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 Chapitre 416 - Dusyagi

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Jezekiel
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Jezekiel


Messages : 1801
Date d'inscription : 11/03/2012
Localisation : Poitiers, Vienne, France

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30092018
MessageChapitre 416 - Dusyagi

Terre ???

Tandis qu’on le portait comme un fétu de paille, Jeremiah reprenait épisodiquement connaissance. Il rouvrait les yeux l’espace de quelques menues secondes. Les premières fois, tout semblait identique. Tout ce qu’il voyait c’était le dos de celui qui le portait et la végétation luxuriante qu’il foulait.

L’individu qui le portait était fort et puissant ; le vampire sur son épaule ne l’handicapait que très peu. Il semblait avoir l’habitude de porter de lourdes charges sur de longues distances. Il marchait d’un pas leste et silencieux. Plusieurs fois il infléchit sa marche mais il ne semblait pas désorienté, au contraire. Il savait parfaitement où il allait. Manifestement, il connaissait parfaitement cette forêt, les pistes sûres et les endroits à éviter sous peine de faire des rencontres indésirables.

Près d’une heure après avoir trouvé Jeremiah, l’homme hirsute arriva en vue d’une construction humaine : une palissade faite de troncs d’arbres. C’était sa destination. La palissade semblait entièrement encercler un léger promontoire rocheux. L’individu n’était pas surpris par la présence de cette palissade composée de troncs taillés en pointes. A bien y regarder, on pouvait s’apercevoir que tous les troncs n’étaient pas usés de la même manière, un peu comme si la palissade avait été bâtie en deux fois. Une première rangée de pieux orientés vers l’extérieur, complétée par une seconde rangée fermant complètement l’accès.
L’homme hirsute s’immobilisa un instant devant cette palissade. Il se retourna, les sens à l’affût. Il vérifiait que personne ne l’avait suivi, homme ou bête. Puis, il contourna la palissade par la droite jusqu’à un buisson touffu ... qui masquait la seule brèche dans la palissade et qui servait d’entrée et de sortie unique.

Une fois la palissade passée, Jeremiah rouvrit un instant les yeux. Ce qu’il vit fut bien différent des fois précédentes. Il y avait là des râteliers sur lesquels séchaient différentes sortes de poisson, des cadres de bois sur lesquels étaient tendues des peaux de bêtes afin d’être tannées. Il y avait également des huttes, des habitations en bois à hauteur d’une dizaine et plusieurs foyers. Mais surtout il y avait là plusieurs individus, hommes, femmes et enfants. La palissade protégeait un véritable village. Le vampire reperdit connaissance sans que quiconque ne s’aperçoive qu’il avait rouvert les yeux l’espace d’un instant.

Son porteur traversa le village en suscitant l’intérêt de tous ceux qui le virent ... ou plutôt ce fut l’inconnu qu’il portait qui suscita cet intérêt. L’homme l’amena vers une hutte bien particulière. Elle se trouvait au fond du village et était distincte de toutes les autres. Son toit était couvert de peaux de bêtes diverses et variées et son entrée était surmontée d’une tête de mégacéros aux bois imposants.

« - Nu dusyagi baram ! » prononça le porteur de Jeremiah.
< - Maintenant démon-glace moi apporté ! >

La peau de bête qui servait de porte à la hutte s’écarta alors sur un individu contrastant énormément avec celui qui venait de parler. Il était mince et le corps peint à de nombreux endroits. Il portait sur la tête et les épaules la peau d’un tigre à dent de sabre dont les canines proéminentes descendaient devant le visage de l’individu. Dans d’autres circonstances, son regard aurait été qualifié de fou mais ici, dans ce village, il semblait avoir un honneur bien particulier.

