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 Chapitre 433 - l'Agriogourouno, part 4 - Épilogue

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Jezekiel
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Jezekiel


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Chapitre 433 - l'Agriogourouno, part 4 - Épilogue Empty
15022019
MessageChapitre 433 - l'Agriogourouno, part 4 - Épilogue

Terre 531 - An 1219 - Ville d’Antioche - Cathédrale souterraine sous l’Église St Pierre

Özkan hurlait de douleur suite à la terrible amputation que lui avait infligée Jeremiah. Celui-ci se tenait parfaitement droit, Blanche dans ses bras. Il semblait regarder la scène avec un certain détachement. C’était presque comme s’il ne considérait plus l’agriogourouno comme une menace. Et pour cause, il avait constaté le revirement de comportement des Fils de Judas et des Nekrstenici à son encontre. Ces enfants, ces monstres que toute forme d’intelligence avait quitté lors de leurs transformations blasphématoires et qui ne savaient qu’attaquer dans une fureur hors du commun, le craignaient encore il y a quelques minutes de cela. Mais maintenant que le sanglier avait été blessé, amputé, mutilé, il avait perdu de cette aura de terreur. Aux yeux des petits monstres, il ne représentait plus qu’une proie comme une autre que leur nombre suffirait à faire tomber. Jeremiah savait que le dénouement allait bientôt avoir lieu. Le Dr. Frankenstein allait bientôt succomber sous les coups de sa créature ... ou plutôt de SES créatures dans le cas présent. A peine le vampire eut-il fait ce parallèle avec le roman de Mary Shelley que les petits monstres se jetèrent à l’unisson sur l’agriogourouno.

Dans les premiers instants, le monstre sembla stupéfait de voir les fils de Judas et les nekrstenici commencer à le mordre et le griffer. Puis, rapidement, il sembla oublier son amputation et se débattit violemment, repoussant comme il le pouvait les créatures qu’il avait engendrées plus ou moins directement. Bien que les coups du sanglier étaient puissants et fracassaient plusieurs os de ceux qu’il frappait, le nombre était tel qu’il n’en voyait pas le bout. Il tenta de s’enfuir mais croulant sous la marée, il n’avait plus aucun repère et s’affala sur la première rangée de bancs de la cathédrale. Bien qu’accablé, il parvint à se relever et à dégager les deux monstres qui lui attaquaient le faciès. Jeremiah capta alors le regard désespéré du monstre et le vit se poser sur l’une des torches ornant les murs et éclairant les sous-sols.

Jeremiah sut alors qu’il devait quitter les lieux séance tenante. La situation allait finir par tourner à la catastrophe et il était hors de question qu’il y expose Blanche. Tournant les talons, il se dirigea sans se presser vers l’escalier qu’il avait emprunté pour descendre ici bas.

Dans son dos, titubant sous les coups reçus, l’agriogourouno se dirigea chancelant vers le flambeau le plus proche tout en tentant de repousser comme il le pouvait les créatures qui l’assaillaient. Muni de la torche, il commença à effectuer de grands swings pour tenir en respect les petits monstres tout en brûlant ceux qui s’accrochaient encore à lui. Le temps d’un instant, Özkan parvint à souffler un moment et réfléchir au moyen de s’enfuir d’ici. C’est alors qu’il vit Jeremiah monter l’escalier en colimaçon. Au profit du premier tour, le vampire lui lança un regard fort de sens avant de disparaître. Özkan sentit une fureur sans nom monter en lui. Il comprit que jamais il n’aurait dû tenter de récupérer l’enfant, cette petite Blanche. Le vampire qui la protégeait depuis la France était bien plus redoutable qu’il ne l’avait pensé de prime abord. S’il n’avait pas envoyé Lucie la récupérer à Adana, il n’aurait jamais remonté leur piste jusqu’ici, en la cathédrale souterraine de son ordre noir.

