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 Chapitre 430 - l'Agriogourouno part 1 : Antioche

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Jezekiel
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Jezekiel


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24012019
MessageChapitre 430 - l'Agriogourouno part 1 : Antioche

Terre 531 - An 1219 - Royaume Arménien de Cilicie - Ville d’Adana

Le Tenatz mort, Jeremiah sortit précipitamment de la demeure d’Özkan en direction de sa propre demeure située dans une impasse d’Adana. Arrivé en vue de la maisonnée, rien ne laissait présager de ce qu’il allait découvrir à l’intérieur. Aucune fenêtre n’avait été brisée, la porte n’avait pas été fracturée non plus. Aux yeux de tout le monde, rien d’anormal ne s’y était déroulé récemment. Mais l’odeur du sang ne pouvait tromper Jeremiah quant à ce calme apparent.
Poussant lentement la porte de la maison, il ne tarda pas à découvrir le cadavre d’Esmahan. A en juger par la scène qui s’offrait à lui, la cinquantenaire n’avait rien pu faire. Elle n’avait pas même eu le temps de se débattre face à son agresseur. Quel que soit le vampire qui l’avait attaquée, il l’avait fait de dos ; l’immobilisant et lui ponctionnant assez de sang pour la tuer. Jeremiah serra les dents.
Le Tenatz ne semblait pas avoir menti, néanmoins Jeremiah devait en avoir le cœur net. Il pénétra sa chambre et découvrit le berceau vide. Alors qu’il allait quitter la pièce le vampire s’arrêta. Il se retourna vers le berceau et vit une petite tache rouge. C’était du sang, l’équivalent d’une goutte tombée sur le linge immaculé du berceau. Jeremiah se mit à sourire. Ce n’était pas la première fois qu’il retrouvait une goutte de sang dans le berceau du bébé. Lorsque Esmahan avait commencé à officier pour lui, le bébé s’était évertué à la mordre à la moindre occasion, ne la connaissant pas encore. Pour le moment, seules ses incisives étaient sorties mais Blanche avait déjà assez de force pour faire saigner quiconque passait à proximité d’elle. Il devait assurément s’agir du sang du kidnappeur. L’enfant l’avait à tous les coups mordu par instinct.

Jeremiah souleva alors le berceau et huma la tache de sang. Pour un être humain lambda, quelle que soit son origine, le sang avait la même odeur. Mais pas pour un vampire. Le vampire était capable de différencier un large panel de nuances. Ce sang était particulier. Il était certes d’origine humaine à la base mais le relent âcre certifiait qu’il provenait d’un vampire. Mais pas un vampire ordinaire. Il avait pris soin de mémoriser les nuances propres aux diverses espèces vampiriques qu’il avait rencontrées lors de son périple mais ce sang n’appartenait à aucune d’entre elles. Il allait devoir se montrer vigilant lorsqu’il le rattraperait.

Le kidnappeur ayant une longueur d’avance, il devait se préparer à quitter Adana. Il fit un rapide paquetage, essentiellement quelques monnaies et des vêtements pour le bébé. Alors qu’il allait récupérer son livre où il consignait ses découvertes, il aperçut que le tiroir de son bureau avait été forcé. On lui avait également dérobé son livre. Cela le dérangea quelque peu.

Après quoi il monta sur le toit de sa maison tentant de repérer une quelconque piste de sang que le bébé aurait pu laisser en mordant à répétition son kidnappeur. Il trouva une nouvelle tache de sang sur le toit, puis une autre sur le toit voisin et encore sur celui d’après. Mais après cette quatrième tache minuscule, la piste s’arrêtait là. Bien que frustré par cette impasse, la piste de gouttes indiquait laborieusement une direction grossière vers l’est et la sortie de la ville en direction de Ceyhan.

Bondissant de toit en toit, Jeremiah arriva rapidement à la sortie de la ville et son rempart. Alors qu’il se tenait sur le rempart, tentant de discerner la moindre piste physique ou olfactive, Jeremiah se demanda s’il suivait la bonne direction. Rien ne lui indiquait que c’était bien celle empruntée par le ravisseur.