«  - Su ! Su ! U gwam ! »
< - Bien ! Bien ! Entre ! >

L’homme entra dans la hutte avec Jeremiah et y retrouva l’homme aux yeux de fou mais aussi deux autres individus qui semblaient l’attendre. Le premier que l’on remarquait était un homme au maintien presque royal. Il portait plusieurs colifichets faits de dents et de griffes de différentes bêtes, que ce soit des bracelets ou des colliers. Il portait une fourrure blanche tachetée sur les épaules faisant penser à la fourrure d’un léopard des neiges. Manifestement, il s’agissait du chef du village. Le troisième homme, celui que l’on remarquait à peine et qui en jouait, était un homme petit et frêle, courbant l’échine et à qui il manquait une main. En comparaison du chef ou de celui à qui appartenait cette hutte, il était presque nu. Possédant uniquement un pagne, il semblait miséreux. Sans dire un mot, l’homme hirsute laissa tomber Jeremiah au sol lourdement. Les trois hommes l’observèrent.

« - Marwa ? » demanda l’homme chétif.
< - Mort ? >

« - Nay ! » répondit sobrement l’homme qui avait porté Jeremiah.
< - Non ! >

« - Na shanha ! Nachu ! » renchérit le chétif.
< - Pas respirer ! Cadavre ! >

« - Mayta ! Nakwayda nachu baram ! Na udam hasam ! »
< - Imbécile ! Jamais cadavre moi apporter ! Pas udam moi être ! >

« - Fumaygan ! Mayta hasata ! »
< - Pisseux ! Imbécile toi être ! >

« - SASHTI ! » ordonna le chef, prenant la parole pour la première fois.
< - ASSEZ ! >

« - Karsay ? » ajouta-t-il à l’attention du propriétaire de la hutte.

Manifestement, tel était son nom puisque l’homme s’approcha de Jeremiah. Il se pencha au-dessus de lui pour sentir sa respiration ... sans la sentir. Il lui écarta les paupières sans aucune douceur et observa le fond de l’œil. Bien qu’inconscient, l’iris du vampire réagit en se contractant.

« - Su ! Su ! » fit-il avant de continuer à l’examiner de façon rapide.

Il écarta ses lèvres afin de voir ses dents et ne fut nullement surpris de voir la longueur de ses canines.

« - Has dusyagi ! Has gwifwa ... shaw has walna ».
< - Être démon-glace ! Être vivant ... Toutefois être blessé >.

« - U gwaska ! » ordonna le chétif.
< - Mets fin ! >

L’homme qui avait trouvé Jeremiah s’avança alors, déterminé.

« - Shlakam ! »
< - Moi défendre ! >

« - Fumaygan » pesta le chétif.

Le chef toussa un coup, signe qu’il commençait à être agacé.

« - Karsay ? »

« - Yakam ! »
< - Moi soigner ! >

« - Su ! »
< - Bien ! >

Alors que le chef allait sortir, il s’arrêta en arrivant à hauteur de Jeremiah.

« - Kaycha ... »
< - Cheveux ... >

« - Tam mansi » répondit Karsay.
< - Comme lune >.

«  - Wokar su ! » félicita le chef avant de sortir de la hutte de Karsay, suivi du chétif.
< - Wokar bien ! >

« - Farji ! » répondit Wokar, l’homme qui avait amené Jeremiah.
< - Chef ! >

Wokar et Karsay s’observèrent un instant une fois le chétif et le chef partis, comme s’ils attendaient que plus personne ne soit à proximité de la tente pour les entendre.

« - Kwati yakata ? » demanda alors Wokar.
< - Comment toi soigner ? >

« - Pachatakwar an shayuyi, gwarfa tam kuzgwar ».
< - Vu toi aussi dans esprit, manger comme bête nocturne >.

Sur ce Wokar quitta la hutte de Karsay. Il leva les yeux au ciel. Le soleil avait débuté sa chute, il ne lui restait plus que deux heures, trois tout au plus avant que la nuit n’arrive. Il devait se hâter.