Quitte à mourir ce soir, il ne comptait pas partir sans emporter le plus de monde avec lui. Il lança alors la torche qu’il tenait sur les bancs en bois qui s’enflammèrent rapidement avant de foncer dans le tas. En réalité, il comptait faire s’effondrer la cathédrale sur lui et tous ces monstres ... voire sur Jeremiah et Blanche. Ainsi, il fonça tête baissée contre les différents piliers de pierre qui soutenaient l’édifice. Ses coups résonnèrent comme des coups de tonnerre au beau milieu de la nuit. La cathédrale souterraine finit par s’effondrer mais sans inquiéter pour autant l’intégrité de l’église St Pierre au-dessus. L’incendie naissant fut étouffé par l’éboulement, emportant également toute trace historique de l’ordre noir.
Quant à Jeremiah et Blanche, ils débouchèrent à l’air libre sans être inquiétés. En s’éloignant de l’église, ils croisèrent une troupe de croisés qui vinrent s’enquérir de ce qu’il se passait en ce lieu. Toute la nuit durant, plusieurs d’entre eux cherchèrent l’origine de ce chaos. Faute de trouver l’entrée secrète du sous-terrain, des rumeurs et de vieilles superstitions commencèrent à se répandre, comme quoi le diable venait les prendre. Il faudrait plusieurs jours à Antioche pour retrouver son calme habituel.

Jeremiah prit une chambrée dans une des auberges de la ville. Grâce à l’effervescence, son arrivée mystérieuse en fin de nuit n’éveilla aucun soupçon. Jeremiah déposa doucement Blanche sur l’unique lit et se mit à réfléchir. Burak Özkan mort, son ordre noir l’était avec lui. Tous ses membres avaient succombé dans la cathédrale souterraine ... à l’exception d’un seul ... la perfide Lucie. La baobhan sith était parvenue à s’enfuir avant que tout ne s’écroule et cela contrariait Jeremiah. Serait-elle capable de reformer un pareil ordre ? En aurait-elle les ressources ? Ce qui contrariait également le vampire c’était d’avoir perdu son grimoire. Il avait fini par s’y attacher et y consigner tout ce qu’il apprenait sur le fléau du vampirisme était quelque chose qui lui plaisait. Il se disait qu’un jour il pourrait être utile.
Toutefois, une préoccupation plus immédiate allait l’occuper : comment payer la chambre qu’il occupait ? Lorsqu’il avait été fait prisonnier par l’ordre noir, ils l’avaient dépouillé de tous ses biens et ne possédait plus maintenant que ce qu’il portait.

A bien y réfléchir, il était hors de question qu’il se mette à voler les habitants d’Antioche. La misère courait déjà les rues sans qu’il n’ait besoin de s’en mêler. La seule solution acceptable qui s’offrait à lui était de retourner dans la cathédrale souterraine en espérant que tout ne se soit pas effondré. Il regarda par la fenêtre et vit que le jour se levait. Il était encore tôt et un épais brouillard était tombé sur la ville. De parfaites conditions pour se faufiler dans la ville jusqu’à l’église St Pierre pensa Jeremiah. Il observa Blanche. Le jeune bambin s’était profondément endormi. L’histoire lui avait appris qu’il ne pouvait pas la laisser seule ni même sous la surveillance d’un humain lambda. Il choisit alors de l’enfermer dans une bulle télékinésique, elle même enfermée dans un épais cocon de glace. Afin que le bébé ne soit pas frigorifié, Jeremiah laissa un espace entre la bulle et le cocon ; une couche d’air isolante.

Après quoi il sortit par la fenêtre et la referma. Il se dirigea à pieds jusqu’aux environs de l’église. Les soldats patrouillaient partout autour ; cherchant toujours d’où avait bien pu provenir ce vacarme assourdissant. Jamais il ne pourrait passer sans être vu ... à moins de se fondre dans le paysage. Il se transmuta alors en brume et se fondit dans le brouillard environnant. Totalement furtif, Jeremiah atteignit l’entrée secrète sans encombre. Rematérialisant uniquement sa main, il actionna l’interrupteur. A son grand étonnement, l’entrée s’ouvrit sans aucun problème. Une fois dans l’escalier, les apparences étaient terriblement trompeuses. Hormis la totale obscurité, dont le vampire s’accommodait parfaitement, l’escalier en colimaçon donnait l’impression que rien n’était arrivé ; les premières marches du moins. Les dernières étaient encombrées de gravats de toutes tailles. Néanmoins, toujours sous sa forme de brume, cela ne posait aucun problème à Jeremiah. Arrivé en bas, le vampire observa que la quasi-totalité de la cathédrale s’était effectivement effondrée. La nef et le chœur étaient complètement ensevelis. Seul le déambulatoire était relativement dégagé.

