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 Chapitre 521 - Evil recognizes Evil

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Jezekiel
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Jezekiel


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Chapitre 521 - Evil recognizes Evil Empty
29052022
MessageChapitre 521 - Evil recognizes Evil

Terre 251 - Irak

Pays du Proche-Orient, l’existence de l’Irak était attestée dans d’innombrables dimensions. Elle était composée de dix-huit provinces. Se trouvait au Nord, la province de Ninive dont la capitale était Mossoul.
Cette capitale provinciale devint entre 2014 et 2017 la capitale du tristement célèbre État islamique, nation autoproclamée sans aucune reconnaissance internationale. Le commun des mortels qualifiait cet état de sans foi, ni loi. Le commun des mortels se trompait. Cet état était muni de ces deux concepts ... d’une forme outrageusement déformée. Une foi distordue et pervertie et d’une loi tout ce qu’il y a de plus injuste.
Durant ces quelques années, les membres de cette "nation" commirent de nombreuses exactions, des atrocités sans nom comme seuls pouvaient en témoigner les deux cents charniers mis à jour à ce jour dans cette région.

Ce concentré, cet amoncellement de sépultures indignes et des cadavres qui les peuplaient, ne pouvait qu’attirer de nombreux prédateurs, des charognards, des nécrophages animaux ... ou humains.
Immanquablement, des décharneurs, dévoreurs et autres putréfacteurs firent des alentours de Mossoul leur garde-manger avant qu’une créature plus féroce ne vienne s’approprier le territoire en terrorisant au passage les rares habitants de la capitale qui osaient s’éloigner de la ville à une heure trop tardive. Parmi les possibles prétendants à la "régence" cette créature-ci était une goule. Pas ces cadavres animés par une faim dévorante tout juste revenus d’entre les morts et se déplaçant en groupes restreints. Non, pour s’accaparer un tel festin, il fallait une goule d’un certain âge. Une goule qui avait regagné suffisamment d’intelligence pour comprendre qu’il ne lui était pas nécessaire d’attendre qu’on lui serve des restes et que tuer était encore le meilleur moyen de se nourrir.

Après le Lac Balaton en Hongrie et la ville de Ternopil en Ukraine, Mossoul aurait pu constituer en temps normal le nouveau terrain de chasse d’une goule tout à fait particulière. Il n’existait pas une seule fosse commune sur la planète dont cette goule n’ait eu vent ou n’avait visitée personnellement.
Même si cette goule goûtait toujours à la chair fraîche à l’occasion, ces dernières décennies, elle s’était lancé un tout nouvel objectif afin de pimenter un peu sa vie. Elle s’affairait à débusquer ses congénères éveillées ... pour éliminer la concurrence. C’était un loisir qui divertissait fortement Amilcare Sirkö.
Néanmoins c’était un loisir dont on l’avait privé depuis quelques semaines maintenant. Aujourd’hui, si Amilcare se tenait à la démarcation de Mossoul, ce n’était pas pour embrasser du regard la superficie qu’il allait devoir passer au peigne fin pour pister la goule qui s’était établie ici. Non, cette dernière avait déjà été éliminée. Si Amilcare Sirkö endurait ce cagnard c’était pour se contenter de se repaître de mets avariés, faisandés et en décomposition avancée que personne n’avait encore exhumés. Une régression dans son style de vie qu’il n’avait pas choisi, qui lui avait été imposé par la vindicte humaine.

Jusqu’à très récemment, l’humanité s’était toujours déchirée entre peuplades différentes. Soit pour un morceau de terre, soit pour une divergence idéologique quelconque. En résumé tous les prétextes étaient bons pour tuer son voisin. Mais surtout, l’existence d’Amilcare Sirkö, des goules et des cryptides en général n’était rien de plus qu’un conte pour enfant.
Bien sûr, de temps à autres, l’une de ces créatures était aperçue, chassée, traquée, massacrée et brulée ... et rien ne subsistait d’elle ... circonscrivant son existence à un patelin, voire deux, mais jamais plus.

