Univers ??? - Planète de la Grande Bibliothèque

Après avoir franchi le Bifrost et passé les deux statues, Wade pénétra dans une forteresse particulièrement sombre. Taillée dans la roche même d’une montagne, il n’y avait aucune lumière à l’intérieur de l’édifice. Observant les lieux en vue spectrale, il eut la surprise de ne voir qu’une seule et unique traînée de résidus spirituels dorés. Il devait s’agir de celle de Heimdall, le seul dieu à passer par ce lieu. Pensant pouvoir distinguer les contours des salles grâce à une abondance d’énergie spirituelle, Wade en fut pour ses frais. Il enflamma alors sa main droite d’un feu spectral pour y voir plus clair et avancer. Face à lui se dressait un imposant escalier. Levant la tête, il n’en vit pas le bout.

..oO( Ça va être intéressant à gravir !) se dit Wade.

Il posa alors le pied sur la première marche et commença à monter. Il s’arrêta presque immédiatement en ressentant quelque chose d’étrange. Il se retourna et vit qu’il était déjà à plusieurs mètres de haut.

« - Qu’est-ce que ? » fit-il, stupéfait.

« - Ceux qui réussissent l’épreuve de force se voient faciliter l’accès à la Grande Bibliothèque, les autres doivent grimper cet escalier infini » résonna alors la voix puissante d’Heimdall.

Décidément le dieu était réellement omniscient. Wade ne chercha pas à comprendre et reprit son ascension. En quelques secondes il arriva au sommet de l’escalier. Wade se retourna pour observer l’escalier qu’il venait de gravir se perdre dans les ténèbres. Quel que soit le procédé par lequel cet escalier fonctionnait, Wade ne devait plus s’en soucier. Il avança droit devant lui plusieurs minutes durant. Alors que tout ce qu’il y avait devant lui n’était qu’obscurité insondable, il plongea soudainement dans une salle emplie de lumière éblouissante.

Sa vue adaptée, il vit qu’il se trouvait dans une gigantesque colonnade aux colonnes aussi innombrables qu’immaculées. Où que se porte son regard, il ne voyait que des colonnes parfaitement ordonnancées. Il eut l’impression de se trouver au cœur d’un labyrinthe infini. Une lumière dorée semblait être diffusée par ces colonnes et éclairait la pièce d’une lumière homogène, sans aucune ombre. Wade sembla marcher des heures à travers ce dédale de colonnes lorsqu’il vit enfin quelque chose qui n’était pas une colonne. Il arriva alors dans une gigantesque rotonde. Son toit était si haut qu’il semblait inaccessible à quiconque. A plusieurs mètres de haut s’élevait une tribune circulaire.

Alors que le silence était le plus total jusqu’à présent, il entendit une cavalcade. Il ne tarda pas à entrapercevoir une silhouette humaine efflanquée se déplaçant de façon grotesque à quatre pattes. Wade le reconnut immédiatement, c’était Wormcell. Il accourait vers lui comme s’il était content de le revoir. Wade s’étonna de le voir ici.

« - Comment es-tu arrivé ici ? » lui fit-il, sans attendre de réponse de sa part.

« - Votre ami est peut-être handicapé, il n’en reste pas moins brillant ! Il est le premier à être arrivé ici ! » fit alors une voix masculine et puissante.

Wade détecta un soupçon d’autorité dans sa voix mais il ne parvint pas à la localiser.

« - A qui est-ce que je m’adresse ? » fit Wade.

Une silhouette bougea alors à l’étage. Ne désirant nullement se dissimuler, l’homme s’avança. Il avait une stature imposante. Il portait une armure qui rappelait énormément celle dont était pourvu Heimdall. Il possédait un bouc attaché et de longues moustaches. Il ne portait pas de casque et laissait voir une chevelure blonde arrivant aux épaules dont l’un des côtés était tressé. Les bras croisés dans le dos, il ne semblait pas enclin au combat ... même s’il portait une épée imposante sur sa hanche droite.

« - Je suis celui qui veille à ce que le protocole soit préservé ! » dit-il alors.

« - J’imagine que je n’en saurais pas plus tant que les autres ne seront pas arrivés » fit Wade.

« - Tu n’es pas le second à être parvenu dans cette rotonde » répliqua le dieu impassible.

Cela surprit quelque peu Wade. Il se mit à regarder dans tous les sens jusqu’à percevoir une zone d’ombre. C’était aberrant, comment de l’ombre pouvait bien se manifester dans ce lieu rayonnant de lumière ?
Wade s’avança alors vers cette zone obscure. Plus il s’avançait et plus l’ombre prenait la forme d’une silhouette.