L’endroit empestait la poussière, les cendres et le sang ... ce qui ne surprit pas le vampire. De-ci de-là, on pouvait reconnaître certains cadavres. Des moines-vampires de l’ordre noir mais aussi des corps plus petits. Jeremiah reprit sa forme charnelle.

« - Quel gâchis ! » fit-il à voix haute.

Il observa du côté du chœur et de l’abside. S’ils avaient conservé ses affaires, elles devraient être dans cette zone. Il commença à dégager les gravats un par un par télékinésie. Il ne tarda pas à trouver un sac qui lui était familier. Il l’ouvrit et y vit quelque chose qui le ravit. C’était ses affaires. Il y avait là ses cartes et divers papiers, les quelques vêtements qu’il avait pris précipitamment lors de son départ d’Adana mais aussi et surtout son argent. Tout était là. Tout ? Après réflexion, non, tout n’était pas là. Il manquait son grimoire. Mais c’était normal. Özkan l’avait prélevé et le cachait sous sa bure.

Jeremiah se retourna alors vers la nef et observa un peu les gravats, comme recherchant quelque chose de particulier. Il vit alors un bras épais dépasser des débris, épais et velu, l’agriogourouno.
Jeremiah ne s’approcha pas outre mesure et dégagea les décombres recouvrant le corps. Entre autres débris, une colonne entière lui était tombée dessus, lui fracassant le dos. Toutefois, le vampire resta méfiant. Il lui semblait étrange qu’Özkan n’ait pas repris sa forme humaine. Jeremiah faisait un parallèle involontaire avec les lycanthropes qui reprenaient forme humaine à leur mort. Il s’était attendu à ce qu’il soit de même avec l’agriogourouno. Une fois le corps d’Özkan dégagé, Jeremiah attendit quelques secondes. Le corps ne bougeait pas. Il attendit encore. Il ne pouvait rester planté là à attendre un quelconque mouvement qui pourrait ne pas survenir.

Rapidement, il bondit jusque sur le tas de gravats et retourna vivement l’agriogourouno, une lame de glace dans l’autre main, menaçant de perforer sa gorge. Mais l’agriogourouno ne frémit pas un instant. La gueule pleine de sang et entrouverte, les yeux livides et laiteux ; l’agriogourouno était bel et bien mort. Jeremiah commença alors à baisser les yeux sur sa bure, cherchant du regard un quelconque pli trahissant la présence de son grimoire. Au moment où son regard s’illuminait, un bruit retentit du côté de l’abside.
Jeremiah tourna la tête pour s’enquérir d’une quelconque menace tentant de le prendre à revers ... mais ne vit rien. A la limite, il y avait peut-être un débris qui n’était pas là auparavant ... Mais cela, Jeremiah n’en était pas sûr. Lorsqu’il reposa les yeux sur la dépouille d’Özkan, il eut la stupeur de ne plus apercevoir le pli qui l’avait ravi. Il écarta la bure et ne découvrit que le corps du sanglier. Il n’y avait plus rien en-dessous. Y avait-il jamais eu quelque chose ? Est-ce que son imagination lui avait joué un tour quelques secondes auparavant ? Il eut la réponse à cette question sans tarder lorsqu’il entendit une voix.

« - Tss ! Tss ! Tss ! »

Le vampire leva les yeux vers le sommet des gravats et reconnut Lucie. La baobhan sith tenait dans sa man gauche le fameux grimoire. Jeremiah comprit alors qu’elle avait jeté une pierre pour attirer son attention le temps qu’elle s’empare du livre sous son nez.

« - Rends-moi ce livre ! » lui intima-t-il sur un ton mauvais.

« - Burak ne m’a jamais impressionnée, même sous sa forme de sanglier, crois-tu vraiment que tu arriveras là où il a échoué ? »

« - Burak est mort, moi pas ! »

« - C’est un fait ! As-tu d’autres portes ouvertes à enfoncer ? »

« - Tu vas mourir ici et ce soir. Comment, cela dépend de toi ! »

« - Pour un peu c’est que tu serais presque drôle ! Et comment comptes-tu t’y prendre ? »

Jeremiah ne dit mot. Ce que Lucie ne savait pas c’est que Jeremiah avait déjà affronté un vampire avec les mêmes capacités de transmutation. Même s’il avait été surpris la première fois, cela ne se reproduirait pas.