Du moins jusqu’à ce que l’un des congénères d’Amilcare ne décide que ce temps était révolu. Un vampire, surgi de nulle part et inconnu de tous, n’avait cure de l’équilibre établi. Son premier méfait eut lieu dans un petit village d’Ukraine, Mosty. Il convertit environ le quart de sa population et ensemble ils massacrèrent les autres. Mosty se situait à peine à quelques centaines de kilomètres de Ternopil ... coïncidence ? Amilcare sut immédiatement que ce n’était pas le cas. Par on ne sait quelle façon, le vampire avait eu vent de la présence d’Amilcare dans la région. Le massacre de Mosty, le premier d’une interminable liste, avait été perpétré pour attirer l’attention d’Amilcare. Rapidement, les deux hommes s’étaient entretenus.

Pas née de la dernière pluie, la goule s’était préparée à l’entrevue. Elle avait étudié le terrain sur lequel la rencontre aurait lieu. Elle avait scruté la troupe avec laquelle le vampire était arrivé au rendez-vous. Aucun de ceux qui le suivaient ne semblait constituer une menace. Elle les observa se positionner aux alentours et mémorisa la position de chacun. Ce fut un Amilcare Sirkö parfaitement préparé qui se dévoila au vampire. Mais il fut une chose à laquelle il n’avait pu se préparer, c’était le visage de son interlocuteur. Un visage qu’il ne connaissait que trop bien puisque c’était celui que lui renvoyait les miroirs.
Une telle similarité décontenança quelque peu Amilcare. Ce sosie parfait lui révéla qu’il était son double d’une autre dimension et qu’il se nommait Hamilton Tombstone. Chassé de sa dimension, son désir le plus fort était de reformer l’empire qu’il s’était constitué dans sa dimension d’origine. Une armée constituée de cryptides de tout horizon. Et qui de mieux pour le seconder à cette tâche que lui-même ? Bien qu’ils possédaient le même visage et un prénom similaire, ils n’étaient pas dotés du même caractère. Amilcare refusa l’offre généreuse d’Hamilton ... qui le prit très mal.
Mais le vampire prit encore plus mal que sa goule de double parvienne à s’enfuir du rendez-vous en un seul morceau tout en débitant ses hommes.

Leurs chemins s’éloignèrent aussi brutalement qu’ils s’étaient rencontrés. Mais ce revers n’arrêta pas Hamilton. Il perpétua massacre sur massacre en pleine Europe de l’Est. Ne visant que des villages au début, il s’attaqua rapidement aux villes lorsque ses rangs furent suffisamment importants. Après les villes, ce furent des régions entières qui tombèrent sous le joug d’Hamilton. Le vampire reconstituait la Tombe.
Mais comme alors, l’humanité se rassembla, s’unifia. La force Crypte fut également créée dans cette dimension. Elle n’eut qu’un seul but : éradiquer tout cryptide que ce soit. Dès lors, une guerre totale s’engagea entre la Tombe et le reste du Monde. Une guerre qui fut parmi les plus courtes de l’histoire. La Tombe fut brûlée par des bombes au phosphore blanc, un agent chimique à usage militaire des plus dévastateurs.

La Guerre contre la Tombe ne fut que la première étape. Chaque pays se dota d’un détachement de la force Crypte et déclencha une véritable purge sur la totalité du globe faisant de la vie d’Amilcare un véritable enfer. Survivant en s’abaissant à ses plus bas instincts, Amilcare Sirkö n’était plus animé que d’une seule idée : tuer Hamilton Tombstone de la plus horrible des façons qui soit ... car il était sûr qu’un être aussi retors que lui n’avait pas succombé à un simple bombardement.

