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 Chapitre 429 - le Sanglier

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Jezekiel
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Jezekiel


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Date d'inscription : 11/03/2012
Localisation : Poitiers, Vienne, France

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16012019
MessageChapitre 429 - le Sanglier

Terre 531 - An 1219 - Royaume Arménien de Cilicie - Ville d’Adana

La nuit précédente, Jeremiah avait traqué et acculé un vampire au-delà des murs de la ville, au-delà des orangeraies. Étranger à la ville, et même à cette région du monde, le vampire n’était pas arrivé ici par hasard. Il déambulait dans la région, ne sachant pas trop ce qu’il cherchait, paumé qu’il était. On lui avait indiqué qu’il trouverait un but à son existence dans cette ville. Cette indication devait être antérieure au déménagement d’Özkan et elle avait dû lui être prodiguée par l’un de ses fidèles. A en noter par son fort accent guttural, le vampire vagabond était d’origine germanique. Une fois débarrassé d’Özkan, il se disait qu’il irait bien ensuite faire un peu de dératisation dans les pays slaves.

Hormis ce paumé, Jeremiah n’avait pas encore trouvé de traces concrètes du maître. Bien sûr il y avait bien ces glyphes peintes avec du sang sur les murs de différentes bâtisses en ville. Situées en hauteur, à l’abri des regards du commun des mortels, Jeremiah était tombé sur la première complètement au hasard. Elles constellaient littéralement la ville et ne semblaient pas indiquer un trajet bien particulier ; cela aurait été trop simple. Ce Burak Özkan avait été intelligent pour le coup. Nuit après nuit, lorsqu’il n’était pas sur une piste comme celle du vampire vagabond, Jeremiah s’attelait à cartographier la ville et l’emplacement des glyphes. Il y avait forcément une signification et seul un type de glyphe était à suivre, ou bien une chaîne bien particulière. Depuis une semaine qu’il était arrivé à Adana, il était parvenu à cartographier environ 70% de la ville, estimait-il. Mais déjà un schéma semblait se dessiner. Une glyphe se répétait un nombre important de fois au travers de la ville, bien plus que n’importe quel autre type de glyphe. A n’en pas douter il devait s’agir de la glyphe indiquant une mauvaise direction ou peut-être ... Reliant ces glyphes les unes aux autres, Jeremiah vit apparaître sous ses yeux une sorte de labyrinthe. Il n’avait plus qu’à déterminer où était l’entrée et où était la sortie ou l’objectif.

Les nuits qui suivirent furent relativement calmes. Bien qu’explorant la ville en tout sens, Jeremiah ne détecta aucune sorte d’agitation. Il semblait être le seul à jouer au noctambule. Cela lui allait parfaitement, il ne résoudrait l’énigme du labyrinthe que plus rapidement. Il ne lui fallut que trois nuits supplémentaires pour finir le labyrinthe sur son plan sommaire de la ville. Les murs étaient tous dessinés mais il lui restait encore à déchiffrer ces glyphes. Le labyrinthe présentait plusieurs entrées et l’objectif se situait vraisemblablement en plein cœur de la ville. Sans connaître la signification des glyphes, impossible de déterminer la cible. Bien que plusieurs se situant en bout de chemin étaient uniques, l’une d’entre elles se démarquait des autres. Elle n’était ni plus petite ni plus grande, non, son style graphique était sensiblement différent. Toutes les autres glyphes ressemblaient à des lames quelconques, des pointes, des dagues aux lames courbées, des têtes de flèches ... mais celle-ci. On aurait dit une sorte de croissant de lune horizontal avec une pointe sur son sommet et deux points au creux du croissant. Quelle pouvait bien donc être cette arme ? Et si ce n’était pas une arme ? Et si cette glyphe faisait partie d’un ensemble ? Une sorte de dessin à reconstituer au fur et à mesure de la progression dans le labyrinthe.
En partant de cette glyphe spéciale, Jeremiah tenta différents assemblages jusqu’à commencer à obtenir quelque chose de sensiblement cohérent. Une sorte de boomerang faisait écho à la pointe du croissant. De chaque côté, deux paires de pointes semblaient s’y adjoindre. Puis ce fut une paire de dagues et là le dessin ne fut plus une idée farfelue. Rapidement, Jeremiah trouva le bon chemin, influencé par le dessin en formation. En quelques minutes, il finit le dessin et obtint donc l’entrée mais, et surtout, l’objectif. Quant au dessin, il ressemblait à une marque tribale représentant une tête de sanglier. [1] Pourquoi un sanglier ? Le vampire l’ignorait pour le moment. L’essentiel était qu’il semblait enfin avoir déterminé l’emplacement de l’ancienne demeure de Burak Özkan. Pour cette nuit, cela allait être trop tard. Il avait congédié Esmahan de bonne heure et la femme devait déjà être rentrée chez elle dormir. Même si le bébé dont il avait la charge était d’un calme olympien, il était hors de question qu’il le laisse seul. Il prit son mal en patience et s’assoupit durant une bonne partie de la journée afin d’être en pleine possession de ses moyens la nuit venue.