« - Que veux-tu ? » lui demanda le vampire.

« - Burak ! »

« - Il est définitivement mort ! »

« - Mais pas sa parole ! Sa dépouille sera vénérée comme celle d’un martyre ! »

« - Je ne le permettrais pas ! »

« - Alors on est dans une impasse ! A moins que ... où as-tu laissée Blanche, cette fois ? Dans cette pitoyable auberge ? »

Jeremiah se mit à sourire.

« - Est-ce la folie qui te prends à l’idée de perdre à nouveau ton enfant ? »

« - Non ! Je souhaite simplement bon courage à quiconque voudrait la kidnapper ! »

La contrariété se lisait sur le visage de la baobhan sith. Manifestement elle avait envoyé quelqu’un.

« - Tu as le choix, rends-moi le livre et je te tuerais sans douleur, ou ... »

« - Ou quoi ? »

« - Résistes et tu souffriras inévitablement avant de mourir ! »

« - Tu as l’air bien sûr de toi ! Et comment comptes-tu arrêter du brouillard ? »

A ces mots la baobhan sith se transmuta en brouillard. Jeremiah se transmuta en brume et bloqua le passage aux multiples tentatives de Lucie de passer. Finalement les deux individus reprirent leurs formes. La baobhan sith serrait les dents de frustration.

« - Je te donne une dernière chance : rends-moi le livre ! »

Lucie sembla finalement se résigner. Elle s’approcha de Jeremiah et lui tendit le grimoire. Mais à la dernière seconde, elle se retransmuta en brouillard, pensant pouvoir surprendre son adversaire.
Mais c’était peine perdue. Jeremiah avait parfaitement compris qu’elle n’abandonnerait pas les armes. Comme à chaque fois qu’il laissait le choix d’une mort douce ou d’une mort violente, son opposant choisissait toujours la seconde option, pensant pouvoir le battre.

Alors que le brouillard le dépassait sur le côté, le regard du vampire le suivit. Ses pupilles rayonnèrent alors de bleu. Les températures du corps de Jeremiah et de l’air à sa proximité chutèrent drastiquement. Cela s’appliqua également à la forme de brouillard de Lucie. Les gouttes d’eau composant sa forme gelèrent presque instantanément et Lucie fut contrainte de reprendre forme humaine.

Elle tomba lourdement au sol, le corps entièrement recouvert de givre. La baobhan sith grelottait tout en serrant contre elle le grimoire de Jeremiah. Celui-ci reprit une température normale et lui arracha le livre des mains.

« - T-Tu p-penses a-avoir g-g-gagné ? M-mais o-on est d-des c-centaines ! Jé-Jé-Jérusalem re-redeviendra chré-chrétienne ! » dit-elle difficilement tandis que le givre se transformait en glace.

« - Momentanément effectivement ... mais pas grâce à votre engeance, je m’en assurerais ! » répliqua Jeremiah.

Sur ces mots, Jeremiah abaissa de nouveau sa température corporelle en-dessous de 0°C et posa l’une de ses mains sur le visage de Lucie. Celle-ci perçut un instant la terrible froideur. Elle ouvrit la bouche pour hurler la douleur mais aucun son n’en sortit. Sa tête avait gelé avant qu’elle ne puisse émettre le moindre son. Malgré sa promesse d’une mort lente et douloureuse, Jeremiah n’avait pas exprimé le désir de la faire souffrir plus que nécessaire.

Retournant à l’auberge où il avait laissé Blanche, Jeremiah eut une vision qui ne le surprit pas. Lucie avait effectivement envoyé l’un de ses acolytes kidnapper à nouveau Blanche. Le vampire avait prévu cette possibilité si bien que tout ce qu’il restait de l’émissaire de Lucie n’était plus qu’une statue de glace que Jeremiah brisa sans sourciller.
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A suivre dans le chapitre 434 : Séparation
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Chapitre 433 - l'Agriogourouno, part 4 - Épilogue :: Commentaires

Je suis presque déçu. J'avais imaginé Ozkän et Lucie plus puissants que ça, mais au final, ils n'ont fait que de piètres adversaires pour Jeremiah ^^
 

Chapitre 433 - l'Agriogourouno, part 4 - Épilogue

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