Terre 6354 - Unicorps, Colombie, Annexe de Bogota - Réfectoire

Depuis que le Mastercorps lui avait greffé des organes démoniaques et angéliques, Trepton n’était rien de plus qu’une brute, une bête enragée qui avait perdu la grande majorité de son intellect d’antan. Il se donnait à corps perdu dans chacun de ses combats, n’ayant que très rarement l’intelligence d’esquiver les coups qu’on lui donnait, comme s’il avait encore conscience que l’ichôr qui coulait dans ses veines le guérirait de tout ... ou presque. Jusqu’à aujourd’hui, il n’avait pas encore affronté quelqu’un comme Frédéric. Lui aussi possédait une régénération accélérée. Certes, elle n’était pas aussi efficace que celle induite par l’ichôr mais elle faisait le travail et permettait à Frédéric de rendre coup pour coup. L’avantage de Frédéric, c’est que même sous sa forme animale, il conservait toute son intelligence et il donnait plus de coups qu’il en recevait. Il faut dire qu’il avait déjà montré à maintes reprises sa maîtrise martiale en combat en corps à corps et Trepton en faisait les frais. Quand Frédéric ne lui brisait pas des côtes, c’était les membres que Trepton se voyait briser. Un radius par-ci, une rotule déplacée par là. Frédéric avait clairement le dessus.
Entrant dans un état de rage encore plus poussée, Trepton crachat soudain un jet de flammes blanches par la bouche droit sur le visage de Frédéric. Surpris, il n’eut pas le temps de l’esquiver. Néanmoins, il s’en protégea derrière son bras droit encore armuré depuis les cuisines.

Le jet fini, Frédéric avait le bras droit fumant. Il l’abaissa lentement, les yeux plissés sous la douleur. Puis apercevant Trepton reprendre un grand souffle pour réitérer son attaque, Frédéric fronça les sourcils et le prit de court. Il lui rendit la monnaie de sa pièce en déversant un véritable déluge de flammes par la gueule également. Face à lui, Trepton se tortillait mais semblait résister plus qu’il ne le devrait. Repensant à ses membres démoniaques, Frédéric se dit qu’ils devaient l’aider à résister à ses flammes. S’arrêtant de faire le lance-flammes, Frédéric tendit ses bras en avant et déclencha ses flammes cannibales. Ces flammes eurent un tout autre impact sur Trepton qui ne put s’empêcher de hurler sous la douleur. Frédéric persista jusqu’à ce que son adversaire n'ait plus la force ni de bouger, ni de crier.

Ses flammes dissipées, son adversaire était méconnaissable. Ses ailes d’anges n’étaient plus que cendres. Son corps était entièrement carbonisé et par endroits l’on pouvait voir apparaître son squelette. Frédéric resta ainsi quelques secondes à observer son cadavre pour s’assurer que l’ichôr ne faisait plus effet.

Assuré que ce ne soit pas le cas, Frédéric se retourna vers ses compagnons. Il observa d’abord Milla. Malgré les tentacules et les appendices supplémentaires que présentait la version du Mastercorps de Drake Wallace, la jeune femme semblait s’en débrouiller fort bien. Frédéric tourna alors vivement la tête vers Sandora. Elle, en revanche, avait du mal à partir avec Void. Emprisonnée dans une bulle de vide, son sadique adversaire était en train de l’asphyxier. Sans réfléchir outre mesure, Frédéric s’élança pour l’aider.

Fonçant comme une fusée, Frédéric lacéra le dos de Void sans qu’il ne le voit venir. La perversion laissa échapper un cri de douleur. Les genoux au sol, il se reprit rapidement en voyant que Frédéric bondissait sur lui. Il roula sur le côté et le laissa atterrir avant de l’enfermer à son tour dans une bulle de vide. Immédiatement, il sentit l’air commencer à déchirer ses poumons. Miles lui ayant fait part de son expérience en la matière, Frédéric expulsa l’air en se vidant les poumons le plus vite possible. Bien sûr ses poumons avaient subi des dégâts mais cela ne l’empêcherait pas de se battre contre un gringalet pareil.

« - Impressionnant ! Le cabot a de la jugeote on dirait ! » remarqua Void dont les lacérations du dos se refermaient déjà.

Le sadique profitait donc lui aussi de l’ichôr. Frédéric se dit qu’il allait donc devoir soit le réduire en bouillie soit le cramer. Il avança alors droit sur lui. Le voyant faire, Void se mit à sourire.