En attendant, il voyageait de pays en pays, ratissant les cimetières et fosses communes qu’il captait à la recherche de la moindre pitance. Il lui arrivait souvent de tomber sur un charnier de cryptides ... et devoir s’en contenter.
C’est ainsi que ses pas le menèrent jusqu’aux abords de Mossoul où la faim recommençait à le tirailler. Là, sous le sable se cachaient donc les charniers de l’état islamique. Il suffisait de les trouver.
Soudain, il ressentit une sensation à nulle autre pareille. Une sensation qu’il n’avait ressentie qu’à de très rares occasions ... comme si son cœur se fissurait brutalement. La dernière fois qu’il l’avait ressentie c’était il y avait à peine quelques semaines. Il n’avait alors pas fait le rapprochement avec un événement bien particulier : le bombardement de la Tombe par la Crypte.

Mais cette fois son instinct lui hurlait que quelque chose de singulier s’était produit ... à peine à quelques centaines de mètres de sa position. Bien que tiraillé par la faim, Amilcare conservait encore l’esprit clair. Il sentait que quelque chose l’attirait dans une direction bien précise. Était-ce un nouveau piège élaboré par la Crypte ? Si tel était le cas, il devait savoir de quoi il en retournait. Il fila à vive allure entre les dunes de sable tout en prêtant la plus haute attention à tout ce que ses sens lui rapportaient.
Il ralentit l’allure lorsqu’il perçut que ce qui l’attirait était derrière la prochaine dune. Il ne savait pas comment mais il le savait. Des rires retentirent alors. Qu’était-ce à dire ? Passant la tête avec précaution au-dessus du sommet de la dune, il se figea un instant. Comment était-ce possible ? Que faisait-il là, seul avec un unique homme de main ? Peu importe !

Son corps réagit avant même sa pensée. Avec une vitesse fulgurante, il fondit sur l’une des deux silhouettes perdues au milieu du désert. Il l’empoigna par la gorge de sa main gauche et menaça son visage de sa main droite dégantée et autour de laquelle une brume noire flottait.
Malgré la barbe, il n’y avait aucun doute possible, l’homme qu’il strangulait avait le même visage que le sien et que celui d’Hamilton ... toutefois il était également certain que ce n’était pas le vampire. Néanmoins, Amilcare était sûr qu’il avait un lien avec lui.

« - Où est-il ? » le menaça-t-il, tout en rapprochant sa main de son visage.

L’individu qu’il portait à bout de bras était faible et pour cause, il ne s’agissait que d’un chétif humain ... au contraire de son compagnon qu’il avait périlleusement ignoré. Ce n’est qu’en entendant dans son dos sa foulée leste malgré le sable qu’il comprit l’erreur que sa bouillante colère lui avait fait commettre.
Il eut tout juste le temps de bondir de côté tout en emportant sa cible avec lui que le compagnon de ce dernier atterrissait dans le sable là où il se tenait encore il y a à peine une fraction de seconde.

« - Je ne le répéterai pas : Lâche ... le !! » fit-il sur un ton particulièrement menaçant.

Tenant sa victime entre lui et son agresseur, Amilcare renifla l’air. Ses iris devinrent alors rouge sang.

« - Pff ! Un lycanthrope ? Ainsi, il existe encore de ces vermines en ce monde ? »

« - Si tu sais déjà ce que je suis, inutile de ménager la surprise ! » répondit l’homme en se métamorphosant sous ses yeux.

Ni la goule, ni le lycanthrope ne bougèrent d’un pouce durant plusieurs secondes. A dire vrai il n’y avait que l’humain qui se débattait au bout du bras d’Amilcare qui bougeait.

« - J’admets ma surprise. Qu’est-ce qu’un lycanthrope fait avec un humain au beau milieu du désert irakien ? Tu te le gardes sous le coude pour les coups durs, peut-être ? C’est ton garde-manger que je tiens à bout de bras ? »

Mais le lycanthrope ne répondit pas ... ce fut l’humain.

