ciel et vit des myriades de lames de glace en suspens.

« - Humpf ! Même si tu les abattait toutes d’un coup, cela serait inutile » jugea Nero avant de reporter son regard sur le vampire ... et d’être à nouveau stupéfait.

Jeremiah avait formé des collerettes de lames de glace qu’il manipulait gracieusement autour de lui. Un spectacle époustouflant et féerique ... mais tout autant mortel. Nero fut brièvement stupéfait par la rapidité avec laquelle son adversaire avait déclenché cette technique. Jeremiah profita de cette ouverture minime et fit pleuvoir son déluge de glace. Tandis que l’attention de Nero fut détournée vers le ciel, le vampire fit faire des circonvolutions à ses collerettes avant d’expédier toutes les lames qui les composaient.

Du coin de l’œil, le démon vit le vampire s’exécuter ... mais à aucun moment, il ne fut inquiété. Le démon se contenta de déployer son champ d’énergie noire et tous les projectiles éclatèrent dessus.

« - Contre quelqu’un d’autre, cette tactique aurait été mortelle, je le reconnais. Malheureusement pour toi, tu affrontes l’aîné de la fratrie et je ne porte pas ce titre pour rien ! »

Nero avança sur Jeremiah. N’importe qui d’autre, face à cette créature infernale infusée du mal le plus vicieux possible, aurait connu un instant de terreur plus ou moins long. Mais Jeremiah en avait vu bien d’autres durant sa longue existence. S’il n’avait pas plié face au Vagabond Rouge, ce n’était pas ce démon qui le ferait.
Soulevant les éclats de glace épars, il les renvoya droit sur Nero ... ou plutôt son champ de force. Le démon souriait à voir ses pathétiques efforts. Néanmoins il s’immobilisa ... contre son gré. Ce qu’avait remarqué le vampire c’était que le démon marchait. Il n’était pas en lévitation à quelques mètres au-dessus du sol, non, il marchait bel et bien dessus ... ce qui ne pouvait signifier qu’une chose, son champ d’énergie noire ne formait pas une sphère totale sinon il n’aurait plus de sol où marcher. C’était donc à nouveau par l’intermédiaire du sol que Jeremiah agressa son ennemi et commença à le geler.

Mais Jeremiah se doutait bien que cela ne suffirait pas. Il avait bien compris que Nero était d’une autre trempe que Neralu. Ainsi, le temps que le démon se dégage de sa glace, Jeremiah entreprit également de l’aveugler. Puisque son adversaire était immobilisé, il était aisé de former une sphère de glace autour de son champ.

« - Me geler les jambes, me voiler la vue ... est-ce tout ce dont tu es capable ? » demanda Nero avant d’éclater la gangue de glace de ses jambes et d’étendre son champ de force pour pulvériser la sphère.

Nero eut tout juste le temps de voir son adversaire tendre le bras droit vers le ciel qu’une gigantesque explosion de glace retentit et enferma tout le paysage dans une épaisse couche de glace. Aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du champ d’énergie noire.

Engourdit par ce froid si mordant ... ou plutôt dévorant, Nero accusa le coup durant quelques instants avant de sortir de cette léthargie mortelle. Tandis que tout ce qu’il voyait n’était que de la glace, que son corps était entièrement prisonnier malgré ses efforts pour se dégager, il vit soudain apparaître une fine raie lumineuse à travers la glace. Le démon n’eut pas le temps de comprendre ce que c’était que toute la glace éclata en un instant.
Face à lui se tenait debout Jeremiah, le bras droit tendu vers lui, tenant une épée gigantesque dont la pointe le menaçait. Tandis que sa vue était dégagée, il ne voyait plus Reinhardt. Avait-il été congelé lui aussi avant d’exploser en mille morceaux ?

« - Tu as perdu, rends-toi maintenant ! » fit le vampire.

« - Et pourquoi me rendrais-je ? J’ai échappé à ta glace et ... »

C’est alors que Nero ressentit une terrible douleur que le froid avait retardé. Son bras gauche avait été tranché et réduit en miettes lorsque la glace avait explosée. Des cristaux de glace se répandait sur son pectoral au fil des secondes. Le démon compris enfin que l’épée que son adversaire tenait n’avait pas fait que le menacer mais qu’elle était à l’origine de ce déferlement de puissance cryogénique et de sa tranchante interruption.