« - Tu as de la volonté, toi ! En apnée tu avances quand même ? Comment tu vas faire pour avancer si tu ne poses plus le pied à terre ? »

A ces mots, Void fit léviter Frédéric dans sa bulle de vide. Non. Il ne le faisait pas léviter, il avait supprimé l’influence de toute gravité au sein de la bulle où il l’avait enfermé. Frédéric s’agita, mais en vain. Il tournait sur lui même sans arriver à avancer, accompagné des rires de Void.

« - Non seulement tu ne peux plus ni avancer ni respirer mais encore moins utiliser tes flammes. Tu es complètement à ma merci ! » ricana Void.

La seconde suivante, Void recréait de la gravité pour plaquer violemment Frédéric au plafond avant de le remettre en apesanteur totale. Ce choc n’avait pas été particulièrement douloureux pour Frédéric. Il avait surtout eu le mérité de le stabiliser. Alors que Void stabilisait sa bulle de vide pour placer son adversaire juste face à lui, Frédéric se mit à sourire. Il savait parfaitement que sa flamme classique ne lui était d’aucun recours dans le vide ; il en avait déjà fait l’expérience lui même. Void fut interloqué par son sourire. L’expression sur son visage changea lorsqu’il vit son adversaire flamboyer de flammes rouges, flammes qui consumaient non pas l’air mais les chairs.

Frédéric tira alors un puissant jet de flammes droit sur Void. Celui-ci s’embrasa immédiatement. Dans son empressement, Frédéric n’avait plus pensé à la poussée qu’un tel tir provoquerait sur son corps. Il partit donc en sens inverse et sortit de la bulle de vide. Alors que Void criait de douleur, Frédéric posa le pied au sol et bondit immédiatement sur Void. Il le plaqua au sol, lui lacéra le ventre à maintes reprises avant de déverser sur lui un torrent de flammes qui le consumèrent dans d’affreuse souffrances jusqu’à ce qu’il en meure.

Une fois Void réduit à l’état de cendres, Frédéric se releva et partit vers Sandora. Void mort, la bulle de vide dans laquelle elle était enfermée s’était dissipée. La sirène était encore à genoux en train de reprendre son souffle. Frédéric lui tendit la main pour l’aider à se relever.

« - Ca va aller ? »

« - Parfaitement ! » rétorqua-t-elle en lui écartant la main brutalement.

« - Très bien ! » fit Frédéric en tournant les talons, quelque peu froissé.

De son côté, constatant que ses balles perforantes n’avaient pas plus d’effet, Westwood était passé aux balles explosives. A la première salve, Summers avait accusé le coup, surpris par les détonations trop proches de lui. Puis, se ravisant, il avait élargi son champ électrique, repoussant les explosions suffisamment loin pour qu’elles ne le blessent plus.

Alors que Piotr n’avait plus la force ne serait-ce que de tenir debout du fait de son amaigrissement extrême, Wade ne le lâchait pas pour autant. Se souvenant des souffrances qu’il lui avait fait endurer lors de leur confrontation sur le Monde du Mastercorps, Wade ne comptait pas lui épargner la moindre seconde de souffrance jusqu’à son trépas.

Malgré les reconfigurations multiples que Christ-Hell faisait subir aux homoncules fixés sur son corps, Jeremiah tenait parfaitement la cadence. Pour un œil averti, le vampire pouvait même paraître bien plus lent qu’à son habitude. Et pour cause, il gardait Blanche dans son champ de vision et observait, quand cela lui était possible, comment elle se débrouillait face aux autres homoncules. Malgré leur capacité à incorporer à leur organisme les cadavres de leurs congénères, la jeune femme avait toujours le dessus et semblait même éprouver un certain plaisir à les débiter en tranches. Elle se prenait de temps en temps quelques coups et lacérations mais rien que sa régénération accélérée était incapable de pallier.
Jeremiah éprouvait une certaine fierté à la voir combattre avec tant d’habileté. Elle avait parfaitement retenu ses leçons martiales. Ce qui le dérangeait toujours un peu c’est de voir avec quelle ferveur elle s’abandonnait au combat ; certainement l’héritage des Enfants de Judas se dit-il.

Soudain Christ-Hell eut recours à une tactique différente. Elle propulsa droit sur Jeremiah l’un des homoncules fixés à son corps. Quelque peu surpris par cette technique inédite, le vampire trancha en deux la petite créature à la dernière seconde. Les deux parties de son corps explosèrent alors. Trop proche de l’explosion, le vampire reçut sur tout son côté droit du sang et des entrailles de la créature. Nullement blessé, Jeremiah fronça les sourcils, furieux de s’être ainsi fait prendre par surprise. Tout de suite, il pensa à Blanche. Combattant exclusivement au corps à corps, elle ne pourrait prendre le recul nécessaire pour esquiver ces explosions. Il n’avait pas le temps de l’avertir, la seule solution qui s’offrait à lui était d’en finir avec Christ-Hell. Il se retourna alors vers elle, le regard plus froid que jamais.

