La Terre 7734 faisait partie de ces répliques de la planète bleue sur lesquelles il ne faisait pas bon séjourner. Et même si elle partageait autrefois le cérulé de ses sœurs, cela n’était plus le cas depuis que les démons y avaient établi une tête de pont permanente. Autrement formulé, la Terre 7734 était devenue l’une des bouches de l’Enfer.
Seules les formes de vie les plus résistantes avaient survécu à l’ouverture de l’Enfer sur Terre. Les plus résistantes mais aussi les plus insignifiantes aux yeux des démons. Il n’y avait guère plus que les cafards à représenter la vie autochtone de la planète.
Riche d’océans et de mers florissant de vie et arborant toute une palette de bleus divers et harmonieux, la Terre les avait vu rougir au sang des créatures la peuplant ; les démons n’ayant pas fait de demi-mesure dans l’éradication systémique.
L’ouverture de la bouche avait réveillé l’ensemble des volcans de la planète saturant son atmosphère de soufre brûlant, obscurcissant le ciel et faisant obstacle aux rayons du soleil.

La Terre 7734 resta durant de longs siècles le territoire incontesté des démons jusqu’à ce que l’Éternel n’envoie ses anges vengeurs disputer une bataille apocalyptique. Les pertes démoniaques furent si élevées que les démons durent abandonner cet accès. Cette bataille eut lieu il y a près d’un siècle et même si les deux camps l’avaient abandonnée, la Terre 7734 ne s’en était jamais remise. Plus jamais les océans dorénavant noirs ne reprendraient jamais leur couleur azur. Les cieux resteraient sombres aussi longtemps que les volcans resteraient actifs. Et les cadavres des démons et des anges tombés au combat resteraient pour l’éternité sans sépulture décente, à pourrir à l’air libre ou recouverts d’une épaisse couche de cendres.

Même si la planète n’avait pas mérité ce sort, ainsi que la majeur partie de la faune hébergée sur l’astre, il n’en était rien de l’espèce "dominante". Les représentants de l’humanité ici présents constituaient ce que l’espèce humaine pouvait proposer de pire : voleurs brutaux, violeurs, tueurs, assassins, fratricides, parricides, infanticides, génocidaires. La lie de l’humanité se retrouvait sur cette planète.
Leur déclin débuta à l’époque du Roi Salomon, fils de David. Avec près de 700 épouses et 300 concubines, il laissa sa sagesse légendaire s’étioler, se laissant aller à un laxisme contre nature en permettant et même ordonnant l’érection d’idoles païennes contraires au Dieu qu’il était sensé servir fidèlement. L’idolâtrie arriva à son paroxysme lorsque les enfants aînés des portées furent sacrifiés en holocauste au démon Moloch dans la vallée de Hinnom située près de la ville sacrée de Jérusalem. Les abominations se perpétuèrent durant de longues années sans jamais qu’un seul opposant parvienne à se faire entendre. Ici, point de Jérémiah ni de Josias pour enrayer ces actes barbares.
Des bûchers permanents furent érigés dans la vallée qui devint au fil des âges à la fois un lieu de sacrifices humains et de dépotoirs. Ces bûchers servaient à maintenir au plus bas le niveau des déchets jetés ici, aussi bien immondices que restes humains. La vallée de Hinnom fut peu à peu nommée autrement, la Géhenne, comme pour inviter les hordes de Moloch à se déverser sur leur planète. Le mal appelant le mal, Moloch finit par s’intéresser à cette planète particulièrement viciée. Transformant les bûchers perpétuels en portail démoniaque, il y déversa ses hordes démoniaques pour le destin qu’on connait.

C’est sur cette Terre maudite qu’un portail dimensionnel de la Grande Bibliothèque déposa le groupe de Frédéric. Ayant précipité son groupe en enfer, Frédéric fut le premier à sortir du portail.
Il regretta immédiatement d’avoir atterri ici et fit machinalement un pas en arrière. L’air toxique lui brûla les poumons dès sa première inspiration. Sa vue se brouilla un instant, le temps que ses glandes lacrymales cessent de produire des larmes. Après quelques secondes, il comprit que sa régénération lycanthropique lui permettrait de résister aux conditions atmosphériques de cette planète maudite.

Sans se retourner vers le portail, il fit un signe de la main de le suivre tandis qu’il faisait quelques pas. Ce fut Milla qui arriva alors. L’entendant tousser, Frédéric se retourna vers elle et prit ses mains dans les siennes.