Concentré sur ses sens, il sentit approcher un individu dans son dos. Jeremiah pensa de prime abord à un garde mais aucun garde ne pouvait se déplacer aussi furtivement. Et puis les gardes n’avaient pas pour habitude de boire du sang en plein milieu de la nuit. Qui que ce soit qui s’approchait ainsi de lui, il avait tué les gardes en position sur le rempart.
Jeremiah continua d’agir comme s’il n’avait pas décelé sa présence. Il le laissa approcher jusqu’au moment fatidique où il lui bondit dessus. A cet instant précis, Jeremiah se transmuta en brume. Surpris, son agresseur le traversa sans lui porter atteinte. Jeremiah se retransmuta immédiatement et le décapita sans aucune autre forme de procès.

Il ne pouvait s’agir d’un vampire vagabond quelconque. Il était obligatoirement lié à Özkan. Il était sur la bonne voie. S’envolant, il lui fallut moins d’une heure pour atteindre la ville de Ceyhan et son château fortifié Yılan Kale. Cette forteresse avait été bâtie au cours du siècle précédent par les Arméniens. Elle abritait actuellement une garnison de soldats conséquente.
Celui qu’il poursuivait n’avait pas pu s’arrêter ici, il n’avait fait que passer. Il aurait été étonnant qu’un vampire puisse se cacher impunément dans une pareille forteresse à une époque de troubles telles que les croisades. Néanmoins, Jeremiah s’attarda autour de la forteresse ; rôdant autour de façon à se faire repérer par un quelconque vampire laissé en embuscade mais tout en restant invisible aux gardes. Il eut beau insister, aucune attaque ne vint confirmer qu’il était sur la bonne route cette fois.

Mais il n’y avait pas à douter. Le vampire sur les remparts d’Adana confirmait bien les dires du Tenatz : S’il n’y était pas déjà arrivé, Özkan se dirigeait vers Jérusalem. Quelle était la meilleure route pour s’y rendre ? La question n’était pas bien compliquée. La prochaine étape était la ville d’Erzin que le vampire atteignit une heure plus tard. La seule chose que Jeremiah nota de cette ville fut son aqueduc construit sous le règne de l’empereur byzantin Jean II Comnène. Juste avant de quitter la ville, le vampire connut une nouvelle embuscade, ce qui lui confirma être toujours sur la bonne route.

Après Erzin, ce fut Dörtyol que Jeremiah gagna une vingtaine de minutes plus tard. Une heure encore plus tard, il avait atteint la ville côtière d’Alexandrette. Il n’était pas encore parvenu à rattraper le kidnappeur. Quelle sorte de vampire était-il pour tenir la distance ainsi ? C’était une véritable course contre la montre qui s’était engagée. Jeremiah devait absolument les retrouver avant le lever du soleil. A l’apparition de l’astre, le kidnappeur se terrerait le temps qu’il effectue sa course dans le ciel. Pendant ce temps, Jeremiah ne saurait où il se trouve avec exactitude. Tout ce qu’il savait pour le moment c’était qu’il était toujours à ses trousses comme l’attestait le vampire d’Erzin.

Cette course-poursuite l’amena ensuite en la ville d’Antioche près de deux heures plus tard. La ville était connue dans tout l’orient comme le départ de la route de la soie et ce depuis plus de trois millénaires. Néanmoins, aujourd’hui, les guerres turco-byzantines la mettaient en péril.

Autre aspect de la ville qui était actuellement mis en péril c’était sa condition de phare du monde chrétien. C’était en cette ville que les apôtres de Jésus-Christ avaient reçu le nom de chrétiens. La victoire de Saladin à la bataille de Hattin en 1187 avait entamé sa déchéance. Néanmoins, pour le moment, la ville était aux mains des Croisés et ce depuis près de deux siècles maintenant. Jeremiah allait devoir se montrer méfiant en cette place forte.