« - Je ne ... suis ... pas ... un ... casse ... croûte » dit-il difficilement avant de se saisir du poignet gauche d’Amilcare de sa main gauche.

La goule eut tout juste le temps de sentir une poigne hors-norme que sa cible lui tordait le poignet et se libérait. Amilcare fit un pas en arrière par pur réflexe tandis que le lycanthrope se jetait sur lui.

« - MARC, NON !! » cria l’humain.

Le lycanthrope s’arrêta net à la grande surprise d’Amilcare.

Marc tourna la tête vers l’homme tout en gardant les yeux sur Amilcare.

« - Pourquoi m’arrêtes-tu ? Il a tenté de te ... Merde ! C’est ton double ! » fit le lycanthrope.

« - Crois-moi, j’ai eu tout loisir de m’en rendre compte aussi » fit l’homme en se redressant péniblement.

« - Pourquoi diable faut-il que tous mes doubles soient des dégénérés, des monstres, voire les deux en même temps ? » s’exclama-t-il.

Amilcare ne comprenait pas ce qu’il se passait mais manifestement son double d’humain ne semblait pas porter ses doubles dans son cœur ... en était-il de même avec Hamilton ? Le connaissait-il au moins ? Jaugeant la situation, malgré sa petite forme physique, il estimait pouvoir battre le lycanthrope de vitesse si la conversation qui allait manifestement débuter tournait à son désavantage. Il décida donc de rester immobile afin d’en savoir un peu plus sur ces deux là.

« - Et dans quelle catégorie me classes-tu, mon double ? » fit alors Amilcare.

Émile s’immobilisa. Il observa Amilcare droit dans les yeux.

« - Intéressant ! Tu ne m’as donc pas attaqué fortuitement » observa Émile.

« - Tu crois qu’il l’a rencontré ? » lui adressa Marc.

Il ne le fit pas transparaître mais cette remarque attisa l’intérêt d’Amilcare.
Émile fit la moue.

« - Lui ... ou un autre de mes doubles ... bien que cela soit fort peu probable ».

« - Cet échange empli de non-dit m’ennuie déjà profondément. Coupons court à ces simagrées ! J’ai fait la connaissance de notre double, le vampire Hamilton Tombstone ... ce dont je me serais bien passé ».

Émile réfléchit quelques instants.

« - Étant donné cette entrée en matière énergique, j’en conclus que vous avez un quelconque grief contre lui ».

« - C’est l’évidence même ! » répliqua Amilcare en croisant les bras.

« - Et quel est-il ? »

« - Quel est le vôtre ? » renvoya Amilcare.

Émile et Marc conservèrent le silence en échangeant un rapide regard.

« - Il a détruit ma vie et a tenté de me tuer » fit Émile.

« - Il a attaqué ma horde » ajouta Marc.

« - Semble-t-il que ce très cher Hamilton a la fâcheuse habitude de constituer un véritable cancer pour ses propres doubles » conclu Amilcare.

« - Il a monté l’humanité entière contre les cryptides. Il ne reste plus qu’une petite poignée d’entre nous sur cette planète ... pas que cela m’attriste réellement mais cela affecte mon quotidien qui était autrefois fort riche et intéressant ».

« - Les cryptides ? » fit Émile.

« - Les monstres, comme moi ou Hamilton » répondit Amilcare.

« - Alors ce n’est peut-être pas un mal. Pour une fois, Hamilton a contribué à quelque chose de positif » répliqua Émile.

« - Je ne doute pas qu’un sac à viande y trouve son compte ... En revanche en ce qui concerne le cabot ... » rétorqua Amilcare dont les iris rougirent à nouveau.

« - Ce n’est pas un terme courant sur ma Terre mais je suis aussi un cryptide, Émile » intervint Marc.

« - Ah ! » laissa-t-il échapper.

« - Oui, tant que ça ne nous touche pas nous ou nos proches directement, peu importe. Mais dans le cas contraire on fait "Ah !". Typique des humains » renchérit Amilcare.

