Terre 6354 - Unicorps, Colombie, Annexe de Bogota - Dortoirs

Ce que Sandora avait face à elle n’était plus un être humain mais une créature monstrueuse ressemblant à une pieuvre de chair accrochée à la tête d’un cadavre complètement écorché. Les tentacules de peau de la créature commencèrent à tordre les armatures d’acier des lits auxquelles elle s’était agrippée. Rapidement, elle disloqua des barres pour s’en faire des armes. La voyant faire, la sirène finit par réagir. Relâchant l’air qu’elle avait emmagasinée dans ses poumons, elle produisit un terrible cri. Telle une vague d’énergie, le cri désagrégea la créature de peau ainsi qu’une partie des restes du militaire. Les barres d’acier tombèrent au sol bruyamment.
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Cuisines

A peine furent-ils entrés qu’une première chose frappa Frédéric et Milla : les cuisines étaient bien plus grandes que supposé de prime abord. De part leur taille, elles étaient dignes d’un grand hôtel. L’endroit était impeccable. Frédéric jeta un coup d’œil par terre et dit : « - C’est tellement propre qu’on pourrait manger par terre ! »

« - Je te le déconseille » répliqua Milla qui avait vu un homme affalé par terre au pied d’un plan de travail.

Contournant le dit plan de travail, Frédéric et Milla virent qu’il s’agissait d’un des cuisiniers.

« - Monsieur ? » fit Milla, prudente.

L’homme était conscient ... et affolé. Il était en sueur et ses joues étaient gonflées comme s’il avait englouti trop de nourriture d’un coup. Le cuisinier les regarda avec une grande détresse.

« - Monsieur, ça va ? » réitéra Milla.

« - Il ne peut pas parler » comprit alors Frédéric.

Soudain, l’attaque sonique de Sandora se fit entendre. Milla se redressa et se retourna instinctivement.

« - Reste concentrée, Sandora s’en sortira parfaitement » lui adressa alors Frédéric, sans détourner le regard un instant du cuisinier.

Soudain l’homme fut pris de convulsions et son affolement se transforma en panique. Il se releva d’un geste, comme s’il était possédé. Ses joues étaient plus tendues que jamais.

« - C’est pas possible, qu’est-ce qu’il a mangé ? » fit Milla.

« - Il n’a rien mangé, il tente de retenir quelque chose dans sa bouche » comprit Frédéric en faisant reculer Milla, se doutant que la situation allait dégénérer sous peu.

C’est alors que le cuisinier n’en put plus. Il ouvrit la bouche comme pour hurler mais c’est une langue horriblement grosse qui en sortit. Une langue qui grossissait à vue d’œil et semblait se nourrir du corps du cuisinier ; corps qui perdait peu à peu toute forme.
Frédéric fit reculer Milla encore un peu plus avant de tendre une main, doigts écartés, vers le pauvre hère. L’instant d’après, il lançait une boule de feu suppressive qui désintégra presque instantanément le cuisinier ou ce en quoi il était en train de se métamorphoser.

« - Inutile de prolonger son agonie pour rien » dit-il avant de porter son regard vers le fond de la cuisine.

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Plonge

Westwood et Stephen ne furent pas impressionnés par les dimensions de la pièce. Ils savaient à quoi s’attendre dans ce bunker de l’Unicorps. Les éviers se comptaient par dizaines, tous impeccables et en parfait état.

« - Vous savez ce qui est désagréable dans ce métier ? C’est que l’on ruine immanquablement sa manucure ! » fit alors la voix de Jéricho.

A l’affût, les deux hommes tendaient l’oreille. Non pas qu’ils prêtaient grandement attention aux sornettes que la créature pouvait leur sortir mais pour tenter de le localiser. Était-il vraiment ici avec eux ou usait-il du même artifice qu’à leur accueil dans le bâtiment ?
C’est alors qu’un bruit étrange se fit entendre. Il ne s’agissait pas du cri de Sandora, non, c’était plus comme quelqu’un qui tapotait une table de ses ongles. C’était comme une sorte de cliquetis organique ininterrompu. Ils ne tardèrent pas à découvrir quelle créature émettait ce son caractéristique. La silhouette était humaine mais son corps était recouvert d’une sorte d’armure d’écailles ... non d’ongles.

« - A qui sont ces ongles, fumier ? » fulmina Westwood.

« - A ... moi ... ils ... ont ... poussé ... partout ... sur ... mon ... corps » fit la créature.

La victime de Jéricho était encore consciente mais n’avait plus le contrôle de son corps. Il semblait avancer contre son gré.

« - J’ai ... mal ... tuez ... moi ».

Sans dire un mot Westwood leva son fusil, visa et tira une unique balle en pleine tête. L’homme tomba à la renverse, mort.

