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 Chapitre 428 - Sur les traces d'Özkan

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Jezekiel
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Jezekiel


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Localisation : Poitiers, Vienne, France

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09012019
MessageChapitre 428 - Sur les traces d'Özkan

Terre 531 - An 1219 - Royaume Arménien de Cilicie - Ville d’Adana

La nuit tirait sur sa fin alors que les premiers rayons du soleil pointaient à l’Est. Dans l’orangerie au Sud d’Adana, l’odeur des orangers n’avait quasiment pas décrue depuis la veille. Cela n’avait pas empêché Jeremiah de remonter une piste olfactive caractéristique pour tout vampire. Même si le soleil n’avait jamais été une menace pour lui malgré sa condition, il devait maintenant se hâter et faire la course contre l’astre. S’il arrivait après le lever du soleil, il allait devoir le payer cher. Il fendait les rangées d’arbres fruitiers à une vitesse folle. Il fut bientôt en vue des premières habitations. Rien n’était encore joué.
Dans les rues, il n’y avait encore aucun habitant. Se levant au chant du coq, l’animal n’avait pas encore poussé son chant, une chance pour le vampire. Les rues désertes lui permettaient de poursuivre sur son élan. Le soleil commençait à projeter des ombres dans les rues mais le vampire ne s’avouait pas vaincu. Sa maison se situait au fond d’une ruelle à l’abri d’une colline qui lui donnait encore quelques minutes. En la voyant, il se dit que c’était bon. Il arriva sur le seuil de la maison et ouvrit la porte comme une bourrasque.
A l’intérieur, les yeux cernés de noir dû à une veillée toute la nuit durant, se tenait une femme d’une cinquantaine d’années au gabarit imposant et l’air renfrogné. Elle observa entre les jambes de Jeremiah l’obscurité s’effacer peu à peu dans la rue.

« - Vous jouez avec le feu, Monsieur Erebus ».

« - Tant que je ne me brûle pas, c’est l’essentiel » répondit Jeremiah avec un grand sourire.

«  - Un jour ou l’autre, c’est votre bourse qui brûlera ».

« - Combien je vous dois, Esmahan ? »

« - Étant donné que vous êtes arrivé avant le soleil en votre demeure, cela fera 3 tank ».

Jeremiah ouvrit la bourse qui pendait au côté de sa ceinture et préleva trois oboles de bronze pour les donner à Esmahan.

« - Comment ça s’est passé ? »

« - Comme toutes les nuits, elle a été sage et a dormi toute la nuit sans faire de difficultés. Si mes enfants pouvaient être comme elle ».

« - Je vous en remercie, Esmahan. Tenez, j’ai pris un peu de salgam suyu en passant » dit le vampire en lui tendant une gourde remplie.

« - A ce soir ! » fit la femme avant de quitter la maison en refermant doucement la porte.

Une fois seul, Jeremiah se dirigea dans sa chambre et le berceau dans lequel reposait un enfant d’un peu plus d’un an aux cheveux noirs ... noirs comme les siens. En arrivant dans la région, il avait adopté une autre couleur de cheveux pour passer inaperçu parmi la population. Il en avait profité pour en faire bénéficier également le bébé dont la chevelure à la couleur si peu ordinaire aurait amené des questions gênantes. De même, il avait choisi de déformer son nom de famille. D’Erebard il était passé à Erebus afin de ne pas faire un quelconque rapprochement avec son futur père adoptif . S’il se souvenait bien de son passé, il devait actuellement être en pleine croisade, la cinquième pour être exacte. Le croisé Erebard était actuellement en Égypte, à prendre la ville de Damiette en espérant pouvoir l’échanger contre Jérusalem, Jeremiah avait préféré prendre ses précautions.

Le vampire se remémora son départ de Fénay. Après avoir tué le père Bartholomé, il avait pris sur lui de prendre sous son aile le nourrisson aux yeux violets. Il avait regagné son moulin pour faire un rapide paquetage et s’était enfoui sans un mot alors qu’il faisait encore nuit. Volant un cheval dans l’écurie la plus proche, il avait choisi d’emprunter la route que la première croisade avait suivie jusqu’à Jérusalem. Elle était relativement facile mais il lui fallut tout de même près de deux mois pour la parcourir et atteindre l’Anatolie alors qu’un seul aurait suffi. Il faut dire qu’il était rapidement tombé sur les traces d’exactions de vampires en route.

C’est ainsi qu’au Nord des Alpes, juste avant de quitter le territoire franc, il avait affronté un vampire tout à fait singulier. Un aloubi du nom de Tanguy Defleur. Les aloubi, Jeremiah le découvrirait durant le combat, étaient particulièrement redoutables. Bien qu’efflanqués d’apparence, ils étaient surtout porteurs de famine. Une capacité dont se servit Defleur et poussa Jeremiah dans ses retranchements. Jeremiah eut la sensation de marcher sur un fil. D’un côté l’aloubi le privait peu à peu de toute vitalité, de l’autre, son cavalier sentant une influence néfaste semblable à la sienne, poussait pour sortir et prendre le contrôle du corps dont il était l’hôte. Tiraillé dans les deux sens, Jeremiah laissa exploser son pouvoir cryogénique pour neutraliser l’aloubi. Cette démonstration de puissance sera détectée des siècles plus tard comme une brève poussée glaciaire.