Bien que la douleur était indicible, Nero se contenta de serrer les dents et de froncer les sourcils. Il ne porta pas même la main à son moignon car il savait que c’était une mauvaise idée ; elle serait instantanément prise dans la glace galopante.

« - Si tu te rends, seul ton bras tu perdras » reformula Jeremiah.

Nero se redressa de toute sa hauteur et regarda le vampire d’en haut. Puis son regard se posa sur Reinhardt dont le corps se remettait à vue d’œil des injures subies. Bien qu’il se retenait ... ou plutôt qu’il retenait ce qui était en lui, Nero comprenait que c’était du même ordre d’inconnue qu’il n’avait pu prendre en compte faute de le savoir. Il regarda alors son frère Noche combattre. Bien qu’il ait encore le dessus, Nero devinait que la femme contre qui il se battait donnait tout son potentiel dans ce combat ... contrairement à l’homme qui l’accompagnait. C’était comme s’il éveillait progressivement une puissance endormie en lui. La fratrie des fils de Nergal n’avait pas pu être plus mal préparée. Comment cela avait-il été possible alors que Nosht avait visité les tréfonds de l’esprit de l’un d’eux ?
Soudain, Nero compris ce que Reinhardt lui avait dit avant de combattre, Nosht les avait trahis en cachant volontairement une information cruciale à leur sujet. L’air mauvais de Nero se renforça soudainement avant de reporter son regard sur Jeremiah.

« - J’admets vous avoir sous-estimé ... Je ne referais plus cette erreur ! »

A ces mots, Nero disparut dans la matière noire.

« - Où est-il ? » demanda le vampire à son camarade.

Mais en tournant la tête vers Reinhardt, il vit que ce dernier s’était également fondu dans la matière noire, le laissant en plan.
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Quelques minutes plus tôt

« - Bien ! Je constate que c’est la chienne qui désire subir sa première leçon de dressage ! Allons-y ! » déclara Noche.

« - C’est ta technique de drague que de mal parler à la gente féminine ? » répliqua Milla, se jetant sur lui de toute sa taille.

Mais Milla n’eut pas le temps de l’atteindre qu’il s’était déjà fondu dans l’ombre imposante que projetait Milla. Se récupérant à quatre pattes avant de se redresser, Milla regarda de toutes parts pour retrouver sa cible.
Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’elle décèle sa présence ... dans l’ombre de Frédéric.

« - C’est presque trop facile ! » fit Noche faisant mine de lever les mains vers la nuque de Frédéric.

Mais c’était sans compter sur la réactivité de Frédéric qui s’enflamma en un instant. Quelle ne fut pas sa surprise de sentir tout de même les mains du démon sur sa nuque.

« - Comme je le disais : trop facile ! »

« - Frédéric ! »

Bien que stupéfait, Frédéric se repris.

« - Il est vrai que vous autres démons n’avaient pas peur du feu ... »

« - C’est le moindre que l’on puisse dire ! » rétorqua Noche.

« - Très bien ! Que dis-tu de cela ? »

Frédéric passa ses flammes en flammes suppressives ... mais encore une fois, Noche ne semblait pas y être sensible. Frédéric écarquilla des yeux à cette révélation.
Comprenant que son amant était en mauvaise posture, Milla se jeta à corps perdu sur Noche. Mais le démon avait prévu le coup et était resté vigilant. Se libérant une main, il la dirigea droit vers Milla. Presque immédiatement, Milla fut repoussée comme si un geyser d’énergie invisible l’avait frappé. Un geyser qui l’aurait consumé si elle n’avait pas fait la taille qu’elle avait adopté depuis le début. Sa poitrine était grièvement brûlée et les chairs entamées en profondeur.

« - MILLA !!! »

« - Oh la ferme ! »

Noche plaqua alors violemment Frédéric au sol dans un nuage de cendres.

« - C’est ce qui arrive lorsqu’on se frotte à des démons ! On se brûle ! »

Le regard de Frédéric se releva autant qu’il le put pour dévisager Noche. Soudain, une rage incommensurable envahit son être. Une rage qui fit rougeoyer son regard. Noche fut intrigué sur l’instant lorsqu’il vit les flammes suppressives se disperser, comme soufflées par un feu encore plus intense, un feu rouge sang. Un feu dont les flammes dévoraient le bras de Noche comme un banc de piranha dévorent un steak juteux jeté à l’eau.
Noche lâcha la nuque de Frédéric et cria de douleur.