Même si Burak Özkan était d’origine moyen-orientale, il n’en restait pas moins que l’homme était rattaché à l’église chrétienne comme l’en attestaient ses liens avec le père Bartholomé ou encore l’emploi du terme "frères" en désignant le vroucolaca et le vyrkolatios de Grèce.

Bondissant par-dessus la fortification, Jeremiah arriva incognito au cœur de la ville. A cette heure de la nuit, les chaumières étaient toutes éteintes et la ville plongée dans l’obscurité de la nuit ... ce qui l’arrangeait parfaitement. Il se mit à rôder dans la ville, esquivant les quelques patrouilles de soldats Croisés qui parcouraient les ruelles. Avec une telle vigilance, Özkan devait être sérieusement entravé dans ses exactions. Enfin, c’est ce qu’il supposait car son odorat était mis à mal. Les rues étaient malodorantes, empestant le purin et autres déjections d’origine humaine. C’était une véritable puanteur. En temps de guerre, l’hygiène n’était certes pas une priorité mais tout de même. Cela éveilla néanmoins de désagréables souvenirs dans l’esprit de Jeremiah du temps où il était encore un simple Croisé. Combien de fois avait-il dû dormir à même le sol, dans l’humidité et parfois la boue ?

Parvenant à faire un tant soit peu le tri dans ces effluves nauséabondes, Jeremiah fut tiré de ses songes en reniflant l’odeur ferrique du sang. Il la remonta difficilement jusqu’à l’une des artères principales de la ville. C’est alors qu’il faillit se faire surprendre par deux gardes en patrouille. Ce ne fut qu’à la lueur approchante de leur torche que le vampire s’en rendit compte. Il se tapit alors au coin d’une maison, attendant qu’ils passent. A leur passage, il perçut des bribes d’une conversation.

« - ... fait, c’était quoi cette agitation tout à l’heure à la porte nord ? »

« - Oh, encore un de ces moines qui revenait à pas d’heure d’un de ces pèlerinages ».

« - Encore ? »

« - Mais attends, celui-ci s’est ramené avec un gosse cette fois ! »

« - Un gosse ? »

« - Plutôt un bé... »

Le reste de la conversation fut inaudible de par l’éloignement des soldats. Néanmoins, Jeremiah avait eu de la chance de tomber sur ces deux soldats. Leur conversation confirmait qu’il était arrivé au bon endroit. Sur la route de Jérusalem, le kidnappeur avait fait escale ici. Ne restait plus qu’à le trouver. Mais honnêtement, le vampire pensait avoir fait le plus gros du travail. Chercher quelqu’un au sein d’une ville n’était pas la même chose que de le poursuivre à travers divers pays sans jamais l’apercevoir se dit-il.

Ce n’était certes pas la même chose mais une ville pouvait présenter une infinité de cachettes. Et pour quelqu’un ne connaissant pas la ville, ce n’était que plus ardu encore. Néanmoins, Jeremiah choisit de poursuivre la piste qui l’avait amené à croiser la route de ces Croisés : l’odeur du sang. Cette odeur était presque palpable tellement elle était puissante. C’était comme si toute la ville empestait le sang. Comment les hommes, femmes et enfant vivant entre ces murs pouvaient ne pas le sentir ?

Les pas du vampire l’amenèrent dans un quartier de la ville des plus déplorables. Même de nuit, l’atmosphère semblait anormalement lourde. C’est alors que Jeremiah vit du coin de l’œil un symbole peint sur une porte. Son premier réflexe fut de penser qu’il avait trouvé un code similaire à celui d’Adana. Mais lorsqu’il réalisa la nature de ce symbole, il comprit que c’était tout autre. Le symbole n’était qu’une vulgaire croix rouge barrant la porte. Il ne savait que trop bien ce qu’elle signifiait et il comprit dès lors la raison de cette atmosphère aussi pesante. Ce quartier d’Antioche était victime d’une épidémie quelconque. A cette époque toute maladie pouvait prendre un tournant catastrophique. Soudain, Jeremiah entendit quelqu’un tousser. La toux était grasse et violente. Localisant la personne qui était sujette à cette toux, Jeremiah fut surpris qu’elle se situe dans une maison non marquée.