« - Reinhardt » fit presque amèrement Wade.

Nimbé de ténèbres, Reinhardt ne réagit pas à son nom. Il semblait absent, comme si son esprit avait quitté son corps.
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Entrée arctique

Engourdie par le froid de la banquise et à bout de forces, Blanche s’était écroulée face contre le sol, le visage au contact de la glace. Bien qu’elle eut réussi son épreuve, elle n’était plus dans la capacité de profiter de sa réussite. Idaten l’observa quelques instants durant, se demandant ce qu’elle devait faire, ou plutôt ce qu’elle était autorisée à faire. La déesse nippone jeta un coup d’œil en arrière. Était-ce juste qu’elle ne profite pas de sa réussite ? Puis elle reporta son regard sur Blanche.

« - Il est certain que ce n’est pas juste. Il ne pourra procéder autrement qu’en faisant une exception » dit-elle à voix haute.

Elle laissa alors tomber son menpô au sol pour prendre Blanche dans ses bras. Tournant les talons, elle s’avança vers le désert blanc. Un monticule de glace se dressa soudainement devant elle ; il prit rapidement la forme d’une porte qu’Idaten traversa avec Blanche dans ses bras.

Alors qu’Idaten avançait dans un couloir aussi long qu’obscur, Blanche finit par reprendre conscience au contact de la chaleur du corps de la déesse.

« - Tu es réveillée ? C’est bien ! Cela aurait été dommageable que tu succombes après ta réussite ! »

Blanche observa le visage d’Idaten qu’elle voyait pour la première fois.

« - Pourquoi masquer le fait que vous êtes une femme ? » fit-elle.

Idaten s’arrêta et leva la tête, pensive. Quelques secondes plus tard, elle reprit sa marche et entreprit de lui répondre.

« - Dans le panthéon qui est le mien, il est plus glorieux d’avoir un fils. Alors quand mes parents m’ont eue, je me suis comportée comme tel. Je me suis servi de mon armure pour me faire respecter en tant que général et apporter la gloire à ma famille. Pour m’avoir mise au monde, je la respecterai toujours ».

« - Je peux marcher » fit Blanche après un silence.

Idaten s’arrêta et la déposa tendrement au sol.

« - Continue dans cette direction et tu retrouveras les tiens » fit-elle de façon attentionnée.

« - J’ai encore une question ! » s’empressa Blanche.

Alors qu’Idaten avait déjà tourné les talons, elle s’arrêta et tourna la tête.

« - Tu es bien curieuse pour un petit bout de femme comme toi ! »

Blanche se mit à rire avant de poser sa question : « - Quand vous respecterez-vous vous-même ? »

Idaten écarquilla les yeux. Depuis sa naissance, jamais personne n’avait pris le soin de savoir ce qu’Idaten désirait ni comment elle se sentait. Malgré son statut de déesse, la franchise de la mortelle l’émut au plus haut point. Elle tourna la tête pour ne pas lui montrer la larme qui s’écoulait sur sa joue.

« - Les tiens t’attendent ! » fit-elle en reprenant ses intonations masculines pour masquer son émotion.

« - Merci pour tout ! » fit Blanche avant de s’élancer dans la direction qu’Idaten lui avait indiquée.

« - Non ! Merci à toi, jeune Blanche » murmura Idaten avant de repartir vers la porte arctique.

Blanche arriva à la rotonde alors que s’y trouvaient déjà Wormcell, Wade, Reinhardt, Isaac et Sandora. De suite elle remarqua la chevelure ébouriffée de la sirène.

« - T’aurais pas besoin d’un peigne des fois ? » lui lança-t-elle.

Ne s’en étant pas rendue compte, Sandora porta ses mains à ses cheveux et constata qu’ils étaient en bataille comme jamais.

« - On dirait bien ! » fit-elle en souriant.

Blanche observa les alentours.

« - Où sont papa et les autres ? »

« - Leurs épreuves ne sont pas encore achevées » fit le drone.

Puis Blanche remarqua l’attitude de Reinhardt.

« - Qu’est-ce qu’il a lui ? » demanda-t-elle.

« - Je ne sais pas » répondit Wade qui ne l’avait pas lâché du regard.

« - Où on est là ? » demanda-t-elle encore.

« - Vous êtes dans la Rotonde ! C’est ici que sera décidée votre prochaine épreuve » fit alors le colosse sur la tribune.

Ne l’ayant pas capté à son arrivée, Blanche sursauta et leva les yeux. Elle écarquilla les yeux.

« - Wahou ! Il est balaise celui-là ! » glissa-t-elle à la sirène.