« - Tu sais l’erreur que tu as commises ? » fit Frédéric alors qu’il se relevait.

« - Tu as osé blesser la femme que j’aime ! » ajouta-t-il en se relevant complètement et déclenchant une colonne de flammes rouges dévorantes.

Aussi proche de Noche, Frédéric pensait sincèrement l’emporter dans ce déferlement de puissance brute. Mais ce ne fut que lorsqu’il dispersa ses flammes qu’il comprit que tel n’était pas le cas. Ses flammes n’avaient rien trouver d’autre à dévorer que son propre corps. Tel était le coût de ce pouvoir.

Le démon louvoyait dans la matière noire environnante dans laquelle il s’était fondu.

« - Comptes-tu te cacher encore longtemps dans l’ombre comme un lâche ? » lui lança Frédéric.

« - Je ne me cache pas dans l’ombre, elle ne fait que me régénérer » fit alors Noche ressortant de la matière noire, le corps indemne et entièrement remis.

Frédéric serra les dents. Ses flammes cannibales était ce qu’il lui avait réservé en dernier recours ... mais cela n’avait pas été suffisant. Il allait devoir puiser dans les ressources de son cavalier ... mais pas de trop pour ne pas devoir lui laisser les rênes. Cela allait s’avérer être un exercice d’équilibriste périlleux. C’est alors qu’il vit Noche lever la tête vers le ciel.

« - Je vais te faire une confidence, guerrier loup. Ma famille se complait dans l’obscurité ... mais je suis une exception ... J’adore la lumière ! »

Noche leva le bras et déclencha comme une onde de choc droit vers les cieux, créant une trouée dans l’épais manteau de cendres volcaniques. Une colonne de lumière s’abattit alors sur le théâtre du combat, baignant Noche.

« - Je m’en repais ! » fit-il avec un regard galvanisé en regardant Frédéric droit dans les yeux.

Frédéric compris alors qu’il n’avait plus le loisir de doser minutieusement les ressources qu’il allait ponctionner sur Guerre. Il devait tout donner, tout de suite.
Alors que ses flammes s’assombrissaient à vue d’œil, un poing, non tout un avant-bras surgit soudainement de la poitrine de Noche. Ce dernier s’immobilisa, incrédule.

« - Comment ... as-tu ... fait pour ... m’atteindre en ... pleine lumière ... ? » fit-il.

« - Disons qu’un démon extérieur à cette famille m’a donné une petite leçon » répondit alors Reinhardt avant d’engouffrer son deuxième bras à travers la poitrine de Noche, d’agrandir l’orifice et d’arracher le tronc de Noche à son bassin.

« - Ton pouvoir est miens ! ... Où est Nero ? Ce nouveau pouvoir m’a reboosté ! » lança Reinhardt, comme un toxicomane.

Comme pour lui répondre, une gigantesque explosion retentit au plus profond de la vallée de Hinnom ... là où se trouvaient Blanche, Wade, Isaac et Io.

« - BLANCHE !!! » cria alors Jeremiah, accourant aux bords du Mont Sion.

Il s’arrêta net lorsque toute la vallée s’embrasa soudainement. C’était tel l’irruption d’un volcan, la projection de matière magmatique à haute vélocité. Le vampire ne pouvait aller plus loin. La chaleur était telle qu’il ne parvenait plus à avancer. Il n’y avait que peu de doutes sur le destin de ceux encore dans la vallée au moment de l’irruption. Alors que Jeremiah était comme figé, Frédéric l’interpella. Il se retourna pour le voir bondir haut dans le ciel et intercepter une frêle silhouette.
Alors qu’il pensait l’avoir perdu il y a à peine quelques secondes, l’espoir renaissait. Cela ne pouvait n’être que Blanche ... mais il ne pouvait plus attendre. Il s’envola à leur rencontre et interrompit leur chute.
Blanche était encore munie de l’armure réelographique de Io et inconsciente. Le vampire soupira de soulagement.

« - Tu te dis reboosté ? Viens donc mettre tes certitudes à l’épreuve ! » lança Nero.