Le vampire pénétra dans la dite maison et retrouva le malade sans difficultés. Il s’agissait d’une femme. Elle était allongée sur un lit fait de paille et transpirait abondamment. Malgré son état d’extrême faiblesse, elle parvint à ouvrir les yeux et vit la silhouette de Jeremiah.

« - Vous ... êtes enfin ... venu ... me chercher ? » demanda-t-elle péniblement.

« - Je ne suis pas un ange, madame ».

« - Je ... sais ... » dit-elle avant de rendre son dernier souffle.

Jeremiah s’approcha d’elle, replaça le bras tombé du lit sur sa poitrine et lui baissa les paupières.

« - Requiescat in pace » prononça le vampire à voix basse.

Il n’était pas rare que quelqu’un souffrant d’une pathologie délire juste avant de mourir mais Jeremiah sentit que cette femme ne délirait pas à cet instant. Elle avait conscience qu’il n’était pas un ange alors à qui pensait-elle s’adresser ? Qui pensait-elle était venu la chercher ? La chercher pour l’emmener où d’abord ? Elle semblait avoir attendu qu’on vienne en tous cas.

Quelque chose taraudait Jeremiah. Il sortit de la maison et se plaça au carrefour de plusieurs petites ruelles. Autour de lui, il ne voyait que des habitations aux portes arborant cette croix rouge. Pourquoi celle de la femme qui venait de mourir n’en portait-elle pas ? Elle était pourtant au stade terminal d’une quelconque maladie. Et si ces croix ne signalaient pas les foyers atteints par cette maladie ? Que signalaient-elles alors ?

Le vampire voulut en avoir le cœur net. Il entra dans une première maison. L’intérieur était spartiate, comme celui de la maison de la mourante. S’attendant à être pris à la gorge par l’odeur de la décomposition, il fut surpris que ce ne soit pas le cas. Il fouilla la maison mais ne trouva aucun cadavre. Le lit était relativement propre, en tous cas pour l’époque. Il y avait là les marques innombrables de sueur laissées par ceux qui y dormaient autrefois mais aucun autre fluide corporel résultant d’une possible maladie.
Il pénétra dans une troisième maison mais là encore il n’y avait rien de notable. Un lit ordinaire, une table, des chaises, une poupée de paille trainant dans un coin, quelques vêtements, un peu de nourriture rancie mais rien qui ne sorte de la normale à priori. Pas même de cadavre qui justifierait la croix rouge.
Néanmoins dans la quatrième maison, il trouva finalement un mort. Difficile à dire s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. En revanche, ce qui était aisé c’était de déterminer la cause de sa mort. Il n’était pas mort d’une quelconque maladie. Son corps exsangue et fripé indiquait qu’il avait été tué par un vampire qui avait pris tout son temps pour boire l’intégralité de son sang. Jeremiah s’avança près du cadavre, s’apprêtant à découvrir une marque de morsure caractéristique dans le cou. Son cou ne portait aucune trace. Jeremiah fut stupéfait de découvrir des marques sur les avant-bras et les jambes du cadavre. Mais ce n’était pas tant leur localisation que leur aspect qui le stupéfia. Un instant son esprit ne put croire en ce qu’il voyait. Il laissa son regard vagabonder dans la pièce jusqu’à tomber sur une poupée de paille ... identique à celle trouvée dans la maison précédente.
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A suivre dans le chapitre 431 - l'Agriogourouno, part 2 : Burak Özkan !
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Chapitre 430 - l'Agriogourouno part 1 : Antioche :: Commentaires

Le mystère s'épaissit autour de ce Burak Özkan. J'ai hâte de voir il est capable dans un combat ^^
 

Chapitre 430 - l'Agriogourouno part 1 : Antioche

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