« - Ne retiens pas ta respiration, ce sera encore pire. Laisse cet air sulfurique pénétrer tes poumons. Il faut qu’ils trouvent le bon équilibre entre détérioration et réparation ».

Pliée en deux, Milla le regarda par en dessous avec un air de dire « - Où est-ce que tu nous as emmenés ? ».

Suivirent Jeremiah et Wade qui, n’ayant plus besoin de respirer, ne furent nullement incommodés, pas même par leur système lacrymal ... à l’arrêt complet depuis leur trépas.
Puis ce fut au tour de Reinhardt de passer le portail ... sous sa forme démoniaque. Sous cette forme, il aurait pu se retrouver en Enfer même qu’il n’aurait pas été plus dérangé que cela.
Ce fut alors au tour de Isaac de poser les pieds sur cette Terre de malheur.

# Analyse atmosphérique #
...
# Capacité des filtres estimée suffisante #

Fermant la marche, et attendant la confirmation du drone, Blanche franchit le portail juste avant qu’il ne se referme. La jeune femme portait un masque respiratoire et une paire de lunettes transparents, semblant n’être fait que d’un vulgaire plastique ... ce qui n’était bien évidemment pas le cas. C’était la seule du groupe à ne pas présenter de défenses naturelles suffisantes pour affronter cette atmosphère sur une longue période.

« - Ce n’est pas l’Enfer ... Mais on en n’est pas loin ! T’es sûr de ton coup ? » fit Reinhardt.

« - Mimir m’a dit que c’était sur cette planète donc il n’y a pas trop à douter de cette information » répondit Frédéric d’une voix rauque, l’air ambiant attaquant aussi ses cordes vocales.

« - Franchement j’espère aussi car si ça empire, on n’est que quatre à avoir ce qu’il faut pour y faire face ... et la gamine y passera sûrement la première ! »

« - La gamine saura se démerder ! » répliqua Blanche.

« - Je ne permettrais pas que Blanche Erebus et Milla Hillariak soient exposées à un danger environnemental qui leur soit fatal » ajouta Isaac.

« - Merci de penser à moi, mon cher » fit Milla en posant une main sur l’épaule du robot.

« - Où est notre objectif ? » demanda Wade, direct.

Frédéric jeta un coup d’œil à Isaac qui comprit le regard. Il afficha une carte topographique de la région en holographie.

« - Les points bleus nous représentent et l’objectif est en rouge » indiqua le drone.

« - C’est moi où on est relativement loin ? » demanda Blanche.

« - Notre point d’entrée se situe à 50 km du point intermédiaire, le Mont Sion » répondit Isaac.

« - On a choisi un point aussi éloigné en espérant que notre arrivée ne soit pas repérée. Une fois au Mont Sion, nous aurons à priori une vue dégagée sur la Géhenne et ce qui s’y trame » compléta Frédéric.

« - On a 50 km à parcourir en premier lieu, ça fait quoi ? 5 heures de marche, 4 si on force le pas. Autant s’y mettre tout de suite alors » intervint Milla, également avec une voix rauque.

« - Et une fois sur le mont ? » demanda Reinhardt.

« - On avisera ! » répondit froidement Wade.

« - Jusqu’au Mont Sion, Isaac activera son détecteur de mouvement passif. Il nous préviendra à la moindre approche » voulut conclure Frédéric.

« - Et si on se rapproche d’une saleté immobile, on ne le saura qu’une fois qu’elle aura bougé » grogna Reinhardt.

« - Mettre en œuvre mes autres capteurs ferait prendre le risque au groupe d’être détecté de bien plus loin » rétorqua Isaac.

« - Avant qu’on ne parte dans un silence absolu, j’aurais une dernière question ... Si l’on est sur une planète qui sert de bouche de l’Enfer, pourquoi fait-il si froid ? » demanda Jeremiah.

« - Lorsque Moloch a retiré ses troupes il y a un siècle, il a cessé de déverser les flammes de l’Enfer sur la planète. Les seules sources de chaleurs dorénavant sur le globe sont les volcans encore en éruption et la Géhenne où le feu infernal brûle encore » expliqua Isaac.

« - Les nuages de cendres produits par les volcans ont le même effet qu’un hiver nucléaire j’imagine. Ça empêche les rayons du Soleil d’atteindre la surface et donc de la réchauffer » fit Frédéric en observant le ciel menaçant.