Il sortit du village par le même buisson qu’il avait emprunté pour entrer. Immédiatement, il se dissimula sous les fourrés et devint plus qu’une ombre, à peine plus qu’un souffle de vent. Wokar était le meilleur chasseur de son village et ce n’était pas un titre usurpé. Aussi talentueux pouvait-il être, les animaux n’étaient pas en reste. Leurs sens constamment à l’affût, ils ne se faisaient pas surprendre facilement. Wokar passa près d’une demi-heure dans les fourrés à tenter de trouver les signes du passage récent d’une quelconque créature. Il tomba alors sur une piste toute fraîche. La terre était encore humide de l’averse de la veille et la piste était nette. Les traces de pas étaient caractéristiques. Deux doigts s’enfonçaient profondément dans le sol presque sous forme de croissant, comme deux importantes canines, auxquelles s’ajoutaient deux petites pointes à l’arrière.
Wokar se mit à suivre la piste prudemment. Même si ce n’était pas un prédateur, cette bête ne devait pas être prise à la légère. Par chance, elle semblait seule, isolée de sa harde. Constamment sur ses gardes, Wokar ne se focalisait pas que sur la piste. Son ouïe était en alerte ; il ne devait pas se faire surprendre par un quelconque prédateur qui rôderait dans les parages. Arrivé près d’un arbre, la bête qu’il traquait s’était frottée contre le tronc et y avait laissé une touffe de poils. Wokar la prit et l’huma. L’odeur de l’animal était encore forte ; il était passé il y avait peu de temps. Poursuivant sa traque, il vit des déjections en plein milieu de la piste. Il en approcha la main et sentit la chaleur qui s’en dégageait encore. Sa proie était toute proche. C’est alors qu’il entendit des grommellements. Sa proie n’était qu’à quelques mètres de lui. Elle ne l’avait pas repéré. Les sons que l’animal émettait étaient singuliers. Il fouillait la terre en quête de nourriture lui aussi.
Wokar était arrivé à la fin de sa traque. C’était le moment culminant de la chasse, la confrontation entre le prédateur et sa proie. Plus furtif que jamais, Wokar se glissa parmi les feuillages sans un bruit. Maintenant il voyait sa proie, un sanglier mâle d’une centaine de kilos. Un mâle alpha à n’en pas douter. Mais un mâle qui avait été chassé de sa harde par des plus jeunes et des plus vigoureux que lui à en voir les récentes cicatrices sur ses flancs. Mais cela n’enlevait rien à la dangerosité de l’animal et cela, Wokar en avait parfaitement conscience.
Il retira lentement son arc de son épaule, prit une flèche, l’encocha sur la corde et bandit l’arc. Depuis toutes ces années de chasse, il savait parfaitement où viser pour tuer l’animal sur le coup. Tandis qu’il visait l’œil gauche de l’animal, l’un des fruits de l’arbre sous lequel il était lui tomba dessus au moment où il relâchait sa flèche. Le jet en fut dévié et se planta dans l’épaule de l’animal. Le sanglier hurla de douleur et se retourna droit vers Wokar. Sans attendre, il se rua sur lui. Réactif, Wokar lâcha son arc et se saisit de sa lance ... sur laquelle le sanglier vint s’empaler. Morte sur le coup, la bête tomba au sol. Wokar retira sa lance de l’animal et leva les yeux au ciel. Il était encore bleu mais déjà on pouvait distinguer une très légère décoloration à l’ouest. Le soleil n’allait pas tarder à se coucher ; il devait se presser.

D’ordinaire, il dépeçait ses proies sur leur lieu de mise à mort. Mais cette fois, il avait besoin qu’elle reste entière pour le dusyagi. Il ficela les pattes ensemble et entreprit de la soulever. Le sanglier faisait son poids. D’ordinaire, aucun chasseur ne soulevait un sanglier entier seul. Mais Wokar était une force de la nature. C’était lui qui avait ramené au camp le mégacéros dont la tête ornait la hutte de Karsay. Il avait hissé la carcasse entière de la bête au village seul, à la force de ses bras en la traînant derrière lui. Alors porter un sanglier d’une centaine de kilos sur les épaules ne lui faisait pas peur. Non ce qu’il craignait c’était que cette charge ne le ralentisse et qu’il ne parvienne à rentrer au camp à temps.