« - La psychologie, très peu pour toi, n’est-ce pas, Caïn ? »

Sous son casque, Westwood serra les dents.
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Bureaux

Les salles se succédaient et chacune était identique à la précédente : un bureau bien rangé, avec son ordinateur, des dossiers rangés en pile sur un coin et une ou deux babioles ; pas plus ne semblait autorisé. Wade n’avait que faire de Giaz, il se contentait d’avancer d’un pas décidé, peu importe si le reptiloïde suivait. Tandis que Wade vérifiait les bureaux sur leur gauche, Giaz faisait ceux sur leur droite et ils avançaient en silence et à un rythme soutenu.

Sortant d’un énième bureau, Wade vit soudainement un tentacule disparaitre au bout de l’étage, un tentacule avec un œil à son extrémité. Un bref éclat de lumière azur resplendit dans son orbite droite. Il se remit en marche en pressant le pas, presque en courant sans se soucier si Giaz, derrière lui, l’avait vu partir. D’après ce qu’il avait perçu, les groupe de Sandora et Westwood avaient rencontré une opposition. C’était manifestement leur tour.

Ne faisant plus attention aux bureaux à côté desquels il passait en coup de vent, soudain, il s’arrêta. Ou plutôt on le força à s’arrêter. Des bandes métalliques cuivrées venaient de le transpercer de part en part. Une nouvelle dame métallique venait de le prendre par surprise. C’était un piège grossier dans lequel il était tombé. Il se dit que la fille adoptive de Jeremiah rirait bien en le voyant ainsi pris. Il tourna la tête vers la créature sans aucune expressions sur la moitié de visage qu’il lui restait. Il se contenta de l’observer ou plutôt d’observer les bandes cuivrées qui le transperçaient actuellement. Il sentait qu’elles se désagrégeaient au contact de ses chairs. Elles finirent par tomber en poussières au sol. Un sourire sembla presque traverser son visage.

« - Ainsi ce métal est d’origine organique » dit-il avant de se tourner de tout son être vers la Copper Maiden et d’avancer vers elle, sa main gauche en avant, sa main squelettique.
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Salle de vie commune

Blanche et Jeremiah s’étaient déjà enfoncés dans cette gigantesque pièce qu’était la salle de vie commune lorsqu’ils entendirent le cri de Sandora suivi quelques secondes plus tard d’un unique tir d’arme à feu. Même si Jéricho était à priori dans cette section, il semblait avoir disséminé ses créatures partout dans le bunker. Ainsi lorsqu’ils virent un soldat en fâcheuse position, le vampire resta de marbre et stoppa net l’ardeur de Blanche à aller l’aider.

Le soldat avait son pantalon de treillis et un marcel vert kaki. Il se trouvait actuellement sous une barre d’haltères bien trop lourde pour lui et qui l’étranglait à mesure que le soldat perdait ses forces. Bien que c’était une image qui provoquait d’ordinaire une réaction de secours, Jeremiah resta immobile. Était-ce vraiment le moment de faire des haltères ? C’était évidemment un piège pour qu’on s’approche au plus près de la victime. A ce moment la perversion que lui avait insufflée Jéricho se déclencherait.

« - Tu sembles avoir un tempérament particulièrement glacial, mon cher » fit la voix de Jéricho.

Jeremiah se tourna vers Blanche pour lui demander d’un signe si elle l’entendait également. Elle hocha la tête en guise de réponse positive. Jéricho se trouvait donc bel et bien dans cette pièce.

« - Il est inutile de faire durer cette mascarade plus longtemps ... »

D’une seconde à l’autre, le soldat cessa de gémir, de supplier qu’on l’aide. Il connut un regain de force brutal qui lui permit de relever la barre d’haltères d’un coup sec. Ses bras se tétanisèrent alors et le militaire se mit à hurler. Ses muscles gonflèrent à en déchirer sa peau. Bientôt ce fut l’intégralité de son corps qui connut ce sort. Les muscles à vif, la créature maintenant debout ressemblait à un haltérophile horrible dont la tête peinait à sortir de toute cette masse. Il tenait la barre d’haltères, avec les poids toujours accrochés, comme s’il fut agi d’un simple gourdin.

« - J’imagine que tu veux l’affronter » fit le vampire à sa fille.

« - Oui, père ! »

« - Deux choses alors ! Un : n’oublie pas que ce fut un être humain. Deux : réfléchit à l’expression "tout dans les muscles, rien dans la tête" ! »

Blanche écouta soigneusement les paroles de son père avant de dégainer ses longues machettes et de s’élancer vers le mastodonte.
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Dortoirs

Après la créature de peau, ce fut une créature de silicone que Sandora affronta et pulvérisa sans grandes difficultés. Puis surgit une femme ordinaire ... au détail près qu’elle était entièrement nue. Sa poitrine opulente fit craindre à Sandora d’assister au même spectacle que face à la créature de silicone. Mais tel ne fut pas le cas. Sa peau devint de plus en plus claire au point qu’elle semblait même commencer à briller. Alors que la sirène comprit finalement que sa peau ne blanchissait pas, il était trop tard. La femme nue s’illumina brutalement, produisant un flash de lumière surpuissant qui aveugla Sandora. La seconde suivante, elle entendit des pas extrêmement lourds se rapprocher d’elle à grande vitesse. Le temps qu’elle le réalise, elle se prit un coup de poing surpuissant qui la propulsa sur les rangées de lits derrière elle. Les armatures de métal lui provoquèrent de nombreuses contusions.