« - C’est tout à fait correct, Frédéric » confirma le drone.

Le groupe se mit finalement en marche en direction du Mont Sion à 50km de leur position. Leur point d’arrivée se situait au sommet d’une des collines au Nord de la ville de Salfit. Leur destination se trouvant au sud, le groupe décida de traverser les ruines de cette ancienne ville palestinienne. Autrefois, Salfit était renommée pour ses vignes et abritait pas loin de neuf mille âmes. Aujourd’hui il ne restait pas plus que des ruines émergeant à peine de l’épaisse couche de cendres. Située dans une vallée, la ville était devenue un véritable piège à cendres et tous regrettèrent amèrement d’avoir choisi une traversée directe. C’était comme marcher dans une épaisse couche de neige, chaque pas les faisait s’enfoncer un peu plus dans le manteau. Bien que la cendre ne fusse pas aussi froide que de la neige, le groupe aurait pourtant préféré que ce soit de la neige. Dieu sait d’où venait toute cette cendre ? Des volcans ou des victimes incinérées par les démons ? Voire des restes des enfants offerts à Moloch en holocauste ? Même à plus de 50km de la Géhenne, les cendres étaient légères et pouvaient voyager sur de longues distances grâce à des vents favorables.

Une fois remontés sur le plateau sud, ils se jurèrent de ne pas réitérer pareille expérience ... si cela leur était permis bien sûr. Car au sommet de ce qui n’était pas une colline mais un mont, ils purent avoir un aperçu de la topographie en direction du sud. Elle n’était constituée de que de vals et de collines, pas un seul plateau à l’horizon. La randonnée aller durer plus longtemps que prévu.

Quatre kilomètres plus loin, et après avoir franchi un vallon particulièrement profond, ils arrivèrent au village palestinien de Khirbat Qeis. C’était jadis un village d’à peine trois cents âmes, pas une cible d’envergure pour les démons. Mais il avait tout de même était rasé. Sous la couche plus fine de cendres, Blanche décela un relief étrange. Elle s’écarta un instant du groupe et découvrit ce qui avait dû être une aile ... d’un démon ou d’un ange, impossible de le dire en l’état ; il n’en restait qu’une ossature incomplète.

Après le village ils virèrent vers le sud-ouest pour suivre une route de crêtes. Ils arrivèrent à Mazri' al-Nubani, puis rapidement à Bani Zeid al-Sharqiya toujours situées en Palestine. Néanmoins, ville après ville, la vue était la même : ruines et cendres, parfois quelques cadavres angéliques ou démoniaques mais aucun d’humains.

Ils suivirent autant que possible les crêtes pour passer par les villes d’Ajul et Rawabi. Cette dernière était une ville toute récente, bâtie par un riche milliardaire. Malheureusement, les démons ne laissèrent pas à son bienfaiteur le temps de l’achever.

Après quoi ils passèrent par Bir Zeit, célèbre pour ses oliveraies, Jifna, Jalazone, passant au large de Beit El avant d’arriver dans la ville de Ramallah.

Ramallah fut la capitale de l’autorité palestinienne et n’était située qu’à quinze kilomètres au nord de Jérusalem. Dès qu’ils furent en vue de la capitale, ils comprirent avant même d’y poser le pied que cette ville était différente. Non pas qu’elle avait été épargnée par les ravages, loin de là, mais certaines de ses ruines s’élevaient autrement plus haut que nulle part ailleurs, vestiges d’une ville à l’essor fulgurant, se concentrant sur la verticalité contrainte par l’état d’Israël à proximité qui empêchait à la cité de s’étendre.

Après Ramallah, ils atteignirent Kafr’Aqab. Près de onze kilomètres plus loin, ils arrivèrent à la dernière étape avant la ville sainte : Al-Ram. En Al-Ram, le groupe voyait enfin le bout de la route. Al-Ram était séparée du Mont Sion que par une dizaine de kilomètres.
Approchant de la sortie de la ville, ils virent dérouler devant leurs yeux une longue langue sombre, partiellement recouverte de cendres et de sables, vestige d’une artère routière importante semblant s’enfoncer dans Jérusalem jusque dans son cœur. Quelques pas de plus et ils pénétreraient dans la ville sainte ... ou du moins ce qu’il en restait.

« - Écho détecté ! Une ... Deux créatures humanoïdes en approche ! » signala soudainement Isaac.