Tanguy Defleur n’ayant aucun lien avec Burak Özkan, Jeremiah poursuivit sa route vers le nord de la Lombardie et la capitale de l’empire romain germanique Milan. Ce fut, encore une fois, à une nouvelle branche de l’arbre vampirique à laquelle Jeremiah eut affaire. Les Stregoni Benefici. Il n’eut pas besoin de les chercher, ce furent plusieurs de leurs représentants qui vinrent à lui. Le premier contact fut des plus violents. Le prenant pour un vulgaire vampire, le premier stregoni que Jeremiah rencontra tenta de le tuer. En effet, les stregoni benefici avaient pour particularité de ne boire le sang que d’autres vampires. Ils étaient le résultat d’un cannibalisme antépénultième au sein d’un clan vampire reclus sur lui-même. Depuis, ceux qui avaient survécu à cet âge sombre étaient devenus des stregoni benefici et avaient formé une caste quasi-religieuse ayant pour mission de débarrasser la Terre des vampires. Jeremiah put l’apprendre de leurs bouches une fois le malentendu dissipé.

Se quittant en bons termes, Jeremiah put poursuivre sa route jusqu’en l’actuelle Serbie. En ces terres slaves, le vampire fut rapidement confronté à une piste sanglante. Des massacres en tout genre avaient été perpétrés en ces terres. Que ce soit les humains ou le bétail, tout être vivant semblait être la proie d’une meute de bêtes sauvages. En fait de bêtes sauvages, Jeremiah se demanda alors s’il n’avait pas affaire à une autre meute de Fils de Judas. Les rares témoins décrivaient des créatures humanoïdes de petite taille semblables à des enfants. Il découvrirait rapidement que ce n’était pas des Fils de Judas mais des Nekrstenici. Il s’agissait là d’un sacrilège bien plus horrible que les Fils de Judas. Les Nekrstenici étaient dit être des bébés morts avant d’être baptisés. En réalité, il s’agissait là de l’acte d’un vampire qui s’attaquait aux nourrissons en les vidant de leur sang via leur ombilic afin de ne pas laisser de traces de morsures. Les bébés subissaient une métamorphose accélérée de leurs membres afin de pouvoir se déplacer librement. Le créateur de ces horreurs avait forcément un lien avec Burak Özkan et le père Bartholomé. Le modus operandi était trop similaire à celui du bénédictin.
Complètement désordonnés, la piste des Nekrstenici ne fut pas difficile à remonter. Elle amena Jeremiah jusqu’à une grange abandonnée en marge de la ville. Là, il combattit brièvement un certains Andrija Ilic, lampir de son état. La particularité de cette déviance était la présence non pas de deux mais de sept crocs dans sa bouche, ce qui laissait immanquablement une morsure reconnaissable. Cette nuit là, l’affrontement se conclut par l’incendie de la grange. Au petit matin, il ne restait rien sur les lieux qui pouvait témoigner de l’horreur qui enflait nuit après nuit.

Ses pas le menèrent ensuite au futur Monténégro. Un vampire particulièrement bestial y sévissait. Les habitants qui l’avaient entraperçu le nommaient katanès. C’était une créature humaine mince mais très velue et possédant une dentition acérée. Jeremiah douta un instant qu’il s’agisse bel et bien d’un vampire mais les corps qu’il laissait exsangues derrière lui ne permettaient aucun doute. Contrairement à Andrija Ilic, le katanès n’avait aucun lien avec Burak Özkan. Il l’exécuta sommairement une fois s’en être assuré.

Avant d’achever le lampir, celui-ci lui promit que ses frères du sud le vengeraient. Étant donné l’organisation d’Özkan, il était à parier qu’il donnait un sens religieux au terme de "frères". C’est pourquoi, au lieu de poursuivre vers l’est et le détroit du Bosphore qu’avait emprunté la première croisade, Jeremiah bifurqua vers le sud et la Grèce. Le fléau du vampirisme semblait particulièrement retors en cette contrée. Nombre d’histoires faisaient mention d’attaques de créatures semblables à des vampires. Toutes désignaient ces créatures avec de noms extrêmement similaires. Si nombre d’entre elles s’avérait n’être guère plus que des rumeurs, deux d’entre elles méritèrent une investigation plus approfondie.