Une fois adapté au poids du sanglier sur ses épaules, Wokar se mit en marche. Le ciel avait commencé à virer très nettement sur l’orange ; il devait se presser. D’un instant à l’autre, la corne allait retentir. A peine l’eut-il pensé qu’effectivement, le puissant son d’une corne retentit dans l’air de la vallée. C’était le dernier appel.
Cet appel signalait à tout chasseur à l’extérieur que la nuit allait tomber. Il leur restait dorénavant moins d’une heure pour rejoindre le village ou une cachette sûre pour la nuit. Wokar ne pouvait se permettre d’attendre le levé du soleil. Il ne savait pas si le dusyagi tiendrait jusque-là.
Forçant le pas, Wokar se mit à courir aussi vite qu’il le put avec ce poids sur ses épaules. Au fil des kilomètre parcourus, le sanglier semblait peser de plus en plus lourd. Le corps de Wokar commençait à transpirer abondamment, son souffle était court. Au prix d’un dernier effort, il arriva en vue du village au moment où les derniers rayons du soleil étaient sur le point de disparaître. Wokar était à bout de force. Jamais il ne parviendrait à temps.

« - WOKAR CHA HAS ! » cria soudainement un villageois.
< - WOKAR ICI EST ! >

Immédiatement, deux villageois sortirent du village et vinrent à son encontre. Ils le soulagèrent du poids du sanglier et tous les trois rentrèrent au village juste avant qu’il ne soit verrouillé par un énorme rocher. Le village était clos pour la nuit.

« - Gwarstha ! » fit Wokar une fois dans l’enceinte du village.
< - Merci ! >

Tous les trois amenèrent le sanglier jusqu’à la hutte de Karsay. L’homme regarda avec ravissement le sanglier puis posa les yeux sur Wokar.

« - Ku-ta-su ? »
< - Comment vas-tu ? >

« - Palshna ! »
< - Fatigué ! >

«  - Su ! Wokar su ! »
< - Bien ! Wokar bien ! >

Karsay et Wokar furent les seuls à entrer sous la hutte avec le sanglier. Les autres ne devaient pas savoir de quoi se nourrissait le dusyagi.

A l’intérieur, Wokar fit un dernier effort en suspendant, la tête en bas, le sanglier. Après quoi, Karsay l’égorgea et récupéra le sang de la bête dans un crâne simiesque évidé. Dans son état d’extrême faiblesse, la seule chose qui pouvait encore stimuler les sens de Jeremiah fut l’odeur de sang. Le vampire rouvrit péniblement les yeux. Karsay s’en aperçut.

« - Su ! Su ! » dit-il en récupérant le crâne plein de sang et le remplaçant par un autre.

« - U gwifas glakitis pafi ! Su dusyagi ! »
< - Bois le jus de la vie ! Bon pour démon-glace ! >

Étrangement, Jeremiah ne comprenait pas ce que Karsay disait mais peu importe pour le moment. Le geste d’offrande était suffisamment clair. Jeremiah prit le crâne et but le sang contenu goulûment.
_____________

Note : Tout personnage extérieur au village n'entend/comprend que ce qui est dit entre « et ».
La traduction apparaissant entre < et > n'est là que pour le confort du lecteur.
Merci à Shion pour cette idée.
_____________

A suivre dans le chapitre 417 : Wenja !
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Chapitre 416 - Dusyagi :: Commentaires

Shion
Re: Chapitre 416 - Dusyagi
Message Mar 9 Oct - 20:35 par Shion
De rien pour l'idée, ravi qu'elle t'ait plu ^^

Chapitre sympathique, qui met en place l'univers.
 

Chapitre 416 - Dusyagi

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