Au fil des minutes, tous commencèrent à se détendre. La température en ce lieu était idéale, ni trop chaud, ni trop froid. La lumière si éblouissante au début ne semblait plus l’être tant que ça. Le taux d’humidité était ajusté pile au bon niveau. Les conditions y étaient parfaitement maîtrisées.
Tandis que Sandora, Blanche et Wormcell se laissaient aller à s’asseoir par terre en attendant les retardataires, Wade restait tendu, même s’il n’en laissait rien paraître. Il s’était adossé à l’une des colonnes afin de garder Reinhardt, toujours immobile et nimbé de ténèbres, dans son champ de vision. Mais également pour garder à l’œil le colosse qui les surplombait.

Près d’une heure après l’arrivée de Wade dans la Rotonde, ce dernier décela un infime changement dans l’attitude du colosse. Lui qui était si stoïque depuis son apparition vit ses muscles tressaillirent. Lui qui n’avait pas lâché le groupe du regard, l’avait détourné en direction des colonnes. Wade crut même déceler une étincelle dans son regard. A peine quelques secondes plus tard, Frédéric apparut, sortant du labyrinthe de colonnes.

« - Vous êtes déjà là ? » fit-il, étonné.

Wade continua d’observer le colosse. Celui-ci ne lâchait plus Frédéric du regard. Qu’avait-il après lui ? Qu’est-ce que Frédéric avait-il bien pu faire pour s’attirer l’attention indéfectible du colosse ?

« - Il manque papa et Milla ! » fit Blanche en se levant et s’approchant de Frédéric.

« - Ça a été ton épreuve ? » lui demanda-t-il en posant une main sur son épaule.

« - Impeccable ! Le gardien qui me l’a fait passer était un faux sévère ! » répondit-elle, s’appliquant à bien employer le masculin afin de ne pas trahir le secret d’Idaten.

« - Tant mieux ! » fit Frédéric, souriant.

Il leva les yeux et observa chacun de ses camarades ici présents. Que ce soit Wormcell ou Sandora, ils ne semblaient pas avoir de blessures. Le drone semblait être pleinement fonctionnel et Wade cacherait certainement ses blessures s’il en avait. Néanmoins, il sentait qu’il avait utilisé les pouvoirs de son cavalier. Puis son regard se posa sur Reinhardt, qu’il n’avait pas immédiatement capté. Jamais il n’avait vu le corps de son ami Miles dans un tel état. Certes sous sa forme démoniaque son corps était aussi sombre qu’une nuit sans lune mais jamais il n’avait semblé être drapé dans les ténèbres comme il était actuellement. Frédéric s’écarta de Blanche et se dirigea vers Wade nonchalamment.

« - Sais-tu ce qu’il lui arrive ? »

« - Non. Il était déjà comme ça lorsque je suis arrivé ».

« - Me le dirais-tu si tu le savais ? »

Après l’échange virulent que lui et Reinhardt avait eu récemment, Wade n’était pas surpris par la question, ni que Frédéric ait perdu confiance en lui. Il faut dire que dernièrement il ne faisait pas grand chose non plus pour inspirer confiance.

« - Si je savais qu’il représentait un danger pour nous, je le dirais ».

« - Et s’il représente un danger pour lui-même ? »

« - Si tel est le cas, cela ne regarde que lui » répondit froidement Wade.

« - En attendant, tu as un admirateur » ajouta-t-il en regardant le colosse sur la tribune.

Frédéric se retourna et leva la tête. Son regard croisa celui du colosse. Frédéric sentit de suite une tension entre eux. Il ne sut pas quelle en était l’origine mais il ressentait une certaine rivalité, presque une animosité qui s’installait entre eux à mesure qu’ils se regardaient, comme si le colosse le défiait du regard. Mais pourquoi ? Il venait d’arriver et il avait honorablement remporté son épreuve.
Finalement, le colosse se reprit et cessa de le défier, recommençant à regarder tout le monde à tour de rôle.

« - Vous y avez tous eu droit ? » demanda Frédéric.

« - Non, seulement toi ».

Le temps passa, tous se détendirent à nouveau. Durant les heures qui passèrent, tous partagèrent leur épreuve ... sauf Reinhardt, et il fallu arracher les mots à Wade pour le découvrir.

Puis ce fut enfin au tour de Jeremiah d’arriver. Blanche se leva derechef et se blottit dans les bras de son père.

« - Bien ! Les quatre étant arrivés, nous pouvons passer à la suite ! » fit une voix féminine impétueuse.