Il revint à lui alors que le soleil envoyait ses derniers rayons avant de se coucher pour la nuit. Jeremiah fut étonné de s’être si profondément endormi. Cela ne lui était pas arrivé depuis des lustres. Alerte, il s’inquiéta immédiatement pour le bébé. Il était allongé tranquillement dans son berceau et babilla quelque peu en voyant Jeremiah se pencher au-dessus de lui.

« - Papa ! » fit-il.

Le vampire le prit quelques instants dans ses bras jusqu’à ce que l’on vienne frapper à la porte. Jeremiah sut immédiatement qui c’était à l’odeur florale qui passait sous la porte. Il s’agissait d’Esmahan. Il lui ouvrit avec un sourire. La femme lui prit le bébé et lui souhaita bonne soirée.

Le vampire ne se fit pas prier. Il marcha d’un pas rapide dans les rues jusqu’à être hors de vue. Là il bondit sur un toit et poursuivit à toute vitesse, bondissant de toit en toit. Il ne tarda pas à atteindre le bâtiment marqué par la glyphe finissant le schéma, celle qui formait le groin de l’animal. C’était une demeure relativement chic pour l’époque et la ville. Il s’agissait sans nul doute de la demeure d’un riche propriétaire. Ce qui expliquait pourquoi Burak Özkan n’avait pas été inquiété ; il devait graisser des pattes. Néanmoins, Jeremiah reconnut la demeure. Elle se trouvait dans un quartier où il avait enquêté dès les premiers jours. En effet, il avait entendu une rumeur, une sorte de légende urbaine concernant des colis arrivant écarlates en ce quartier. Personne n’avait jamais osé poser des questions quant à leur contenu jusqu’à ce qu’un certain  Mustapha, un jeune débutant dans le métier de livreur, eut la curiosité d’en ouvrir un. Ce qu’il vit dedans l’horrifia tellement qu’il en devint blanc comme un linge. Il ne ressortit jamais du quartier et personne ne le vit plus depuis. Ces colis destinés à Burak Özkan, celui-ci avait dû se débarrasser du livreur afin qu’il n’ébruite pas ce qu’il avait découvert.
Bien qu’ayant recherché de quelconques signes révélateurs de la présence passée d’un vampire, jamais il n’avait suspecté cette demeure. Sa proie semblait drôlement futée pour s’être ainsi dissimulée à la vue de tous si longtemps. S’il n’y avait pas eu le vyrkolatios de Santorin, il résiderait sans doute encore en ces lieux.

Soudain, Jeremiah vit une ombre se faufiler à l’intérieur, à travers les volets. Il y avait donc encore quelqu’un. Réagissant vivement, Jeremiah éclata le volet et la fenêtre en pénétrant dans la demeure. Bien qu’ayant été très réactif, le vampire ne vit aucune silhouette. C’est alors que l’odeur du sang lui vint aux narines. Elle était puissante. S’interrogeant un instant sur la raison pour laquelle il ne l’avait pas sentie de l’extérieure, le vampire comprit de suite pourquoi en se rappelant l’aspect de la demeure. Elle était entièrement recouverte de plantes grimpantes odorantes. L’intérieur de la demeure transpirait un certain niveau de vie mais semblait avoir été déserté depuis fort longtemps comme en témoignait la colonie de souris qui pullulait un peu partout.
Outre l’ingéniosité d’Özkan, autre chose l’intriguait plus encore. Étant donné la puissance de l’odeur, une grande quantité avait dû être versée en ce lieu. Se souvenant des méfaits du père Bartholomé et de Andrija Ilic ... sans oublier le vroucolaca de Mykonos, Jeremiah redoutait de découvrir ce qui avait bien pu se passer ici.