Ayant moins souffert du flash de lumière, Giaz regagna assez de sa vue pour voir un colosse chromé foncer droit sur la sirène. Au moment où il allait s’élancer pour l’écarter de la trajectoire du colosse, il s’arrêta net en voyant des vapeurs jaunes l’entourer soudainement. Le gaz était irritant mais avait avant tout un tout autre effet, il endormait rapidement les sens du reptiloïde.

« - Reste avec moi, mon petit Giaz, tu veux bien ? » lui susurra à l’oreille une forme éthérée de Jéricho.

Le reptiloïde sembla complètement se relâcher au point qu’il laissa tomber la chaîne qui servait de laisse à Wormcell. Voyant Jéricho s’en prendre ainsi à Giaz, Wormcell saisit cette occasion pour ouvrir un portail spatial et fuir loin d’eux deux.
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Cuisines

Frédéric et Milla furent confrontés à une seconde créature des plus répugnantes. Elle s’était formée en dupliquant à foison les lipides présents dans l’organisme d’un autre cuisinier. Ce dernier avait vu alors ses graisses suinter par tous les pores de sa peau au point d’en suffoquer. Comme avec la précédente monstruosité, Frédéric avait expédié son exécution.

S’enfonçant davantage dans les cuisines, ils passèrent à côté d’un premier grand frigo ... ou plutôt une chambre froide. Milla n’y prêta pas attention en passant à côté. Quant à Frédéric, il jeta un coup d’œil furtif par le petit hublot sans espérer y voir grand chose. Mais il aperçut une forme humaine recroquevillée et tremblante de froid. Se pouvait-il que l’un des cuistots se soit calfeutré dans la chambre froide pour échapper à la moisson de Jéricho ?

Frédéric ouvrit donc la porte. Il eut à peine le temps de voir des traces de brûlures sur la peau de l’homme que celui-ci prit peur en le voyant et s’enfonça au fond de la chambre froide.

« - Monsieur, attendez ! » lança Frédéric en le suivant dans le congélateur.

« - FERMEZ CETTE PORTE !!! » hurla le cuisinier en continuant de s’enfoncer dans la pièce glaciale.

Frédéric comprit alors qu’il n’avait pas peur de lui mais de la porte. Pourquoi donc ? Après quelques secondes, Frédéric le retrouva en train de se frotter les avant-bras avec de la glace pilée.

« - Que vous a-t-il fait ? » lui demanda alors Frédéric, comprenant qu’il n’avait pas échappé à Jéricho finalement.

Le cuisinier arrêta de se frotter avec de la glace et tendit ses avant-bras vers Frédéric. La peau était brûlée à plusieurs endroits mais plus étrange encore, ils étaient comme entourés d’une brume. Non ! Pas de brume, de vapeur ! En pénétrant dans la chambre froide, Frédéric avait inconsciemment augmenté sa température corporelle. Cet apport de chaleur avait réactivé les enzymes de l’organisme du cuisinier responsables de la production de chaleur. La peau du cuistot entrait en ébullition sous le regard de Frédéric.

« - Qu’est-ce qu’il se passe ? » lança Milla à l’entrée de la chambre froide.

Cette question fit réagir Frédéric. Il se redressa, se métamorphosa en loup et fonça à travers la pièce à toute vitesse. Derrière lui le cuisinier hurlait de douleur. Frédéric referma la porte du frigo pile au moment où une explosion de chaleur remplit la pièce. Observant par le hublot, Frédéric vit que toute la chambre froide avait décongelé d’un coup.

« - Il est sérieux ce Jéricho ? Il t’envoie un mec qui crée de la chaleur ? » fit Milla.

Soudain, ils entendirent le tic caractéristique d’un brûlot à gaz qu’on allume. Ils tournèrent la tête dans sa direction pour apercevoir une créature humanoïde composée d’une espèce de poudre noire agglomérée aux reflets métalliques. Sans attendre, la créature plaça sa main sur le brûlot. La réaction ne se fit pas attendre, la main de la créature commença à s’évaporer en une brume violette.

« - Je ne crois pas que la créature qui est là-dedans fut directement pour moi » fit Frédéric.
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A suivre dans le chapitre 460 : Alma, part 3 : Heat !