Émile se renfrogna et préféra nettoyer ses lunettes.

« - Tes yeux ont soif de sang, mais tu n’es pas un vampire. Qu’es-tu au juste ? » demanda Marc.

Amilcare se mit à sourire.

« - Tu ne voudrais tout de même pas connaître tous mes petits secrets dès notre premier rencart tout de même, mon toutou ».

« - C’est une goule ! » fit Émile à la stupeur d’Amilcare et Marc.

« - Une goule ? Non c’est impossible ! » fit Marc.

« - Je l’ai vue lors de notre contact ».

Amilcare cracha sur le côté, d’énervement.

« - Les goules n’ont jamais été capables de bouger comme ça et encore moins de tenir un discours articulé ».

« - C’est sûr qu’on n’est pas nombreuses à atteindre l’âge suffisant pour regagner notre intelligence » avoua Amilcare.

« - Incroyable ! » s’étonna Marc.

« - Qu’en est-il d’Hamilton ? » coupa court Émile.

« - Quelqu’un de naïf penserait qu’il est mort lors du bombardement ... mais je ne suis pas du genre naïf » répondit Amilcare.

« - S’il a vu venir le danger, il a dû quitter cette dimension » conclut Émile.

« - Deux dizaines de bombardiers, ça se voit arriver en général » répliqua Amilcare.

« - Ça s’entend avant tout ! » répliqua Marc.

« - Nous n’avons pas tous l’ouïe d’un chien, mon cher » rétorqua Amilcare en plissant les yeux brièvement.

« - Cet échange frise la nullité intellectuelle. Si vous avez fini votre joute verbale, nous avons mieux à faire ! » coupa Émile.

« - Comme ? »

« - Comme pourchasser Hamilton. Je ne dirais pas que ce fut un plaisir mais nous devons y aller ! » conclut Émile en finissant de s’épousseter et allant récupérer le bridge laissé au beau milieu du sable.

Si Amilcare n’avait pas une ouïe excellente, il avait une vue aiguisée. Il comprit rapidement que la mallette n’était pas un simple contenant pour le voyage. Il observa son double humain et le lycanthrope commençant à s’éloigner.

« - Hamilton est en vie, j’en suis sûr ! Et je commence à sérieusement penser qu’il a quitté cette dimension ! » fit-il.

« - Quelle perspicacité ! » répondit Émile sans se retourner.

Amilcare se déplaça extrêmement vite pour se positionner face à Émile. Même si sa vitesse était de loin supérieure à celle du lycanthrope, ce dernier capta le mouvement et plaça Émile derrière lui d’un vigoureux mouvement du bras comme pour le protéger.

« - Je ne sais pas ce qu’il en est d’Hamilton, car les vampires ont toujours eu un lien privilégié avec d’occultes forces, mais je suis à peu près certain qu’aucun de vous n’est "biologiquement" capable de voyager d’une dimension à une autre ».

Cette fois, Émile ne décrocha pas un seul mot ... ce qui était, d’une certaine manière, particulièrement éloquent. Amilcare esquissa un léger sourire en conséquence.

« - Si j’étais joueur, je parierai un bras que ce qui vous permet de voyager se trouve dans cette mallette. Mais elle n’a pas l’air de première fraîcheur » ajouta-t-il.

« - Puisque votre monde est assez modernisé pour construire des bombardiers, j’imagine qu’il doit l’être assez aussi pour proposer des boutiques de bricolage » rétorqua Émile avec dédain.

« - Certes ! Mais vous devrez y aller seul ! »

« - Et pourquoi je te prie ? » fit Marc, prêt à se re-métamorphoser.

« - D’une parce que tu ne sais pas masquer ta véritable nature et de deux parce que toutes les villes assez importantes pour y trouver une boutique de ce genre sont en passe de présenter un détachement de la Force Crypte ... si ce n’est pas déjà fait » fit Amilcare en s’éloignant du duo, comme si leur sort ne l’intéressait soudainement plus.