« - On a beau nettoyer encore et encore, l’odeur du sang ne parvient jamais à s’estomper complètement pour nous autres, n’est-ce pas ? » fit alors une voix.

Son imagination ne lui avait pas joué de tours. Il y avait bien quelqu’un en cette demeure ... mais pourquoi ne l’avait-il pas vu en entrant ? Jeremiah se retourna mais ne vit toujours personne.

« - Qui êtes-vous ? » lança-t-il.

« - Ne serais-ce pas plutôt à moi de poser cette question ? »

Jeremiah ne parvenait toujours pas à localiser son interlocuteur. Par quel stratagème échappait-il à sa vue ?

« - Mieux vaut pour vous ne pas être Burak Özkan ! » dit alors Jeremiah.

« - Ainsi vous connaissez l’identité du maître de ces lieux. Vous n’êtes donc pas venu ici par hasard ».

« - Je suis Jeremiah ... »

« - D’Erebus, oui je sais. Vous n’avez pas été particulièrement discret durant votre périple qui vous a mené jusqu’à moi ! Le meurtre du père Bartholomé aurait pu n’être qu’un incident de parcours. Mais Ilic et ses Nekrstenici ainsi que les frères des cyclades ? Vous avez laissé une piste facile à suivre ... bien qu’irritante ».

« - Vous êtes donc Burak Özkan ! »

« - Ai-je dit cela ? Le maître est parti et personne ne le reverra plus en cette demeure ... et vous ne le verrez simplement jamais nulle part. Votre chemin s’arrête ici ».

« - J’aimerais bien vous voir tenter de m’arrêter ».

« - Oh ! Mais c’est déjà fait. A l’instant où vous êtes entré chez mon maître, vous avez signé votre arrêt de mort ! »

« - Pour me tuer, il faudrait que vous vous montriez, or vous ne semblez pas assez courageux pour cela ! »

« - Détrompez-vous ! J’ai toujours été sous vos yeux depuis que vous êtes entré ».

Jeremiah se figea. Se pourrait-il que ces souris ... Mais le vampire n’eut pas le temps de se poser la question que des dizaines, des centaines, des milliers de souris lui tombèrent sur le dos et les épaules des poutres au-dessus de lui. Celles au sol vinrent se joindre à leurs congénères pour assaillir Jeremiah. Il croulait littéralement sous le poids. Les rongeurs lui infligèrent un millier de morsures en même temps. Elles pompaient goutte à goutte son sang. Le vampire mit rapidement un genou au sol. Sur son dos, les souris s’assemblèrent pour former un buste et une tête humaine.

« - Étant donné le meurtre systématique de nos semblables au cours de votre périple, il était impensable que vous vous joignez à notre cause. Et je le déplore. Vous êtes un spécimen tout simplement fascinant, résistant à la lumière du soleil sans broncher et se mouvant à une rapidité extrême. Seule une attaque par surprise pouvait me donner une chance contre vous. Et puis j’ai vu votre livre cet après-midi pendant que vous dormiez. Vous êtes un érudit. Vous répertoriez consciencieusement toutes le formes que le vampirisme peut adopter. A titre d’information, sachez que je suis un Tenatz. Une chance pour moi que vous n’ayez pas bifurqué par la Bosnie ».

A la simple mention que le Tenatz ait lu son livre, cela fit réagir Jeremiah. S’il l’avait lu, alors il avait aussi eu accès au bébé. Il allait devoir mettre un terme à cette mascarade plus tôt qu’il ne l’avait planifié de prime abord. Il ouvrit les yeux en grand ; ses iris rayonnant d’un bleu roi. Jeremiah abaissa drastiquement la température de son corps. Rapidement les premières souris furent congelées. Le Tenatz hurla de douleur en tentant de se reformer pour s’éloigner de Jeremiah. Celui-ci ayant eu le temps de congeler plusieurs centaines de rongeurs presque de façon instantanée, le Tenatz ne put se reformer complètement. Il gisait sur le sol avec des moignons à la place des jambes. Il regarda Jeremiah avec une certaine rancœur, de la haine même d’avoir simulé son état de faiblesse sous son attaque.