Ce dernier apparut alors au sein du geyser de flammes. Le vampire eut la stupéfaction de voir que son bras avait repoussé mais ce qu’il tenait au bout de son bras le stupéfia encore plus. Il tenait Wade par la nuque comme s’il fut agit que d’un vulgaire sac d’ordures qu’il jeta au sommet du Mont Sion.
Dans son autre main, il tenait la tête tranchée de Nosht. Il écrasa dans son poing cette dernière, n’en laissant plus que de la charpie.

« - Je suis le premier fils de Nergal ... mais tel n’a pas toujours été le cas. Moi aussi j’ai la capacité d’absorber les pouvoirs. Pas aussi bien que Nocturne, et encore moins bien que Nag. Non, moi je n’absorbe que les pouvoirs des démons issus de ma lignée ! »

C’est alors que Reinhardt compris pourquoi toute cette scène lui semblait surréaliste. Nero avait absorbé les pouvoirs de Nosht et sa capacité de tromper les perceptions par inductions télépathiques.

« - TOUT CA N’EST PAS RÉEL !!! » cria-t-il alors.

Tous tournèrent la tête vers Reinhardt. Le regard de chacun trahissait le même sentiment, celui qu’il avait perdu la tête.

« - IL A ABSORBÉ LES POUVOIRS DE NOSHT !!! CE SONT DES ILLUSIONS !! » insista-t-il.

Mais personne ne semblait le prendre au sérieux. Ainsi, Reinhardt décida-t-il de le démontrer. Il usa des pouvoirs nouvellement acquis de Noche et envoya une onde de choc dans la matière noire en direction de Wade. Sa manifestation s’en trouva brouillée avant de disparaître et de laisser apparaître l’impact sur le sol.
Ne laissant à personne le temps de réaliser, il se téléporta immédiatement jusqu’à Frédéric et Jeremiah et trancha en deux le corps de Blanche qui disparut à son tour comme un songe.

« - Qu’est-ce que ... ? » fit le vampire tandis que Frédéric regardait ses mains, incrédule d’avoir eu la sensation de réellement la porter.

« - Rien n’est vrai ! » répéta Reinhardt.

« - Tu t’avances un peu je trouve ! » fit alors Nero.

« - Ne faites pas attention à lui ! Je ne sais pas où il est mais certainement pas ici ! »

Soudain, Reinhardt fut frappé par une terrible foudre noire. Il tomba vers le sol, le corps fumant et inanimé. Jeremiah le rattrapa avant qu’il ne heurte le sol. Tous se tournèrent vers l’illusion de Nero.

« - Bon sang ! Comment on va faire ? Sans Reinhardt, on est incapable de savoir où il est vraiment ! » fit Frédéric en rejoignant le vampire.

« - Et Isaac est introuvable » ajouta Milla qui se remettait de l’attaque de Noche.

Le rire de Nero se fit alors entendre. Il semblait se délecter de leur désarroi.
Tandis que le trio composé de Frédéric, Milla et Jeremiah tentait de s’orienter vers la vallée malgré les illusions multiples, Nero observa ceux qui étaient autour de lui. De part sa nature singulière, Nero concentrait une bonne partie de ses nouveaux pouvoirs sur Wade afin de le neutraliser. Ce que le démon avait compris c’est que Blanche était immunisée à ses illusions télépathiques mais tant qu’elle était immobilisée par le puissant champ gravitationnel, cela ne lui causerait pas de soucis. A plusieurs mètres de là, gisait les restes agonisants d’Isaac. Le drone était en piteux état, presque coupé en deux. A vrai dire seuls quelques menus câbles semblaient encore relier les parties supérieure et inférieure de son corps. Enfin, il y avait la créature difforme, celle où était emprisonné l’esprit de Miles. La créature qui servait de clef de voûte à leur projet des plus sinistres. Nero s’approcha du monstre.

« - Il est temps que tu effectues ce pour quoi tu es là ! »

« - Zrrrrah deuh viirrrr voutrrrr ! » grommela la créature en le regardant.

Le démon ne fit pas le moindre effort pour tenter de comprendre ce qu’elle lui disait même si les sons, bien qu’inarticulés, étaient audibles. Se plaçant derrière elle, Nero positionna ses mains autour de son crâne. Il observa les cornes qui surgissaient des os pariétal du crâne.