# Détecteurs actifs activés #

« - Il s’agit de démons ! » compléta Isaac tandis qu’il revêtait un hologramme à l’apparence d’un laquais des enfers.

« - Cheval de Troie ! » fit Frédéric à voix basse.

Immédiatement, Frédéric, Milla, Jeremiah, Blanche et Wade, même si ce dernier était réticent à cette mascarade, placèrent leurs mains dans le dos. Isaac forma des hologrammes de chaînes rouillées et poisseuses autour de leurs poignets tandis que Reinhardt adoptait les traits de Nwa en utilisant sa puissance.

« - QUELLES VERMINES OSENT VENIR TRAÎNER LEURS DÉPOUILLES ICI ? » éructa le premier démon à apparaître.

La créature avait une physionomie patibulaire. Une peau rouge sombre, des excroissances de petites tailles perçaient son cuir. Il avait un groin à la place d’un véritable nez. Ses canines ressortaient de sa gueule telles des défenses. Des yeux vicieux et enflammés dévisageaient le groupe. Sa tête était surmontée de cornes bovines ... sans oublier les griffes au bout de ses pieds et mains. Bien qu’ayant baissé la tête, Frédéric ne put s’empêcher de jeter un furtif coup d’œil au démon. Immédiatement, il le reconnut. Ou plutôt, il reconnut le type de démons auquel appartenait celui-ci. Ce n’était pas un démon à prendre à la légère, il faisait partie de la même horde que celle présente sur Janus 24 et qui l’avait mis tant à mal. Bien qu’alors il souffrait de nombreuses blessures non résorbées, Frédéric conservait un goût amère de ce combat à l’issue duquel Jeremiah avait dû lui venir en aide. Il détourna le regard du démon mais les muscles de son corps tout entier se bandèrent. Ce qui n’échappa ni à Milla, qui ne comprenait pas sa réaction, ni à Jeremiah qui la comprenait que trop bien pour avoir lui-même reconnu le genre de démon appartenant à une horde infernale.

De par les souvenirs de Nocturne, Reinhardt savait parfaitement à qui il avait affaire. Certes ces démons de la horde étaient de redoutables guerriers. Ils faisaient office d’avant-garde et étaient exposés dans les premières lignes à donner libre court à leur sauvagerie naturelle. En revanche, outre leur barbarie légendaire et leur endurance à toute épreuve, les membres de la horde étaient aussi connus pour leur intellect plutôt limité.

Le plan Cheval de Troie reposait entièrement sur les épaules de Reinhardt. C’était un pari osé alors qu’il ne faisait pas encore preuve d’esprit d’équipe. Mais c’était également une marque de confiance de la part du groupe pour le laisser avec leurs destins entre ses mains.
Reinhardt s’avança alors vers le démon qui l’avait interpellé.

« - OU ES TON ACOLYTE ? » cria-t-il en retour.

« - QUI TE DIT QUE J’EN AI ? »

« - LES MEMBRES DE LA HORDE FONT PASSER CETTE DERNIÈRE AVANT TOUTE CHOSE ET ILS NE SE DÉPLACENT POUR AINSI DIRE JAMAIS SEULS ! »

« - AH ! AH ! AH ! TU SEMBLES BIEN NOUS CONNAÎTRE ! »

« - Montre-toi ! » adressa le démon à son acolyte.

Le second démon était encore plus patibulaire que le premier. Plus grand, plus massif, les muscles plus épais et les attributs démoniaques plus prononcés ... mais en contrepartie une étincelle d’intelligence dans le regard plus fade.

« - QUI ES-TU ? ET POURQUOI ES-TU ICI ? »

« - A-T-ON OUBLIÉ A QUOI RESSEMBLE LA FRATERNITÉ DES FILS DE NERGAL ? »

Les démons émirent un grognement. Impossible de savoir quelle en était la signification ... même pour Reinhardt. Chez les démons, ce genre de grognements pouvaient dire bien des choses, et à une telle distance, impossible de le déterminer de façon assurée.

« - ILS SONT DÉJÀ AU COMPLET !! ALORS QUI ES-TU ? »

Comment cela, ils sont déjà au complet ? Pour avoir les souvenirs de Nocturne et les essences de Nwa et Noc en lui, Reinhardt savait parfaitement que cela ne pouvait être le cas ... A moins que les morts de ces derniers n’aient été colportées ... Mais encore une fois, par quel moyen ?