Il partit chercher son gant laissé parmi les dunes.

« - Et c’est quoi cette Force Crypte ? » demanda Marc.

Amilcare sourit.

« - C’est une force d’intervention spécialisée dans l’éradication des cryptides. Je n’ai pas vu beaucoup de lycanthropes passer leurs scanners ... à cause de la puanteur que vous dégagez. Le seul moyen serait de littéralement se doucher avec du parfum ... « Chantal n°6 » serait susceptible de couvrir efficacement ... mais bonjour la discrétion ».

« - Qu’en sais-tu ? Tu n’as pas l’air d’être particulièrement impliqué par le sort des autres cryptides » fit Marc.

« - Un point pour le chien savant ! » s’exclama la goule en levant un doigt au-dessus de son épaule.

« - Je vous laisse donc découvrir par vous-même si j’affabule ou non ».

« - Je n’ai pas besoin de Marc pour me rendre dans une boutique de bricolage » intervint Émile, les yeux plissés.

L’homme avait parfaitement compris le manège de la goule et jouait ouvertement son jeu pour voir où il aboutirait.

« - Soit ! Vas-y seul alors ! Mais sais-tu déjà si ta prothèse ne fera pas sonner leurs antivols ? A en juger par l’odeur d’éther sur toi, mon double, j’estime que cette prothèse est assez fraîche. Bonne chance alors ! Au plaisir ! »

Émile et Marc échangèrent un regard.

« - Cessons ce petit jeu interminable ! » fit Émile.

« - Vous voulez vous joindre à nous ».

« - Mais je ne vois pas comment une goule empestant la mort pourrait réussir là où j’échouerais » renchérit Marc.

Amilcare se retourna alors vers les deux hommes avec un sourire si large qu’il laissa voir ses dents.

« - Deux repas ! » fit-il en les symbolisant par le nombre de doigts dressés.

« - De la nourriture ... faisandée pour le premier fera l’affaire, pour me repaître. Et de la nourriture fraîche à la bordure de la ville où l’on trouvera la boutique. Lorsque je viens tout juste de manger sainement, mon organisme donne l’illusion d’un corps en pleine vie ».

« - Est-ce que ... » commença à dire Marc à l’attention d’Émile.

« - J’ai compris ce qu’il insinuait, oui ... ça ne me plait guère ».

« - C’est notre meilleure chance ! » répliqua Amilcare.

« - Il n’y a pas encore de nous qui tienne » rétorqua Émile.

« - Soit ! Mais si je vous aide à réparer votre bidule, alors vous et moi se transformeront en nous jusqu’à la mort d’Hamilton ! » répondit Amilcare.

« - Si cela doit se passer ainsi alors j’ai aussi mes conditions ! Peu m’importe l’origine de votre premier repas mais pour le second, cela devra être un rebut de la société. Un criminel qui mériterait la mort s’il était jugé ».

« - Cela va me compliquer la tâche ».

« - C’est cela ou je tente ma chance seul avec ma prothèse ! »

Amilcare était quelque peu contrarié car son double, tout humain qu’il soit, ne s’en laissait pas conter. Néanmoins, avoir à faire à des neuneus n’aurait pas été aussi stimulant.

« - Très bien, qu’il en soit ainsi ! » fit Amilcare en tendant sa main droite gantée à Émile.

Émile hésita une seconde avant de la saisir et de la serrer.

Comme il en avait annoncé la couleur, Amilcare dût se dégotter un premier repas. C’était au départ la raison de sa présence en ce lieu aride. Marc proposa son concours pour dénicher un cadavre ... ce à quoi Amilcare répondit par la négative. Les lycanthropes avaient peut-être un flaire incomparable mais personne n’égalait les goules pour capter la fragrance de chair en décomposition. De plus, il avait déjà capté la piste olfactive d’un charnier tout près.
Après une demi-heure de marche, Amilcare s’immobilisa.