« - On aurait presque pu te prendre pour un démon ... sans ce simulacre d’auréole. Bref ! Commençons ! »

Des doigts de Nero jaillirent des éclairs noirs par dizaines, centaines, milliers. Il l’électrocuta sans relâche jusqu’à obtenir le résultat voulu. Mêlant une vive lumière blanche à une obscure énergie noire, le rayon d’énergie qui jaillissait des entrailles de la créature devint plus difficile à observer directement jusqu’à être insupportable pour une iris humaine.

« - Toi ! Être singulier à la croisée des mondes et ne faisant partie d’aucun. Toi seul pourra accéder à l’innommable ! Projette la lumière des cieux à travers un mortel pour t’enfouir en Enfer et délivrer ce qui a été emprisonné ! »

Le rayon d’énergie s’engouffra avec violence dans la bouche de l’Enfer. Pour la première fois depuis sa création, l’Enfer vit un rayon de soleil nimbé de ténèbres zébrer son ciel de souffre. Il survola les plaines hurlantes, les marécages suintant, les déserts adamantins et les forêts d’aiguilles et de ronces pour plonger dans la Trouée, un cénote aussi ancien que l’Enfer lui-même. La seule percée à travers tous les cercles de l’Enfer qui existe. La rayon de lumière et de ténèbres s’enfonça jusqu’au fin fond de la Trouée, là où l’Enfer n’était plus une ardente torture mais un glacial supplice, le lac de glace Cocyte. Tous les démons qui virent le rayon ne surent quoi faire. Ils furent comme pétrifiés par cette vision, une première dans l’existence de la plupart d’entre eux. Un seul être dans ces neuf cercles ne fut pas impressionné par un tel prodige. Celui devant qui Nergal, le père de Nero, s’adressait comme son roi. Cette créature, ce mal ancien, rouvrit les yeux et se mit à sourire en voyant le rayon frapper la surface du Cocyte et se mettre à le forer.

Au sommet du Mont Sion, Frédéric, Jeremiah et Milla étaient confrontés à des illusions en cascade. Même si elles étaient puissantes et terriblement corruptrices, les trois individus ne se laissaient pas détourner du chemin qui était le leur. Au bout il y avait Wade, Miles, Isaac ... Blanche. Et cela leur donnait la force de garder les idées claires pour tenter d’avancer. Tantôt ils parvenaient individuellement à abattre une illusion, tantôt une interférence se produisait, comme des parasites, causés par le déferlement de puissance qui s’échappait du sacrifié. Mais sitôt ces illusions étaient franchies que Nero en dressait d’autres et les désorientait davantage. Les faisant même reculer alors qu’ils pensaient avancer. C’était sans fin. Jamais ils ne parviendraient jusqu’à la vallée à ce rythme.

Frédéric comprenait parfaitement que ses sens étaient trompés. Que l’attaque télépathique qu’ils subissaient ne lui permettait plus de faire ni confiance à sa vue, ni à son ouïe et ni à son toucher. Il en avait fait l’amère constat en tentant de se priver de la vue en fermant simplement les yeux. Mais les illusions étant de nature télépathiques, il continuait de percevoir quelque chose même les yeux fermés. Se dispenser d’un sens ne réussirait pas là où autrefois ça lui avait réussi. Soudain, il eut une idée. Et si au lieu de tenter de se priver d’un sens, il ne se concentrait que sur un seul, LE seul sens que Nero avait omis de tromper : l’odorat.

Il ne s’était pas servis de son odorat depuis son arrivée sur cette Terre ; l’odeur de la chair en perpétuelle putréfaction emplissant l’atmosphère, il n’avait pas jugé bon de s’en farcir le nez. Alors lorsqu’il décida d’utiliser la pleine capacité de son odorat, qu’elle ne fut pas l’horreur qui lui vint aux narines. Il cru qu’il allait rendre le peu que son estomac contenait. C’était une odeur si puissante, si tenace, s’accrochant à ses cellules olfactives avec fermeté, pénétrant son système respiratoire avec avidité que Frédéric eut la sensation que jamais plus elle ne la quitterait. Peut-être était-ce vrai en un sens. S’il survivait à cette journée, jamais il ne pourra oublier cette odeur infâme. Aussi pénible que cela puisse être, Frédéric entreprit de compartimenter ce qu’il respirait. Il mettait de côté l’odeur des excréments fermentés, l’odeur de fer omniprésente provenant du sang répandu partout sur cette planète. L’odeur insupportable de viande grillée, d’autant plus insupportable qu’il en connaissait parfaitement l’origine. Il distingua alors le souffre dans l’air. Le souffre dont la concentration puante croissante lui permettrait de se diriger vers la vallée. Puis lui vint une odeur plus discrète, plus animale ... Milla ! La jeune femme était devant lui et semblait s’éloigner de lui droit vers là où le souffre se faisait plus concentré. Frédéric pensa alors avoir un train de retard sur elle, qu’elle avait compris à quel sens se fier avant lui. C’était à la fois vrai et faux. La farouche jeune femme utilisait une faculté qu’elle s’était découverte il y a peu. Certes, elle utilisait son flair mais sur un plan différent de celui de Frédéric. Ce plan qui lui permettait de voir les traînées spectrales comme des effluves.