« - BORDEL ! CE CIRQUE VA DURER ENCORE LONGTEMPS ? JE SUIS NWA !! LAISSE-MOI PASSER OU SUBIS MA RAGE DE M’AVOIR CONTRARIÉ ! » cria Reinhardt, jouant le tout pour le tout.

Les démons émirent de nouveau des grognements. Mais ceux-ci étaient différents, comme contraints.

« - TA MORT A ÉTÉ RAPPORTÉE !!! »

« - ET MON POING DANS CE QUI TE SERT D’ANUS POUR T’ARRACHER LES TRIPES, CELA T’AIDERAIT-IL A COMPRENDRE QUE JE SUIS EN VIE ? »

Son interlocuteur grogna encore une fois et ne dit mot durant plusieurs secondes. La tension était à son comble avant qu’il ne recommence à beugler.

« - VOUS POUVEZ PASSER !! »

Alors que le groupe se remettait en mouvement, ce fut au tour du second démon de prendre la parole.

« - ELLE VA SERVIR A QUOI CETTE VIANDE ? »

Le groupe s’arrêta à nouveau. Reinhardt tourna la tête vers le démon, jeta un coup d’œil furtif à Frédéric. Ce dernier lui fit signe de la tête et Reinhardt disparut pour réapparaître derrière les deux démons de la horde. Avant qu’ils ne s'en rendent compte, Reinhardt perfora leur poitrine de ses poings pour leur arracher le cœur.

« - Tu n’es ... pas ... Nwa » fit le plus petit alors que son cœur battait encore dans le poing de Reinhardt.

« - En effet ! » répondit-il avant d’écraser les deux cœurs démoniaques dans ses poings.

Retirant ses bras des deux démons d’un geste vif, il laissa leur cadavre choir par terre avant de revenir auprès du groupe et de reprendre sa forme démoniaque standard.
Isaac dissipa toutes les projections holographiques et tous reprirent un comportement normal.

« - Pourquoi a-t-il dit que les fils de Nergal étaient déjà au complet ? » demanda Frédéric.

« - Un démon de bas étage comme lui savait que Nwa était mort. Il doit en être de même pour Noc. A tous les coups c’est l’œuvre de Nosht ; je l’ai affronté sur le plan psychique aux côtés de Miles et Nocturne pour l’empêcher de nous asservir » répondit Reinhardt.

« - Et donc ? » fit Milla.

« - Si des démons aussi demeurés ont fait mention des fils de Nergal, c’est qu’ils doivent se trouver sur la planète ! » répliqua Reinhardt.

« - On savait déjà que l’on devrait sûrement affronter Nosht puisque c’est lui qui détient Miles » ajouta Frédéric.

« - Nosht, c’est une chose ! Mais si on doit affronter le reste de la confrérie avec, on va s’amuser » fit Reinhardt.

« - Que peux-tu nous dire sur cette fraternité ? » demanda Jeremiah.

« - Ils sont tous issus de la relation entre Nergal et Ereshkigal et forment une fratrie de sept démons dont Nocturne, Nwa, Noc, Nosht, Neralu, Nero et Noche. Nocturne s’est très vite détourné de sa famille lors de la Guerre des Enfers qui a vu Moloch prendre leur contrôle. Contrairement à Nergal et ses frères, Nocturne n’a jamais accepté de se soumettre à Moloch, même en apparence » commença Reinhardt.

« - Je dis en "apparence" car Nergal et ses fils ne sont pas fidèles à Moloch. Bref ! Nwa et Noc sont morts des mains de Nocturne et Miles et leurs essences font partie de moi dorénavant. Comme Nocturne, Nwa et Noc, chaque membre de la fratrie utilise la matière noire de façon unique. Nosht est doté d’une télépathie particulièrement puissante capable de mélanger réel et illusions induites pour vous désorienter complètement et faire de vous son pantin. En l’affrontant, j’ai appris beaucoup sur mon propre esprit ... et je pense être capable de l’affronter à nouveau » ajouta Reinhardt avant de marquer une pause.

Les souvenirs éprouvants de son affrontement psychique avec le démon étaient encore trop récents. Il prétendait être prêt mais l’était-il vraiment ?