Son périple l’amena au Sud de la Grèce, dans la mer Égée, parmi les Cyclades, cet archipel d’îles paradisiaques. Passant par le détroit de l’Euripe, il descendit au sud de l’Eubée afin d’atteindre par bateau Andros, Tinos et enfin Mykonos. Pour atteindre cette dernière île, il dut carrément acheter un petit bateau de pêche. L’île avait été désertée suite aux méfaits d’un vroucolaca. Ce type de vampire était réputé insensible à l’eau bénite et toute procession religieuse ou autre prière. Pas même l’empale semblait l’atteindre. Pour Jeremiah ce fut surtout l’empale qui l’intrigua. En effet les prières et les signes de croix n’avaient jamais eu aucun effet sur les vampires. L’eau bénite indisposait surtout les plus jeunes. En revanche qu’un vampire résiste à l’empale, c’était tout autre chose.
Hormis cette spécificité, le vroucolaca ne représentait pas une grande menace. Il avait réussi à faire déserter la population car celle-ci était éparse et mal organisée. Mais surtout parce qu’il ne se contentait pas de se nourrir de ses victimes, il en convertissait la plupart. Ainsi, chaque nuit ils harcelaient les différents petits villages sans leur donner une seule nuit de repos.
Abordant l’île un matin, Jeremiah repéra leur antre alors que la nuit tombait. Il se retrouva confronté à la horde ... et la décima jusqu’au dernier de ses membres.
Le vroucolaca était bien plus organisé qu’il ne le laissait paraître. Jeremiah trouva dans sa chambre maints échanges écrits avec Burak Özkan. Les thèmes abordés étaient les mêmes qu’avec le père Bartholomé au détail près qu’ils faisaient mention d’un frère non loin d’ici, sur l’île de Santorin ... mais toujours aucune localisation de Özkan.

L’île était située un peu plus au sud de l’archipel. Il mit quelques jours de plus en passant par Naxos, Iraklia puis Ios. Sur l’île de Santorin, la population n’avait pas encore déserté mais la rumeur d’un monstre dans leurs rangs allait déjà bon train. Tendant l’oreille pour écouter les diverses conversations, Jeremiah apprit que ce vampire était nommé vyrkolatios, une nouvelle variante locale. Bien qu’il semblait officier depuis aussi longtemps que le vroucolaca, il ne semblait pas avoir fait autant de victimes. Par le biais d’une discussion de bar quelque peu alcoolisée, Jeremiah apprit où les victimes avaient été vues pour la dernière fois. Elles s’étaient toutes aventurées un peu trop au large des villages. Le vyrkolatios chassait donc en dehors des villages. Il ne semblait pas aussi téméraire que son frère vroucolaca.
A la vue des localisations et des fréquences des disparitions, Jeremiah estima qu’il n’avait affaire cette fois qu’à un seul prédateur ... bien que les disparitions semblaient trop éloignées les unes des autres même pour un seul vampire. Ne chassait-il que lorsqu’il était affamé ? Pensant avoir affaire à un individu dont la condition le répugnait, Jeremiah fut confronté à une réalité bien différente.
Le vyrkolatios était un sadique qui maintenait ses victimes en vie le plus longtemps possible. Il se nourrissait non seulement de leur sang mais aussi de leurs chairs faisant endurer un supplice innommable à ses victimes. La confrontation entre les deux individus fut des plus brèves. Jeremiah le décapita dès le premier échange.
Fouillant dans ses affaires, le vampire comprit rapidement que le vyrkolatios était un dément. Ses échanges avec Özkan s’étaient rapidement interrompus car le maître n’appréciait pas la teneur des paquets qu’il lui envoyait. Il lui signalait même de ne plus rien lui envoyer car ses colis n’intriguaient que trop les coursiers qui les lui apportaient. Il avait dû se débarrasser de deux d’entre eux. Il lui était dorénavant impossible de rester davantage à son adresse actuelle.
Sur les murs, le vyrkolatios semblait s’être interrogé sur la nouvelle adresse d’Özkan. De façon éparse étaient inscrit les noms de différentes villes allant de Jérusalem à Ankara. Au beau milieu d’elles était inscrit une question : "Plus à Adana, alors où ?". C’est ainsi que Jeremiah obtint le nom d’Adana, la ville où il se situait aujourd’hui.

A cette pensée, Jeremiah revint à la réalité. Il observa à nouveau le bébé avec bienveillance. Il le recouvrit avec le léger drap qu’il avait écarté durant son sommeil. Il éteignit la lampe à huile dont s’était servi Esmahan pour s’éclairer durant la nuit. Puis il se dirigea vers son bureau. Il ouvrit un tiroir fermé à clef et en retira un épais livre relié avec une couverture de cuir. Il prit son encrier et sortit de la chambre. Il n’avait jamais été aussi proche de mettre un terme aux agissements de Burak Özkan.
_____________

A suivre dans le chapitre 429 - le Sanglier
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Chapitre 428 - Sur les traces d'Özkan :: Commentaires

Shion
Re: Chapitre 428 - Sur les traces d'Özkan
Message Lun 14 Jan - 22:49 par Shion
Ah ben si, il a emmené le bambin XD

Jeremiah semble également tenir un journal. Intéressant.
Jezekiel
Re: Chapitre 428 - Sur les traces d'Özkan
Message Mar 15 Jan - 11:43 par Jezekiel
J'ai oublié une petite note concernant le salgam suyu que Jeremiah donne à Esmahan.

Le salgalm suyu est un jus de navet rouge fermenté, acide et salé mais rafraîchissant, une des spécialités de la ville d'Adana où se déroule ce chapitre.
 

Chapitre 428 - Sur les traces d'Özkan

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