Dès lors, elle put remonter à la source sans difficultés majeures et sans être importunées de la même façon que Frédéric qui avait du mal à la suivre. Au bord du Mont, Milla percevait différentes concentrations spirituelles. Elles étaient de couleur différentes. Il y en avait une qui éclipsait presque toutes les autres et qui s’étendait en ligne droite vers la bouche de l’Enfer. Il y en avait une bleue azur, un esprit humain ... Blanche. Elle reconnut aussi la concentration noire pour l’avoir déjà aperçue chez Frédéric, il devait s’agir de Wade. Et pour finir, il y en avait une rouge, rouge sang, sa cible.
Sans hésiter, Milla bondit du mont et fondit sur Nero. Sous sa gigantesque forme, Milla lui lacéra l’intégralité du dos, de l’épaule au rein opposé faisant lâcher un cri savoureux aux oreilles de la lycanthrope.

Le saut fut d’une telle hauteur, que Milla mis quelques secondes avant de se relever et de lacérer cette fois le buste de Nero qui se retournait vers elle. Une nouvelle fois le démon se mis à crier.

« - SALE CHIENNE ! JE VAIS TE FAIRE RÔTIR JUSQU’À LA MOELLE ! »

Au sommet du Mont Sion, Frédéric tentait de distinguer l’odeur de Nero de celle de Milla. Mais leurs effluves s’étaient mélangées, et Frédéric était bien incapable de dissocier l’une de l’autre. Tandis qu’il levait son bras droit, celui-ci se munissait d’une armure noire aux pointes acérées. Une lame d’ébène se forma dans sa main. Il la pointa vers la vallée mais ne sut pas où viser jusqu’à ce qu’un fin rayon d’énergie turquoise ne zèbre le fond de la vallée, ne heurte et ne perce une silhouette avant de finir sa course sur l’autel du sacrifié.

« - Milla ... » fit Frédéric, craignant le pire.

Le rayon avait perturbé les illusions le temps de son émission mais le lycanthrope n’était pas sûr d’avoir bien perçu ce qu’il avait cru voir.

En bas, dans la vallée, tout était limpide. Pas d’illusions globale, rien que la stricte réalité des choses. Le rayon aussi fin qu’une aiguille avait percé le flan de Nero, lui faisant perdre son sang noir. Le flot se tarit rapidement lorsque Nero appliqua de l’énergie noire pour cautériser sa plaie. Puis le démon tourna le regard vers l’origine du rayon. Il s’agissait d’Isaac. Le drone était en train de se reconstituer petit à petit. Même s’il était loin d’être rétablis, il avait mis de côté sa restauration pour venir en aide à Milla alors qu’elle en avait le plus besoin.

« - Voilà maintenant que c’est le tas de ferraille qui m’attaque. Nnnnnh ! Vous avez vraiment le don pour énerver les gens ! Vous le savez ? » fit le démon.

« - Bien que la blessure infligée soit satisfaisante, ce n’était pas ma cible première » répliqua le drone.

« - Quoi ? » fit Nero stupéfait en comprenant ce qu’il avait visé.

En se retournant, le démon s’aperçut que l’un des liens de rétention du sacrifié était détruit.

« - Non, non, non ! » fit Nero.

Pour la première fois l’aîné de la fratrie semblait perdre son calme inébranlable. Voyant le sacrifié commencer à se débattre pour se libérer, Nero comprit que le projet de son père était en péril. C’était l’idée de décevoir son père qui semblait l’affoler plus qu’aucune autre considération.

« - HEY ! » fit soudain une voix forte.

