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 Chapitre 434 - Séparation

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Jezekiel
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Jezekiel


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22022019
MessageChapitre 434 - Séparation

Terre 531 - An 1249 - A quelques kilomètres de Mansourah

Depuis Antioche, trente années s’étaient écoulées. Trente années durant lesquelles Jeremiah traqua les ultimes affiliés à l’ordre noir de l’agriogourouno Burak Özkan. Comme l’avait juré Lucie sur son lit de mort, multiples furent les morts-vivants à fomenter une quelconque attaque de Jérusalem pour la reprendre aux musulmans durant la première décennie. Jeremiah se fit un devoir de toutes les faucher comme on fauche le blé tout en élevant la petite Blanche. Ces attaques connurent un hiatus aux alentours de 1229, au moment de la sixième croisade lorsque Jérusalem fut enfin reprise par les chrétiens.

Dès lors, Jeremiah put essentiellement se concentrer sur l’éducation de Blanche. Il connut les affres d’être un parent. Les sueurs froides que la petite Blanche pouvait lui faire connaître de par son côté intrépide. Mais également l’émerveillement de la voir grandir et faire sa fierté. Une vie de parent banale en somme ... s’il n’y avait pas eu ces capacités latentes qui se développaient et s’affermissaient au fil des ans. Plus elle grandissait et plus le rituel dont elle avait subi les balbutiements encore bébé impactait sa vie. Cette chevelure blanche si éclatante fut troublée par quelques mèches d’un rouge écarlate disposées sur sa tête presque de façon esthétique ... du moins ça l’aurait été si ça avait été conscient. Année après année, Jeremiah découvrait les séquelles dues à l’héritage des fils de Judas ... mais également le sien puisque Blanche avait été arrosée par le sang du vampire.

A Mahalla, en 1226, Blanche connut son premier amour. Amour bridé par son père qui voyait d’un mauvais œil cette relation tandis que son organisme connaissait des transformations dues à la puberté ... et ses multiples héritages. Héritages qui se manifestèrent violemment lorsque son amour, las d’attendre, tenta de la violer. Une chose était sûre, il ne tenterait plus pareille vilénie tout le reste de sa misérable vie, privé qu’il était de son appareil viril.

En 1244, néanmoins, les choses changèrent du fait du sultan d’Égypte Aiyûb qui reprit Jérusalem. Dès lors, les vestiges de l’ordre noir se réactivèrent et reprirent leurs complots contre les musulmans de Jérusalem. Cette fois aidé d’une Blanche en pleine possession de ses moyens, Jeremiah finit d’éradiquer ces cellules éparpillées. Aucune d’entre elles n’opposa une résistance notable contre le duo infernal.

Toutes ces années, Jeremiah ne perdit pas de vue son objectif : être de retour en France pour l’année fatidique 1250. C’est ainsi qu’au second semestre de 1249, Jeremiah décida de révéler à Blanche son histoire complète et ce qui allait s’ensuivre. Tandis que Blanche s’émerveillait du récit de son père, elle fut contrariée par sa conclusion.

« - Cela fait des années que j’y réfléchis. Crois-moi, cela a été dur de m’y résoudre. C’est ... un véritable déchirement pour moi que d’y songer à l’avance ... mais ... je partirai seul ».

« - Quoi ? »

« - Là et quand je me rendrais, la menace sera autrement plus dangereuse que de quelconques vampires. Je ne peux me résoudre à t’y exposer ».

« - Alors n’y vas pas ! »

Jeremiah ferma les yeux. Il avait songé également à cette possibilité ... mais l’hôte qu’il hébergeait faisait qu’il avait des responsabilités qui l’obligeaient à abandonner son enfant ... même adoptif. Cela, Blanche le lut dans le regard de son père dès qu’il rouvrit les yeux.

« - Tu comptes me laisser ici, seule ? »

« - Tu es tout à fait capable de te débrouiller seule, et tu le feras à merveille, j’en suis sûr ».