« - Messieurs ! Mon repas se trouve derrière cette dune. Je ne pense pas que ce soit tout à fait à votre goût donc je ne saurais trop vous recommander d’attendre ici mon retour » fit-il nonchalamment.

Émile et Marc serrèrent les dents et prirent leur mal en patience. Une fois la goule disparue derrière la dune, Émile se mit à parler à voix basse.

« - Peut-il nous entendre ? »

« - Je ne pense pas ... mais cet Amilcare m’a fait réaliser qu’on ne sait pas de quoi sont vraiment capables les goules. Sous cette apparence, on pourrait le confondre avec un vampire supérieur. Il partage avec eux un odorat excessivement fin et particulièrement sélectif ; le sang pour les vampires, la décomposition pour les goules ».

« - Tu entends ce qu’il fait ? »

« - Malheureusement oui ; il est en train de creuser ».

« - La question est de savoir si on peut lui faire confiance ? »

« - Tu plaisantes, Émile ? Bien sûr que non ! »

« - Donc pourquoi on attend ? »

Marc ne répondit pas de suite.

« - Sa haine d’Hamilton est réelle ... mais c’est un sacré roublard. A la première occasion il nous la fera à l’envers ».

« - Un homme averti en vaut deux » fit Émile, souriant.

« - Émile, c’est toi le scientifique ! Ça fait quatre ! »

« - Ah ! Tu as raison ! » s’esclaffa Émile à voix haute.

« - Tiens donc ? Et sur quoi un clebs peut-il avoir raison ? » fit soudain la voix d’Amilcare.

La goule se tenait au sommet de la dune. Depuis combien de temps était-elle là ?

« - Je disais que le feu restait le moyen le plus sûr de se débarrasser de la vermine » répliqua Marc, presque instantanément.

« - Ah ! C’est qu’il a effectivement raison. J’ai entendu dire que lorsque la Tombe s’est faite bombardée, des lycanthropes ont tenté de fuir les lieux avec littéralement le feu au cul. Quel spectacle cela a dû être ! »

« - Certes ! » fit Émile en rehaussant la monture de ses lunettes.

« - Redevenons sérieux ! Qu’est-ce qu’il vous faut ? » fit Amilcare en lançant à Émile un carnet de note et un crayon.

Émile manquant de réactivité, tous deux tombèrent au sol. Il dut se baisser pour les ramasser.

« - Qu’est-ce que ça sent ? » fit-il en approchant le carnet de son nez.

« - La charogne ! » répliqua Amilcare

Émile connut un violent mouvement de recul.

« - Vous croyez que je l’avais trouvé où au beau milieu de ces dunes ? »

Émile déglutit et ouvrit le carnet. Les premières pages portaient de nombreuses notes écrites en arabe.
En voyant ces notes, l’esprit d’Émile s’égara. Quels avaient bien pu être les derniers instants de la personne qui les avaient écrites ? Il sortit de ses pensées en sentant la main de Marc sur son épaule.
Sans dire un mot, il tourna les pages jusqu’à la première d’entre elles vierge et se mit à griffonner une liste de pièces et d’outils dont il avait besoin avant de détacher la feuille et de l’apporter à Amilcare.

« - On ne fait pas que se ressembler physiquement, on a la même écriture » laissa échapper Amilcare.

« - Laissez-moi deviner ... vous n’avez pas de dinars pour acheter tout ça ! » ajouta-t-il après avoir lu la liste.

Émile et Marc se regardèrent l’un l’autre, se retrouvant un peu bêtes de ne pas y avoir pensé.

« - C’est bon, je m’en occupe ... »

Tous deux semblèrent soulager avant qu’Amilcare ne finisse sa phrase.

« - Je n’aurais qu’à choisir un repas fortuné ».