Ayant accusé le coup de ce revers, le Tenatz tenta de se diviser en multiples rongeurs afin d’échapper à Jeremiah ... mais en vain. Son adversaire avait prévu le coup et avait érigé une barrière de glace afin d’éviter qu’un rongeur puisse passer par-dessus.

« - Si vous avez suivi mes actions, vous deviez savoir que vous courriez à une mort certaine en m’affrontant et pourquoi ? ... Pour le bébé ? »

Le Tenatz se mit à sourire.

« - Il est désormais entre nos mains. Cette enfant deviendra finalement ce pour quoi elle a été destinée depuis son plus jeune âge, mon maître fera tout pour que cela soit ainsi ... ou alors il se débarrassera d’elle ! »

Jeremiah serra les dents, fronça les sourcils.

« - Quand à vous affronter ... je n’ai pas considéré cela comme un suicide. Se débarrasser des autres frères n’était pas une tâche insurmontable ».

Jeremiah ne releva pas.

« - Et Özkan ? Qu’est-il ? »

Le Tenatz sourit à nouveau.

« - Notre maître est un Agriogourouno ... mais cela ne vous servira pas à grand chose ».

« - Pourquoi Agriogourouno ? Le mot grec pour sanglier ? »

Le Tenatz sourit.

« - Vous n’êtes pas si différent de nous. Vous êtes un chasseur et seule votre proie vous importe. Peu importe le sort de ce bébé finalement ».

« - C’est là que vous vous trompez. Le bébé, vous l’avez sûrement kidnappé à la minute où j’étais parti de chez moi. Ce ne sont pas quelques secondes qui changeront grand chose ... surtout si je peux obtenir des informations qui me feront progresser plus vite quand je partirais à son secours. Dites-moi où il loge maintenant ? »

Le Tenatz serra les dents. Manifestement il ne comptait pas le lui dire.

« - Ne vous faites pas d’illusions, je vous tuerais avant de partir. La seule chose que vous pouvez faire c’est de choisir entre une mort lente et douloureuse ou une mort rapide ».

L’air qu’adopta le Tenatz était des plus mauvais.

« - A quoi bon continuer de servir un maître qui vous a mené à votre perte uniquement pour récupérer le bébé ? »

« - Je vous l’ai déjà dit : Tuer le vroucolaca, le vyrkolatios et Ilic et ses nekrstenici n’était pas un exploit ! »

« - Sauf que j’ai également tué Tanguy Defleur ! »

« - L’aloubi des Alpes ? » fit le Tenatz, stupéfait.

Le Tenatz tourna la tête pour observer la glace formée par Jeremiah.

« - L’avancée du glacier ... c’était vous ?? »

« - Si vous suiviez mon périple, comment cela a-t-il pu vous échapper ? »

Le Tenatz comprit alors que son maître avait volontairement omis ce fait ... il l’avait effectivement sacrifié. Il se mit à serrer les dents.

« - Une décapitation ! »

« - Pardon ? »

« - Je souhaite une décapitation quand vous me tuerez ! »

Bien que barbare pour le commun des mortels, pour un vampire la décapitation était largement préférable que de mourir des rayons du soleil qui s’apparentait alors à un véritable bûcher pour eux.

« - Burak Özkan est en route pour Jérusalem ! »

« - Merci ! »

Créant une épée de glace, Jeremiah décapita le Ténatz comme convenu. Le cadavre se désolidarisa alors en milliers de souris, toutes gisant sur le sol, mortes.
_____________

[1] : Note : Voici à quoi ressemble le symbole tribal de tête de sanglier
Chapitre 429 - le Sanglier Babel_10
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A suivre dans le chapitre 430 - l'Agriogourouno, part 1 : Antioche !
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Chapitre 429 - le Sanglier :: Commentaires

Shion
Re: Chapitre 429 - le Sanglier
Message Mar 22 Jan - 19:41 par Shion
Décidémment, tu as fait pas mal de recherches sur les différentes sortes de vampire pour cet arc ^^

Je me demande ce qu'il va arriver à la gamine. Et Si Jeremiah arrivera à la sauver.
 

Chapitre 429 - le Sanglier

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