« - Mais je ne saurais pas l’être suffisamment pour t’accompagner ! »

Cette nuit là, Blanche ne la passa pas aux côtés de son père adoptif. Ni les jours et nuits suivants. Le cœur de Jeremiah se serra à l’idée que cela aurait été la dernière fois qu’il la voyait et de la quitter sur une dispute.

Tandis que la septième croisade battait son plein et s’approchait dangereusement de Mansourah, à quelques kilomètres de Mahalla seulement, Jeremiah décida de préparer son départ pour la France, espérant ne pas être pris entre les armées franc et ayyoubide. Il n’avait plus revu Blanche depuis ce jour fatidique où il lui avait révélé tout de son histoire et de ce qu’il comptait faire dans les mois qui suivront.

C’est ainsi que le 5 février, il choisit d’atteler son dromadaire avec ses affaires. Son regard s’attarda un instant sur les paquetages qu’il avait faits la veille pour Blanche, au cas où elle reviendrait à temps. Manifestement, il ne la reverrait plus. Après avoir essuyé une larme qui perlait au coin de son œil, Jeremiah se dirigea vers sa chambre prendre l’unique objet qui lui manquait : son grimoire.
En pénétrant dans la pièce, il eut la stupéfaction de ne pas le voir là où il l’avait laissé la veille, où il avait écrit une ultime note avant son départ.

« - C’est ça que tu cherches, papa ? »

Jeremiah se retourna pour voir le grimoire entre les mains de Blanche, souriante.

« - Blanche ! »

Jeremiah se précipita vers elle pour l’enserrer dans ses bras.

« - Tu ne croyais tout de même pas que tu effectuerais ce dernier voyage à cette époque sans moi, quand même ? » fit-elle malicieusement en serrant son père également dans ses bras.

Après cette effusion, Jeremiah l’aida à atteler le second dromadaire et tous deux prirent un chemin de traverse qui devrait leur faire éviter Mansourah et le siège qui s’y préparait, en contournant la ville par le sud. Ils parvinrent en vue du gué de Salamûn le 6 février.

Étrangement, Jeremiah connaissait l’existence de ce gué sans s’y être jamais rendu tout ce temps où il était avec Blanche. La jeune femme lui confirma ne jamais être venue jusqu’ici non plus. Étrange, pensa-t-il. Néanmoins, père et fille poursuivirent leur route et traversèrent cet embranchement du Nil sans encombres.

Poursuivant vers le nord, tous deux s’arrêtèrent soudainement. Une forte fragrance d’origine humaine, teintée principalement de sueur, leur venait aux narines. Un rassemblement conséquent ne se trouvait pas loin d’eux. Étant donné l’intensité, cela ne pouvait être une simple caravane ; c’était plus important.

..oO( Une armée !) pensa alors le vampire.

« - Blanche ! Rabat ta capuche et ne dit pas un mot, dissimule-toi derrière nos bêtes ! »

« - Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« - J’ai beau avoir tenté de les éviter, on va rencontrer des Croisés ! » fit-il.

« - Des Croisés ? Tu as peur de simples humains ? »

« - FAIS CE QUE JE TE DIS ! » haussa-t-il le ton.

Il était rare que son père hausse ainsi la voix. Blanche sut qu’elle devait obéir.

« - Qu’avons-nous là ? » fit une voix inconnue, en français.

Jeremiah se retourna et se maudit d’avoir parlé si fort, presque crié. Il les avait sûrement attirés à eux. C’était un petit groupe de cinq soldats, des troufions envoyés en éclaireurs ou en ronde autour d’un quelconque campement. Voyant qu’ils n’étaient que deux, ils eurent l’audace de s’avancer jusqu’à eux. Dans d’autres circonstances, le vampire ne leur aurait jamais permis ... Mais il était en train de se souvenir de l’époque et du lieu et c’était un moment crucial de l’histoire, de son histoire, qu’il ne devait pas influencer outre mesure.