Le violent retour à la réalité de la condition de leur interlocuteur les frappa sans qu’ils ne la voient arriver.

« - Où irez-vous ? » demanda Émile.

Amilcare s’immobilisa alors qu’il s’apprêtait à partir. Il ne dit mot durant quelques secondes le temps qu’il se décide quoi leur répondre.

« - L’Hôpital Général de Mossoul est quasiment encerclé par les zones industrielles et commerciales. J’arriverais sûrement à trouver l’enseigne voulue. En périphérie de ces zones, il y a toujours des trafics en tout genre. Il me suffira de trouver le plus détestable et fortuné de ces trafiquants et de lui tomber dessus pour lui prendre à la fois la bourse ET la vie ».

« - Comment saurez-vous que celui à qui vous vous attaquerez sera un rebut de la société ? »

« - Croyez-moi, le mal reconnaît le mal ! »
_____________

FIN OFFICIELLE DE L'ARC 21 !
_____________


Dernière édition par Jezekiel le Sam 2 Sep - 13:11, édité 1 fois
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Chapitre 521 - Evil recognizes Evil :: Commentaires

Jezekiel
Re: Chapitre 521 - Evil recognizes Evil
Message Dim 29 Mai - 11:21 par Jezekiel
Je tenais à aborder deux sujets à l'occasion de ce chapitre.

Premièrement, ce chapitre 521 marque la fin officielle de l'arc de la Grande Bibliothèque.
Ce fut un arc particulièrement long à la fois en raison du nombre de chapitres que de la cadence à laquelle les derniers chapitres ont été publiés.
J'espère que vous l'aurez apprécié.

Deuxièmement, et c'est de loin le sujet le plus important, la localisation de la première partie de ce chapitre : l'Ukraine.
L'écriture de ce chapitre s'est déroulée entre le 5 Juillet et le 28 Août 2021 ... bien avant que de quelconques tensions géopolitiques apparaissent dans la vie réelle entre l'Ukraine et la Russie.
Ce n'est donc pas une maladresse ou une quelconque volonté de surfer sur l'actualité qui m'a poussé à localiser le début du chapitre dans ce pays.
Je tiens également à apporter tout mon soutiens au peuple ukrainien qui traverse une période cauchemardesque que nul ne devrait plus subir de nos jours. Les guerres d'idéologie et de territoires ne devraient se conjuguer qu'au passé depuis fort longtemps.
Shion
Re: Chapitre 521 - Evil recognizes Evil
Message Dim 29 Mai - 21:14 par Shion
Le retour d'Amilcare, quelle surprise !

Je suis bien content de revoir Emile et Marc après tout ce temps. Ils se sont semble-t-il trouvé un compagnon dans leur quête d'Hamilton, mais on ne peut pas dire qu'il soit très clean... Hâte de voir ce que cette collaboration va donner à moyen terme.
Jezekiel
Re: Chapitre 521 - Evil recognizes Evil
Message Lun 30 Mai - 16:37 par Jezekiel
Question ensemble de l'arc ... Tu en as pensé quoi ?
Shion
Re: Chapitre 521 - Evil recognizes Evil
Message Lun 30 Mai - 18:29 par Shion
Comme souvent, j'ai beaucoup aimé cet arc.

Il est plutôt dense, mais très varié, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas. Il se passe énormément de choses, entre les départs, les retours, les épreuves, et surtout enfin la découverte de cette grande bibliothèque dont on nous parle depuis bien longtemps :p On peut dire que tu l'as réussie cette bibliothèque, son apparition est à la hauteur des attentes.

J'ai aussi beaucoup apprécié ta réinterprétation de l'univers Saint Seiya, différent de celui d'origine mais très intéressant.

Je m'étais pris d'affection pour Sandora donc son départ m'a attristé. J'espère que ce personnage aura une fin heureuse.
Re: Chapitre 521 - Evil recognizes Evil
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Chapitre 521 - Evil recognizes Evil

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