« - Vas-tu prendre ce combat enfin au sérieux ? » le défia-t-elle.

Mais à peine eut-elle fini sa phrase que le vampire s’était glissé dans son dos. Le combat était fini. Christ-Hell ne parvint pas à se retourner. Ne comprenant pas pourquoi son corps ne répondait plus, elle baissa la tête et vit que seule sa tête n’était pas enfermée dans une épaisse gangue de glace.

« - ARGH !! MAUDIT SOIS-TU !!! » cria-t-elle.

« - Menacer ma fille, même indirectement, était la dernière chose à faire » répondit le vampire sur un ton glacial.

Christ-Hell se mit à hurler et tenta de se débattre pour briser la glace.

« - Inutile ! Ton corps est bien trop faible pour parvenir à te libérer ! » lui indiqua Jeremiah.

Tournant la tête le plus possible pour voir le vampire et lui lancer un regard plein de rage au travers de son masque, l’expression dans son regard changea soudainement. Le vampire en fut interloqué.

« - Mon corps est trop faible, dis-tu ? Soit ! ... A MOI !!! »

Soudain tous les homoncules qui affrontaient Blanche se détournèrent d’elle pour se précipiter vers leur maîtresse. Plusieurs d’entre eux grimpèrent sur le linceul de glace jusqu’à atteindre son cou. Immédiatement, ils commencèrent à lui entailler le cou tandis que Christ-Hell criait de douleur.

Stupéfait par ce spectacle, Jeremiah resta figé quelques instants jusqu’à ce qu’il voit un homoncule en décapiter un autre. Là il comprit leurs agissements. Saisissant son arc, le vampire s’apprêtait à le bander lorsqu’une main lui fit baisser le bras.

« - Laisse papa, j’ai envie de voir ce que ça va donner ».

« - Ce n’est jamais une bonne idée que de laisser un ennemi se renforcer ! » répondit Jeremiah.

« - Oui mais là on les dominait complètement, je ne vois pas comment elle pourrait avoir le dessus sur nous deux ! » rétorqua Blanche.

Jeremiah observa sa fille quelques secondes tandis que les homoncules finissaient de décapiter Christ-Hell.

« - Tu t’en chargeras seule, je n’interviendrai pas ! » finit-il par dire.

Étonnée, Blanche se tourna vers son père. Celui-ci la regarda dans le fond des yeux pour lui signifier qu’il était sérieux. Il joignit le geste à son regard en remettant en bandoulière son arc. Puis d’un signe de la tête, il lui fit comprendre de ne pas lâcher Christ-Hell du regard.
Se retournant vers l’ex-ange perverti du Mastercorps, Blanche vit que les homoncules transportaient sa tête jusqu’au corps de l’homoncule décapité. Fixée sur le corps de l’homoncule, tous les autres s’agglutinèrent autour et fusionnèrent ensemble. A mesure que les homoncules ne faisaient plus qu’un, Christ-Hell grossissait. Elle grandissait au-delà de toutes mesures. Son corps devenait véritablement titanesque.

« - Wahou ! » fit Blanche, plus émerveillée qu’impressionnée.

Le nouveau corps de Christ-Hell s’affinait. Ses muscles se dessinaient.

« - Mon corps d’origine était trop fragile, disais-tu ? Et que penses-tu de celui-ci ? » fit alors Christ-Hell.

Jeremiah tourna alors les talons, ignorant les dires de Christ-Hell.

« - OU VAS-TU ? AS-TU PEUR ? » le provoqua-t-elle.

Mais Jeremiah n’était pas du genre à répondre à ce genre de provocation.

« - Mon père n’a peur de rien ! Et moi non-plus ! » proclama Blanche, croisant ses longues et larges machettes.

« - Ton père, hein ? On verra s’il n’a peur de rien lorsque je déchiquetterai sa jolie enfant ! »

A ces mots, les membres supérieurs de Christ-Hell s’hérissèrent de pointes et lames en tout genre.

« - Ah ouais ! Ca va être encore plus marrant que prévu ! » fit Blanche avant de s’élancer sur Christ-Hell.
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A suivre dans le chapitre 464 : ..., sept !