« - Je ne suis qu’un simple bédouin accompagné de son jeune fils » répondit-il en simulant de ne pas bien parler le français.

Les soldats tentèrent de regarder Blanche mais celle-ci, écoutant son père, se dissimulait derrière leurs dromadaires. Mais même sans cela, si elle n’enlevait pas sa capuche, il était impossible de déceler que c’était une femme ; ses vêtements amples empêchaient toute distinction de sexe ... des vêtements masculins de surcroit.

« - Et que faites-vous ici ? Nous sommes en guerre, "mon ami". Tu ne veux pas défendre ton pays ? »

« - Je suis trop âgé et mon fils trop timoré pour participer à la guerre ! »

« - Pas d’excuses en temps de guerre, mon vieux. Vous êtes des déserteurs ! Chez nous on les pend ! » fit un second soldat.

Jeremiah ne répliqua pas, il serra les dents. Comment se sortir de cette situation ? Ils le prenaient pour un bédouin déserteur ; deux raisons de le tuer ... à moins que ...

« - Vous désirez traverser le Nil, n’est-ce pas ? Et si, en échange de nos vies, je vous indiquais un gué où traverser ? »

Les soldats s’interrogèrent du regard quelques secondes.

« - L’échange nous semble honnête. Montre-nous ! »

« - Permettez à mon fils de partir d’abord, s’il vous plait ».

Les soldats hésitèrent un instant.

« - D’accord ! »

Jeremiah s’approcha de Blanche et lui parla en wenja, le dialecte des hommes de caverne qu’il lui avait appris afin que personne ne les comprenne en cas de besoin. Il lui indiqua un lieu où se retrouver et de bien soigneusement éviter une région en particulier afin de ne pas tomber sur les Croisés.
Après quoi, Jeremiah accompagna les soldats au gué de Salamûn. Les soldats, ravis, se retournèrent vers lui en sortant leurs armes. Jeremiah se doutait de leur réaction. Ils ne pouvaient permettre au bédouin qu’il était de divulguer l’endroit où des envahisseurs passeraient d’ici peu. Néanmoins, Jeremiah se mit à sourire et releva la tête.

« - Vous avez de la chance, vous devez encore informer vos commandants de l’existence de ce gué, sinon vous seriez déjà morts ! »

Les soldats se mirent à rire devant tant d’impudence. Puis l’un d’entre eux s’avança pour le pourfendre. Il se cogna contre un mur invisible. Ses comparses le rejoignirent et ne purent rien faire de plus. Frappant ce mur invisible de leurs lames, elles se brisèrent en milles morceaux sous le froid intense qui les envahissait.

« - N’oubliez pas, messieurs, je ne suis rien de plus qu’un bédouin déserteur ! »

Sur ce Jeremiah disparut à l’état de brume. Les soldats se demandèrent s’ils n’avaient jamais eu affaire à un bédouin ou à un simple mirage. Ils se mirent d’accord sur le fait de taire cette expérience et retournèrent au camp.

Placé au loin du campement et à couvert, Jeremiah observa l’armée de Croisés lever le camp et partir en direction du gué de Salamûn. Parmi la foule, il crut reconnaître une silhouette ... celle de son lui encore humain.

« - Est-ce toi, père ? » demanda Blanche qui l’avait rejoint.

« - C’est fort probable ! » fit-il.

Tous deux reprirent leur route et atteignirent la France sans encombres majeures.
_____________

A suivre dans le chapitre 435 : Bis repetita !
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Chapitre 434 - Séparation :: Commentaires

Shion
Re: Chapitre 434 - Séparation
Message Mer 27 Fév - 16:09 par Shion
Intéressant ce chapitre. je me demande comment va réagir Jeremiah face à l'évènement par lequel tout a commencé pour lui.
 

Chapitre 434 - Séparation

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