« - Neralu est le métamorphe ... polymorphe ? ... de la famille. Même si son corps se transforme, ne vous y trompez pas, il utilise la matière noire pour cela. Donc s’il forme une lame avec son avant-bras, soyez parfaitement conscient qu’elle est réellement tranchante. ... Noche, c’est ... Ce serait presque le bon gars de la famille. Il privilégie toujours le dialogue au combat mais il n’y a pas à se tromper, il est puissant. Il est capable de créer des ondes noires fracassantes que vous ne verrez pas forcément venir puisque se propageant dans la matière noire qui par définition est invisible à l’œil nu. ... Nero est l’aîné de la famille et a été le plus puissant de la fratrie jusqu’à ce que Moloch n’envoie des démons de bas étage pour "convaincre" Nocturne de le rallier. Nocturne les a tués, absorbés et est devenu assez puissant pour faire face à l’ensemble de sa fratrie. C’est pour ça que Moloch a envoyé Lucifer le tuer ».

« - Attends ! Tu viens de parler de Lucifer ? L’ange déchu ? » fit Milla.

« - Tu en connais un autre et tu ne me l’as pas dit, chérie ? » fit Frédéric avec un petit sourire.

« - Nous poursuivrons en nous déplaçant » intervint alors Wade.

Pas qu’il avait peur de se faire à nouveau repérer mais c’était son côté pragmatique qui ressortait. Son côté froid et calculateur qui l’amènerait à tuer Sandora si jamais elle venait à leur encontre avec de mauvaises intentions.

Ils reprirent ainsi leur marche le long de l’ancienne artère qui se dédoubla en une deux fois deux voies. Ils posaient le pied sur la Route 60 de Jérusalem. Ils ne tardèrent pas à croiser les ruines d’un pont autoroutier. Après ce pont ce fut les vestiges d’un échangeur routier d’envergure qu’ils virent avant d’arriver dans ce qui semblait avoir été autrefois le centre-ville de Jérusalem. On pouvait imaginer ce qu’avait pu être autrefois la cité avec ses bâtiments en pierre de taille, ses arches, ses colonnades.
Quelques centaines de mètres plus loin, ce fut face à une fortification autrefois imposante que le groupe arriva. Haute de plusieurs mètres, la fortification de la vieille ville témoignait autrefois de son passé ... mais aujourd’hui il ne restait guère plus que quelques pans encore debout. Un éboulis informe et particulièrement volumineux attira leur attention. Frédéric vit alors à quelques mètres une chose insolite. Alors que la muraille en pierre avait été pulvérisée, restait encore debout un panneau métallique recouvert de cendres. Frédéric s’en approcha et essuya la cendres dessus pour découvrir un texte écrit à la fois en hébreu et en anglais : [ - Entrée de la Porte de Jaffa pour transports publics et véhicules autorisées uniquement ]

« - Manifestement les démons n’en ont rien eu à faire » fit-il.

Depuis la porte de Jaffa, ou du moins ce qu’il en restait, le Mont Sion était à portée. Il ne leur faudrait que quelques minutes de plus pour l’atteindre et enfin avoir une vue imprenable sur la vallée de l’Hinnom et la Géhenne.

Ils n’étaient pas encore arrivés au sommet qu’une vague de chaleur étouffante les frappa en pleine face. Il n’y avait pas à se tromper, ils étaient arrivés ! Le feu de la Géhenne réchauffait l’atmosphère de manière ... tranchante. C’était comme passer en une seconde de l’hiver à l’été. Hormis quelques uns, la plupart dut marquer un arrêt pour s’y habituer.

# Analyse thermographique activée #

Tous reprirent la marche jusqu’au sommet de Sion. Là, ils virent de quoi il était question. Un cratère immense avait englouti le fond de la vallée. Un geyser de flammes infernales s’en échappait et montait haut dans le ciel avant de se fondre en une épaisse et sombre colonne de fumée.

« - Je crois qu’on est arrivés à destination ! » fit Reinhardt.

# Danger environnemental élevé # alerta les systèmes d’Isaac.

# Température critique #

« - Je ne saurais trop recommander à Milla et Blanche de ne pas s’approcher du cratère ! » prononça le drone.

« - Je n’ai pas trop envie de prendre feu à vrai dire » répliqua Blanche.

# Échos détectés #

« - Où ça ? » fit Frédéric sur le qui-vive.

Tous leur sens furent en alerte. D’où aller venir le danger ?

« - Autour de vous ! » fit alors une voix rauque et tonnant comme le tonnerre.

Trois créatures nimbées de ténèbres surgirent de nulle part, encerclant le groupe.
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A suivre dans le chapitre 516 : Jeu d'ombres, part 1 : Ruines !