Sa proximité le fit réagir et Nero se retourna pour voir Reinhardt se dressait face à lui.

« - Il est temps de repartir chez toi ... entre quatre planches ! »

Sans attendre une réaction de Nero, Reinhardt pris la tête de Nero entre ses mains et lui rendit toute la puissance de la foudre noire qu’il avait eut tant de mal à emmagasiner. Cela sembla durer une éternité avant que Reinhardt ne soit complètement déchargé et que Nero ne tombe à genoux, comme brièvement lobotomisé.

« - C’EST TOUT CE QUE J’AVAIS DONC SI QUELQU’UN POUVAIT ME DONNER UN COUP DE MAIN CE ... » commença à crier Reinhardt à l’attention de ses coéquipiers.

Mais Nero se repris plus tôt qu’il ne l’avait espéré et le repoussa à l’aide d’un champ gravitationnel particulièrement puissant. Si puissant que Reinhardt cru qu’un convois entier de semi-remorques lui était rentré dedans.

« - Il m’en faudra plus pour m’abattre ! » cracha Nero en se relevant péniblement.

« - Le plus ? C’est moi, fils de pute ! » fit alors une voix grave dans son dos.

Nero se retourna et vit la créature, qu’il avait offert en sacrifice, libre de ses mouvements, debout et manifestement furieuse. Celle-ci saisit le crâne de Nero entre ses puissantes mains griffues et l’enserra tellement fort que certains de ses os se mirent à craquer avant qu’il ne l’enfourne dans sa cage thoracique encore ouverte et déchaîne toute la puissance qu’il avait retenue jusque-là.
Presque immédiatement, Nero se mit à hurler sous le calvaire de cette énergie qui le faisait griller. Bien qu’il crut endurer cela pendant plusieurs minutes, Nero fut relâcher à peine quelques secondes plus tard. Titubant mais encore bien vivace.

« - J’espère que t’as aimé ... p’tite salope ... moi, j’en peux plus » fit la créature avant de tomber, inerte, sur le sol.

Les chairs de sa tête à vif, Nero avait encore assez d’énergie pour rester debout. Néanmoins, le traitement qu’il venait de subir l’avait particulièrement atteint au point où il ne parvint plus à maintenir ses illusions en place ... sans qu’il ne s’en aperçoive, trop occupé qu’il était à serrer les dents et tenter de souffrir en silence.

« - Je ne mourrais pas aussi facilement » assura-t-il.

« - On y compte tous ! » lui lança Frédéric du haut du Mont Sion.

A peine Nero se retourna-t-il pour voir qui lui avait dit cela que la lame d’ébène qu’avait matérialisé Frédéric le transperça de part en part.
Le démon baissa le regard vers sa poitrine et se mis à tousser puis à vomir du sang.
Péniblement, il releva la tête vers Frédéric, tendit le bras avec l’intention de lui envoyer une foudre noire ... et vit son membre tomber au sol, tranché par l’une des lames aiguisées de Blanche, libérée de l’anomalie gravitationnelle qui s’était dissipée en même temps que les illusions.

« - Sale ... petite ... »

Mais Nero n’eut pas le temps de finir son insulte qu’une pluie de pieux de glace le cribla. Hérissé de pointes blanches, Nero recula de quelques pas, à l’article de la mort. Frédéric rappela à lui sa lame d’ébène et Jeremiah fit fondre ses projectiles. Sous le coup, le démon tomba à genoux, sur le point de rendre son dernier souffle.

« - Je ... reviendrai ... et ... »

« - Je ne crois pas, non ! » lui adressa soudainement Wade.

L’hôte de Mort s’était glissé dans son dos. Le démon connut comme une décharge lui remontant le long de la colonne vertébrale. Il avait oublié la présence de Wade. Lui, en revanche, n’avait pas oublié les illusions dans lesquelles il l’avait enfermé.
Sans donner l’occasion à Nero de se fondre dans la matière noire, Wade lui empoigna la nuque de sa main squelettique et le corps du démon commença à se décomposer à vue d’œil. Enfonçant son autre main par la blessure causée par Frédéric, Wade extirpa l’esprit rougeoyant du démon. Tout en poursuivant la destruction du corps, il dissolu l’esprit de Nero dans ses flammes spectrales.

La fratrie était décimée.
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A suivre dans le chapitre 518 : Miles !