Tous levèrent la tête à la tribune pour voir apparaître une femme vêtue d’une armure rutilante de style gréco-romaine. Tête nue, elle laissait voir une longue chevelure brune. Sous son armure elle portait une longue toge blanche. Elle portait une longue lance de sa main droite et un lourd et large bouclier rond était fixé à son bras gauche mais dont le détail leur était masqué. Dans sa main, elle portait un casque de phalange romaine. De son corps semblait jaillir une assurance et une volonté inébranlables. Sa prestance était incomparable. Aux yeux de Blanche, elle lui faisait penser à Idaten. Aux yeux de Wade, c’était à Heimdall qu’elle lui faisait penser de par son regard implacable.

« - Tous ceux réunis ici ont réussi leur épreuve de force ! Il est temps de passer à l’épreuve suivante ! Vous allez être ... »

« - Excusez mon impolitesse mais nous ne ... » tenta d’interrompre Frédéric.

« - SILENCE !!! » ordonna le colosse aux côtés de la nouvelle venue.

Sa voix avait résonné partout dans la rotonde et son écho semblait encore se faire entendre. Cela coupa court à toute discussion.

« - Je disais donc que vous allez être transportés sur un monde où se déroulera votre épreuve. Réussissez-la et vous ... »

« - Désolé d’insister, mais nous ... »

« - SILENCE !!!! » cria à nouveau le colosse.

« - NON, JE NE ME TAIRAIS PAS !! » répondit Frédéric sur le même ton.

Tous s’interrompirent à nouveau mais cette fois, le colosse et la jeune femme furent étonnés par son impudence. Alors que le colosse allait décroiser les bras de derrière son dos, la jeune femme planta bruyamment sa lance dans le sol de la tribune pour ensuite poser sa main sur l’épaule du colosse et le dissuader d’entreprendre ce qu’il désirait. Le colosse se détendit et se calma.

« - Si tu as validé l’épreuve de Mafdet et Oupouaout, c’est que tu sais faire preuve de raison ... ce qu’il nous manque actuellement apparemment » admit la jeune femme.

« - De par le rôle que nous jouons dans nos panthéons respectifs, la nature de ton hôte nous met mal à l’aise et sur la défensive. Néanmoins cela n’excuse pas notre comportement, nous n’avons pas été à la hauteur de notre rôle en ce lieu saint ! Veuillez tous accepter nos excuses ! » plaida la jeune femme.

« - Nous savons tout de vous et vous rien de nous. Je me nomme Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse dans le panthéon olympien ! »

« - Je me nomme Tyr, dieu de la guerre et de la justice dans le panthéon asgardien. De guerrier à guerrier, veuillez accepter mes excuses, Frédéric, hôte de Guerre ! »

Frédéric ne sut plus où se mettre et fit un geste de la tête en signe d’acquiescement.

« - Quelle est ta doléance, jeune Frédéric ? » demanda Athéna.

« - Euh ... Hum ... Nous ne sommes pas tous encore réunis. Milla n’est pas encore parmi nous ».

« - Je vois. Tu fais preuve de ... cohésion ... avec ta compagne » fit Tyr, en jetant un coup d’œil à Athéna.

« - Qu’il lui soit fidèle est la moindre des choses, mais cela ne suffit malheureusement pas » répliqua Athéna en regardant Tyr droit dans les yeux.

Qu’y avait-il entre eux deux ? Leur attitude l’un envers l’autre semblait trahir un certains degré de concubinage mais cela ne semblait pas porter sur l’infidélité de l’un par rapport à l’autre, plus sur ce qu’avait dit Tyr.

« - Quoi qu’il en soit, la prochaine épreuve ne concerne que les hôtes des cavaliers. Elle se déroulera dans l’un des Mondes de poche dont je me sers lors de mes joutes contre mes adversaires afin de préserver l’intégrité du Multivers ! »

C’est alors qu’apparut un portail bleu à côté d’Athéna. En sortit le dieu Janus. Passant de vieillard à juvénile, il ouvrit un gigantesque portail spatial à même le sol de la rotonde.

« - FRÉDÉRIC !! » cria alors Milla, rejoignant le groupe à l’instant.

Ses vêtements étaient en lambeaux et ses blessures superficielles se résorbaient déjà. Ayant entendu les paroles d’Athéna en arrivant, Milla tenta de lui dire quelque chose : « - Il faut que tu saches quelque chose. Tu n’es pas un ... »

Mais trop tard, le portail de Janus avait englouti de façon sélective les quatre hôtes.
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Note 1 : Le titre de ce chapitre signifie "rotonde" en finnois.
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A suivre dans le chapitre 481 : Méngeni !